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Energie solaire : Le kWh solaire à 18 francs cfa pour le consommateur burkinabè ?

31 mai 2016, 08:57, par Sidpawalemdé Sebgo

Bel article... Mais un peu trop optimiste. Quatre éléments s’opposent à ce que le Burkina puisse avoir le kWh solaire aux tarifs évoqués dans l’analyse :

1°) Le cout du financement. Pendant que les pays cités se financent à des taux de zéro à 4%, des pays comme le Burkina sont plutôt entre 5 et 8%, si ce n’est pas 10%pour les particuliers. Les notions de "risque souverain" et de "risque pays" expliquent ce phénomène. C’est ainsi que la Grèce emprunte plus cher que la France par exemple, qui elle même emprunte plus cher que l’Allemagne. Un pays comme l’Arabie saoudite ou les émirats apprennent à emprunter (pratiquement gratuitement) en raison de la chute récente du prix du pétrole et à des taux très bas, alors que le Burkina se finance cher sur le marché de l’argent.

2°) La source de l’approvisionnement. Il est précisé dans l’article que ce sont des opérateurs associés à de grands producteurs d’équipements solaires qui ont pu faire ces offres. Cela supprime donc les intermédiaires et leurs marges. Or, il n’est pas évident d’avoir accès directement à ces producteurs en raison de la taille des infrastructures et du montant des contrats à leur proposer. Commander 800MW en une fois et commander 80 MW en plusieurs fois n’est pas pareil.

3°) La taille des centrales en question. Le cout du kWh est inversement proportionnel à la puissance installée. Plus la centrale est grande, moins cher revient le kWh. Or, les tailles des centrales que nous commandons sont généralement trop petites pour intéresser les grands producteurs qui peuvent non seulement consentir des prix de gros mais aussi faire bénéficier des économies d’échelle. Les entreprises qui peuvent se positionner pour les tailles de centrales que nous commandons seront donc plus cher car s’approvisionnant eux même ailleurs.

4°) Les frais annexes, toujours trop élevés en Afrique et au Burkina en particulier. De la même manière qu’un vol Paris-New York coute moins cher que Paris-Ouaga, les frais de transport vers l’Afrique sont disproportionnés par rapport aux distances. Malgré l’exonération des frais de Douane et de TVA sur les équipements solaires, d’autres frais comme le transit ou la manutention représentent encore entre 6 et 15% de surplus sur le cout de revient CAF des marchandises.

En résumé, nous devons encore travailler à faire baisser nos couts structurels pour espérer s’approcher de ces record mondiaux de cout d’électricité photovoltaïque. Cela commence par les frais de transit et les frais de transport, malheureusement complètement dictés par des monopoles étrangers, et cela remonte jusqu’à notre capacité de financement et d’endettement liés aux engagements avec l’UEMOA, le FMI et la banque mondiale, mais aussi la monnaie, le Fcfa et sa gestion par le trésor Français. Vaste programme donc...


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