Accueil > ... > Forum 3136

> Libéralisation des échanges commerciaux : Echec programmé à Hong-Kong

15 décembre 2005, 14:17, par Madiba

Voila ce qui est bien dit. L’échec est bien visible tout comme les négociations sur le protocole de Kyoto car ces deux problèmes sont très liés.

Partout dans le monde on ne parle que de la libéralisation des échanges commerciaux. Ce qu’il faut reconnaître est qu’elle n’arrange que les pays développés. D’une part, les pays développés ayant déjà conquis leur marché, veulent libéraliser les échanges afin d’envahir les marchés des pays en voie de développement. D’autre part, ils veulent protéger leurs marchés contre l’envahissement des pays émergents. Aujourd’hui, ils sont confrontés à un autre problème : les pays émergents ayant déjà presque conquis leurs marchés nationaux, cherchent à conquérir d’autres marchés surtout ceux des pays développés. Par conséquent c’est une guerre de longue haleine qui vient d’être engagée.

Si nous apportons un regard sur le passé c’est-à-dire au moment de la révolution industrielle, les pays développés comme l’Allemagne, les USA, l’Angleterre, ont fermé pendant longtemps leurs marchés et les ont ouverts que lorsqu’ils étaient convaincus de la force de frappe de leurs entreprises. La France quant à elle a subventionné ces entreprises pour concurrencer les entreprises Allemandes, Anglaises et Américaines. Les subventions ont diminué à partir du moment où les entreprises étaient à même de concurrencer les entreprises étrangères. Par contre, en Afrique, sous la pression de certaines institutions internationales, on assiste à des privatisations sauvages et sans justification et on refuse que l’Etat apporte un quelconque soutien à ses entreprises.

Les pays développés ne voient les libres échanges que d’un œil. Ils ne pensent qu’à prendre chez les autres ce qu’ils n’ont pas mais jamais partager leur marché. Ils nous achètent que des produits bruts tel que le cacao, le café, les noix de karité, le diamant, l’or, etc. qu’ils nous revendront très chers une fois transformés. Par contre, si nous réalisons la transformation nous même, ils refusent d’acheter nos produits. Cela fausse déjà la base des libres échanges.

Dans cette configuration, on constate que chacun cherche à protéger ses intérêts personnels avant de penser à celui des autres. Cette attitude n’arrange pas les pays pauvres comme le Burkina Faso qui ne disposent pas d’infrastructures conséquentes pour transformer leurs matières premières et satisfaire leur marché. De ce fait les pays pauvres doivent pencher sur leur politique nationale avant d’attendre une quelconque solution venant des pays riches. Sinon comment comprendre que le Burkina Faso, un des grands producteurs du coton en Afrique et par conséquent dans le monde ferme son usine Faso Fani et se voit obligé de vendre toute sa production à l’extérieur. C’est la question qui revient chaque fois lorsqu’on parle de la subvention des producteurs du coton. De même comment comprendre que le riz importé est moins cher que le riz local. On massacre nos producteurs au profit d’autres producteurs. A défaut de subventionner nos producteurs, aidons les à mieux écouler et à mieux produire. C’est ce qui se passe en Europe. Q’on le veuille ou pas, les pays développés constituent les plus grands consommateurs des produits comme le coton, croyez vous qu’ils vont laisser leurs produits pour consommer les mêmes produits venant de l’extérieur. Vous rêvez.

Je propose que si les pays africains ne peuvent pas transformer toute leur production, qu’ils se créent des alliances. Par exemple, le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et la Cote D’Ivoire qui constituent un grand marché textile peuvent réaliser des échanges complémentaires en ce qui concerne la production des intrants agricoles, la production du coton, sa transformation et sa vente.

Pour terminer, je dirai que la politique globale imposée par un certain lobbying et certaines institutions internationales et qui gouverne les échanges internationaux n’est pas adaptée et est suicidaire pour nos pays pauvres. Alors il nous faut un changement profond qui ne peut se faire qu’à travers l’adoption des nouvelles politiques économiques où les pays pauvres auront leur mot à placer.

Les économistes pourront en dire plus.

Peace and love.