Actualités :: Études et entrepreneuriat : Quand vie universitaire et coiffure s’entrelacent

Au cœur de la cité universitaire de l’Institut des sciences à Ouagadougou (IDS), une activité inattendue s’épanouit discrètement pour le bonheur des étudiants. De jeunes habitants de la cité ont improvisé des salons de coiffure. Bruno Zinsonni et Mathieu Somé, tous deux étudiants au département d’anglais de l’université Joseph Ki Zerbo, sont parmi ces jeunes entrepreneurs qui jonglent habilement entre les exigences académiques et leur passion pour la coiffure.

Bruno Zinsonni, étudiant en première année d’anglais, est une figure bien connue dans la cité universitaire de l’IDS. Installé au rez-de-chaussée du bâtiment B, il a aménagé un petit espace pour accueillir ses clients, essentiellement des étudiants à la recherche de coupes stylées à des prix abordables. Lors de notre rencontre, Bruno était en pleine séance de coiffure. Dans son atelier de fortune, presque caché à l’angle près des escaliers, il possède une petite table ou cohabitent tondeuses, éponges, miroir et bien d’autres outils.

« Coiffer, c’est plus qu’un simple passe-temps pour moi, c’est un moyen de subsister tout en continuant mes études », explique-t-il, tout en ajustant les contours d’une coupe. Bruno a commencé à coiffer depuis plus de cinq ans alors qu’il n’était qu’un élève en classe de 5e. C’est son frère aîné qui lui a transmis cette connaissance qu’il a su transformer en business. Dès son arrivée, il réalise rapidement que cette compétence pouvait devenir une source de revenus à l’université. « Avec la pression de la vie d’étudiant et les dépenses quotidiennes, il est difficile de s’en sortir sans un revenu supplémentaire. La coiffure m’aide à alléger cette pression », confie-t-il. Tondre les cheveux lui permet d’avoir sa pitance quotidienne mais aussi de soulager ses nombreuses dépenses de photocopies à l’université.

Mathieu Somé, après s’être fait coiffer par son "collègue" Bruno

On ne peut pas se contenter du FONER

De l’autre côté de la cité universitaire, Mathieu Somé mène une vie semblable. Également étudiant au département d’anglais, Mathieu a découvert la coiffure par nécessité, mais a rapidement développé un goût pour cet art. Lui a installé son espace dans un coin de la cour. Mathieu souligne l’importance d’une bonne gestion du temps dans son quotidien chargé. « Entre les cours, les devoirs, et les séances de coiffure, il faut être rigoureux et bien organisé. Mais c’est gratifiant, car en plus d’améliorer mes compétences en coiffure, je peux aussi subvenir à mes besoins sans dépendre totalement de mes parents. » Cet étudiant en deuxième année d’anglais a appris à manier la tondeuse sur les têtes de ses camarades et ses frères au collège puis au lycée. « Quand j’étais au lycée, c’est moi qui coiffais mes camarades, donc c’était plus facile pour moi une fois à l’université de mener cette activité », justifie le jeune coiffeur. Selon Mathieu, au sein de la cité, il n’existe pas de concurrence. Chacun a ses clients et c’est dans la bonne ambiance que cette activité se déroule. D’ailleurs, Mathieu se coiffe très souvent chez son camarade et collègue Bruno et vice versa.

Le matériel de travail de Bruno Zinsonni

« Pour les étudiants comme moi qui ont quitté le village pour la capitale, je pense qu’il est difficile de compter sur ses parents. Il faut être indépendant et chercher à faire quelque chose. Si tu as un peu d’argent, tu peux même envoyer à tes parents pour subvenir à leurs besoins. Donc, je conseille à mes frères étudiants et étudiantes de chercher un petit boulot qui ne gêne pas leurs études », a-t-il dit. L’étudiant coiffeur ajoute que « On ne peut pas se contenter seulement du FONER (Fonds national de l’enseignement et de la recherche) parce que pour avoir le FONER ça prend trop de temps. Tu peux attendre cinq ou huit mois avant d’avoir cet argent. Personnellement, ça ne peut pas m’arranger et c’est dans la coiffure que je peux compenser ce manque en attendant ».

Ses tarifs ainsi que ceux de son collègue Bruno n’excèdent pas 500 francs CFA par tête. Ces coiffeurs font aussi le rasage de la barbe et de la moustache et la teinte des cheveux.

Des défis, mais aussi des opportunités

Ces étudiants ne cachent pas les défis auxquels ils sont confrontés. Coiffer en universitaire est loin d’être idéal. L’espace est limité, les outils sont rudimentaires, et les conditions ne sont pas toujours optimales. De plus, jongler entre les horaires de cours et les rendez-vous avec les clients exige une discipline de fer. Mais ici, l’école est prioritaire. La coiffure reste un moyen de se mettre à l’abri du besoin.

Pourtant, Bruno et Mathieu arrivent à surmonter les obstacles avec ingéniosité. Ils s’arrangent avec leurs clients et, comme ces derniers connaissent leurs réalités, ça se passe bien. Aussi pas besoin de publicité ici. Le bouche-à-oreille au sein de la cité universitaire est leur meilleur allié.

Une activité utile pour les étudiants de la cité

Le travail de ces jeunes coiffeurs va bien au-delà d’une simple activité économique. Leur présence au sein de la cité universitaire crée un véritable sentiment de communauté. Les étudiants, souvent loin de leurs familles, trouvent dans ces salons improvisés, un espace où ils peuvent échanger, se détendre et parfois même oublier un instant le stress des études. Les clients des deux coiffeurs sont en général des étudiants, des élèves enseignants mais également certains habitants autour de la cité.

Aimé Zoundi, fidèle client de l’étudiant coiffeur Bruno

Un des clients réguliers de Bruno Zinsonni, souligne la qualité du travail de son coiffeur. Pour lui, la présence de coiffeurs au sein de la cité rend plus facile sa vie. Il n’est pas obligé de brûler du carburant pour aller hors de son logement et en plus les tarifs lui sont favorables. « Son travail est bien et fait beaucoup d’étudiants apprécient. Il a du talent et quand je finis de me coiffer, je le remercie. Je lui suggère parfois de faire plus d’efforts afin que cette activité ne se limite pas au campus mais qu’il puisse la développer ailleurs. Je souhaite qu’il ne baisse pas les bras et qu’il persévère car tout est possible. Quand on dit entreprendre, c’est avoir plusieurs activités et avoir plusieurs sources de revenus et même si à la longue il a eu un autre métier autre que la coiffure il peut faire des salons et puis embaucher des gens », a exprimé Aimé Zoundi, également étudiant au département anglophone deuxième année qui est un fidèle client de Burno.

Un Avenir prometteur

En dépit des difficultés, ces jeunes coiffeurs ne manquent pas d’ambitions. Bruno rêve d’ouvrir un véritable salon de coiffure après ses études, tandis que Mathieu envisage investir dans ce domaine sans y être forcément présent. Pour Bruno, la coiffure est plus qu’un simple moyen de subsistance, c’est une passerelle vers un avenir meilleur, où il pourra conjuguer sa passion pour l’art capillaire avec les compétences académiques. Lire la suite

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