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Religions : Le chrétien face aux sectes et aux sociétés ésotériques

14 mai 2021, 15:27, par HIEN

D’après ce que j’ai compris de l’exposé, seul le Christianisme est la véritable voie de salut à travers Jésus-Christ. Mais est-ce vrai comme tente de le prouver le jésuite Martin BIRBA ? Nous savons tous que Jésus a dispensé un enseignement oral basé sur l’amour du prochain et n’a pas créé de religion. Le Christianisme est donc une création humaine qui tire une bonne partie de sa théologie des textes sacrés de l’Egypte ancienne en changeant les époques des événements, les lieux géographiques et les noms des personnages, même s’il continue de nier et s’en défend.
Les définitions données par le père BIRBA sont appréciables. En fin de compte, tous les mouvements sont des sectes. Il suffit d’une extension numérique, sociale et politique pour être classé parmi les grandes religions du monde. Pourquoi ne pas donc donner le temps aux autres de croître en nombre qualifié, en assise sociale et politique pour changer de classement au lieu de les vilipender ? A propos de l’Islam qui était une hérésie "judéo-chrétienne" et qui est désormais classé parmi les grandes religions du monde du fait du nombre de fidèles, de leur assise sociale et politique, le conférencier BIRBA a oublié l’assise intellectuelle de ses jeunes qui ont étudié la théologie musulmane et peuvent tenir tête aux cerveaux chrétiens. On se respecte quand on se vaut !
A propos d’ésotérisme si bien défini, je voudrais remarquer que la majorité des spiritualistes et théologiens admettent l’Evangile de Jean comme étant l’Evangile ésotérique du Christianisme. On peut donc dire que le Christianisme perpétue un enseignement ésotérique d’une part et exotérique d’autre part. Nombreuses sont les organisations ésotériques qui foisonnent au sein du Christianisme catholique, l’Ordre des Jésuites en étant une. Je serais ravi de savoir que le catholique lambda a le privilège de participer aux travaux internes aux Jésuites ou à n’importe quel Ordre de l’Eglise catholique. Les mouvements ésotériques sont des écoles philosophiques et spirituelles. On y accède par l’inscription comme dans une école classique. On paie sa scolarité sous forme de cotisation pour le fonctionnement du mouvement comme on paierait les frais de scolarité dans une école classique. Au cours d’une des conférences du père Martin BIRBA, il avait été présenté comme étant le Recteur d’une université catholique au Cameroun. Il est donc bien placé pour comprendre qu’au détour d’une course au super marche, n’importe qui ne va pas s’asseoir dans une salle de classe sous le prétexte que l’enseignement devrait être ouvert à tout le monde. Il y a quand même un minimum de démarche à faire. Autrement, l’enseignement ne saurait être secret car il est destiné à ceux qui sont régulièrement inscrits et reconnus comme tels.
Comme je viens de le dire, un mouvement ésotérique est une école de spiritualité, donc initiatique car toute démarche spirituelle est initiatique. Par exemple, le baptême qu’il soit chrétien ou non est une initiation de même que la confirmation. L’ordination des prêtres est une initiation dont des aspects de la démarche se passe en interne. La qualité de Jésuite n’est pas conférée juste par un diplôme qu’on a décroché dans une école supérieure. On le devient du fait de l’initiation après avoir satisfait à certaines conditions. Le père BIRBA ne dira pas le contraire.
Dans ses multiples conférences, le père Martin a toujours présenté les mouvements ésotériques comme étant des organisations secrètes dispensant des enseignements secrets. Je suis d’avis. Cependant, il faut le situer dans un contexte très lointain au moment où ces organisations étaient victimes des persécutions religieuses notamment le bûcher de l’Eglise romaine. Tous ceux qui réfléchissait autrement que la pensée papale infaillible étaient brûlés vifs aux sus et aux vues de tout le monde. Heureusement que le siècle des lumières est venu freiné l’élan des siècles sombres où l’Eglise romaine dictait ses lois à tous même les plus ténébreuses.
