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Laurent Sédégo, ministre de l’Agriculture : « Les cotonculteurs doivent abandonner la logique du bras de fer »

31 mai 2011, 20:11

Vous avez parfaitement raison de suivre les désidératas des cotonculteurs, puisse que vous ignorez les règles élémentaires du marché des produits agricoles et le rôle que joue le coton dans l’économie nationale. D’abord, ce n’est pas l’Etat qui fixe et achète le coton, mais plutôt les sociétés cotonnières et l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina (UNPCB). "Ne demandez pas un commerçant qui sait que le sac de maïs coûte 12 500 F à Ouagadougou d’acheter votre sac à 15 000 F à Dédougou parce vous estimez que le votre vaut ce prix." C’est totalement insensé.
Sur le plan économique, tout pays a besoin de faire de l’agriculture pour nourrir suffisamment sa population, mais cette même population a besoin de vendre des produits pour avoir des revenus. L’État a également besoin d’exporter des produits vers l’extérieur pour avoir des devises. Industriellement comme nos pays sont nuls, il faut exporter des produits agricoles. C’est ainsi que la Côte d’Ivoire, le Ghana, ont leur café-cacao en plus du coton et de l’anacarde, le Kenya a son thé et ses fleurs, le Mali, le Burkina, le Togo, le Benin, le Tchad, la Centrafrique, le Mozambique ont leur coton etc....
Même si le Burkina avait opté par exemple pour le sésame comme culture d’exportation, les prix auront toujours de hauts et des bas (Demandez conseil aux producteurs de Dédougou)compte tenu de la spéculation sur les marchés des produits agricoles et des matières premières.
Sur l’aspect appauvrissement des sols, sachez que le maïs par exemple appauvrit plus le sol que le coton. Les producteurs savent bien que si vous n’avez pas assez de fumure organique ou d’engrais minéraux il ne faut rien espérer d’un champ de maïs. Sachez également que les sols dégradés du djibo et de Ouahigouya ne sont du fait du coton.
Toute culture prélève des nutriments au sol et l’appauvrit. Même les sols non cultivés sont agressés par la pluie, le vent, le soleil, les animaux et l’Homme. Alors sachons raison garder.