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Putsch du CND : La justice refuse de sortir les écoutes téléphoniques du dossier

25 juin 2016, 19:43, par Sidpawalemdé Sebgo

Je constates que l’avocat et les "supporters" veulent tout ramener à la procédure et aux lois civiles, en oubliant volontairement le contexte militaire et sécuritaire des faits qui sont reprochés à M. Bassolet.

En Septembre 2015, à la veille du "coup d’état le plus bête du monde", le pouvoir de la transition avait été ébranlé à plusieurs reprises par le RSP. Entre accusations de complot à leur détriment du RSP contre Zida et Barry et accusation de coup d’état du RSP contre lui par Zida, de plus dans une controverse de dissolution ou non du RSP, le climat était plus que délétère et potentiellement explosif.

L’état, à ce moment là, était personnifié par le président Kafando et le gouvernement Zida. Et ce serait le remettre en cause que de ne pas accepter que, devant ce qui se présentait alors comme un risque de déstabilisation de l’état, les services de sécurité usent des moyens d’intelligences courants dans tous les pays pour se prévenir de ce risque. Les écoutes et autres moyens de renseignement en font partie, et dans peu de pays au monde, ce type d’action est lié à l’autorisation préalable d’un juge, car par définition secret. C’est de là que part le quiproquo principal des accusateurs et défenseurs de Soro et Bassolet.
Ce qui authentifie ces écoutes, ce n’est pas le son de la voix de tel interlocuteur mais le processus d’acquisition de ces écoutes !. Selon l’enquête menée par "Jeune Afrique" sur le sujet, les enregistrements ont été faits par un démembrement de l’état, par des militaires et fonctionnaire de l’état, sur du matériel de l’état acquis spécifiquement à cette fin. Et leur légalité est celle que confère l’obéissance à leurs supérieurs hiérarchiques des acteurs, supérieurs dont la légitimité a été établie par la constitution et la charte de la transition. C’est donc l’ensemble des témoignages de cette chaine d’acteurs et la fiabilité des moyens techniques utilisés qui devrait être remis en cause pour les écarter, et c’est ce qui fonde les juges à ne pas pouvoir le faire, à moins de qualifier tous ces acteurs de menteurs. A moins de remettre en cause la légitimité des dirigeants de la transition, ou le caractère avéré de déstabilisation de l’état que constituait le coup d’état du général Diendéré, on est donc aussi mal fondé à parler "d’écoutes sauvages" ou "d’état voyou".

Maintenant, je serais curieux de savoir de quelle information privilégiée dispose Me Kéré pour affirmer péremptoirement que les écoutes sont fausses, tout en disant qu’il n’y pas moyen de les authentifier ? Si c’est en tant que sympathisant de M. Bassolet, on peut le comprendre, mais son statut d’homme de loi demande un peu de recul devant de telles prises de position sur des éléments de preuves ? Si c’est en tant qu’expert en écoutes et voix, il faudrait saluer sa polyvalence, mais la encore lui conseiller la réserve et d’éviter l’amalgame.
Mais en définitive, ce qu’on ne comprend pas surtout, c’est que des hommes qui semblent, à les voir s’exprimer ou se présenter, connaitre le droit, ne veuillent pas attendre qu’un affaire qui est en justice soit jugée et l’accusé condamné ou innocenté, mais demandent sa libération sans autre forme de procès sur la simple base de leur conviction personnelle ou de leur sympathie ? Et tout cela sachant qu’on parle de déstabilisation de l’état, de coup d’état armé avec intervention d’acteurs étrangers et de morts de civils ! Ce qui signifie que la simple mise en liberté provisoire peut être dangereuse si les intentions malveillantes de l’individu sont avérées. C’est quand même un peu surprenant...
Raison de plus pour que le tribunal militaire appelle cette affaire en jugement au plus vite et qu’on en finisse, quitte à juger certains mis en cause par contumace.