"L’Eglise refuse de s’apprécier comme une race supérieure…". Mais pourquoi l’inquisition père BIRBA ? De nos jours, les organisations jadis secrètes sont devenues des organisations discrètes dispensant un enseignement discret bienfaiteur à ceux qui sont intéressés et qui en font la demande. Louis Claude de Saint Martin, philosophe et mystique français du 18 è siècle l’a bien mentionné lorsqu’il déclara : "j’ai voulu faire le bien, mais je n’ai pas désiré faire du bruit car le bruit ne fait pas de bien et le bien ne fait pas de bruit".
Comme je l’ai dit au début, la théologie chrétienne a été construite au fil des siècles. La communauté chrétienne originelle a donc fixé progressivement la liste des Ecritures en empruntant beaucoup aux héros de l’antiquité égyptienne et en les adaptant à la culture des peuples sémites. La fixation des textes s’est faite par sélection parmi les textes, par création des dogmes et par substitution de doctrines par d’autres pendant les conciles. C’est ainsi que sous l’instigation de l’empereur Justinien contre l’avis du pape Vigile, le concile de Constantinople II va rejeter officiellement la doctrine de la réincarnation de l’âme au profit du dogme de la résurrection de la chair, pourtant admise par les chrétiens de l’époque. Origène, un des pères de l’Eglise se verra condamné pour ses idées proches du néo-platonisme. C’est à la même époque que l’empereur fit fermer définitivement l’école d’Athènes et exila ses Maîtres en Perse.
Malgré les reformes entreprises lors des conciles et autres, malgré le rejet au 6 è siècle de la doctrine de la réincarnation, celle-ci existe toujours dans la Bible, témoignant ainsi que les contemporains de Jésus y croyaient ou l’admettaient comme une évidence. Je renvoie le lecteur à Mathieu 17, v10-13. On peut encore trouver d’autres références bibliques mais passons-y. En considérant que les premiers chrétiens admettaient la doctrine de la réincarnation jusqu’au concile de Constantinople II, il n’est pas juste, mon père, d’affirmer que "l’Eglise a TOUJOURS écarté l’idée de réincarnation comme étant contraire à l’Evangile et à sa foi."
Mon père, de votre appel à tous ceux qui sont engagés dans les mouvements ésotériques quel que soit les mobiles, à rebrousser chemin, je pense que le problème n’est pas Jésus-Christ mais l’Eglise elle-même avec ses doctrines contradictoires, ses dogmes obsolètes. Nous entrons dans une ère ou les consciences sont de plus en plus éveillées ; les gens ne veulent plus se contenter de croire doctement, mais de connaitre. Or la connaissance que vous proposez, basée sur le récit de l’histoire des personnages bibliques et leur vie n’emballe plus. C’est de la religiosité mais pas de la spiritualité. Les gens ont plutôt besoin de comprendre et de connaître les lois et les principes qui rendent certains faits d’ordre spirituel possibles. Dire aux gens que Jésus a opéré des miracles, c’est bon mais ce n’est pas arriver. Dire aux gens comment Jésus a opéré ces miracles en leur donnant les moyens d’y parvenir par eux-mêmes est dignes d’intérêt. Nous savons tous comment nos grands-parents étaient de grands faiseurs de miracles, donc rien n’est nouveau pour le négro-africain que nous sommes. Tôt ou tard, l’homme en vient au cours de son existence à s’interroger sur le sens véritable de sa vie, qui il est et pourquoi est-il venu à l’existence sur terre. Ainsi commence pour lui une véritable quête spirituelle. Or, la religion n’a pas de réponse satisfaisante. Il n’est donc point question d’offrir une voie séduisante à quelqu’un pour la satisfaction des besoins matériels, encore moins d’une proposition pour de la richesse facile ou encore des mirages de réussite terrestre. Pour ma part, le talon d’Achille de l’Eglise réside dans ses enseignements devenus inadéquats et inadaptés distillés aux fidèles sous le diktat de la peur. L’Eglise devra traiter avec plus de clarté et de conviction les notions fondamentales de sa foi comme la notion confuse et contradictoire de la trinité, Dieu = Jésus = Saint-Esprit, la relation de Dieu et sa création, l’étude approfondie des œuvres divines (l’homme, la nature et l’univers), les concepts d’enfer et de paradis plagiés des contes de l’Egypte ancienne et qui de plus en plus rebutent les fidèles qui n’osent pas le dire publiquement, la prise en compte des doctrines spirituelles au profit des dogmes forgés par l’homme etc., faute de quoi il s’en trouverait des esprits émancipés qui se feront éclairés par d’autres sources.


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