Burkina/ Retour à la tradition : « S’ils disaient plutôt de tout faire pour conquérir nos valeurs africaines, je serais d’accord, mais prôner un retour à la tradition, pour quel prix ? », se demande l’Abbé Blaise BicabaComme à chacun de ses rassemblements évangéliques, il saisit l’occasion pour prêcher et entretenir la jeunesse sur les questions d’actualité. Le « papi ou le père spirituel » des jeunes, l’abbé Blaise Bicaba, a encore fait le plein du stade municipal (25 000 places) lors de cette apothéose de lacampagne d’évangélisation du Buisson ardent de l’université Joseph Ki-Zerbo dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2024. Une nuit au cours de laquelle, l’homme de Dieu a célébré la messe anticipée de la fête de Saint Joseph (1er mai), où il a prêché sur le travail, mais aussi abordé cette question du retour à la tradition qui fait l’actualité. Sur cette question de retour à la tradition, le père spirituel de la jeunesse n’est pas allé par quatre chemins pour dire ce qu’il pense de ce qui fait l’actualité de notre pays. « Aujourd’hui, on est en train de prôner le retour à la tradition. Je ne sais pas trop quoi dire, mais s’ils disaient plutôt de tout faire pour conquérir nos valeurs africaines, je serai d’accord. Mais prôner un retour à la tradition, pour quel prix ? C’est comme le chien qui retourne à sa vomissure. Parce que, le christianisme nous a perdus ? En quoi, le christianisme nous a perdus, en quoi ? » s’est-il interrogé, avant de s’appesantir sur ce qu’il sait également de cette tradition tant prônée. Selon ses explications, il y a des villages où on ne peut pas construire des maisons pour la seule raison que quand on commence, on meurt. « C’est ça la bonne tradition, ou chacun se méfie de l’autre, et où on fait attention pour ne pas être empoisonné ? », demande l’homme de Dieu, tout en indiquant que, « dans cette tradition qui semble être aujourd’hui prônée, on voit aussi beaucoup de conséquences, parce qu’on voit des enfants qui souffrent parce qu’on a bloqué leurs études ou leur travail, ou quoi d’autres encore. C’est ce que nous voulons prôner, le retour à ces choses-là ? ». Poursuivant son analyse, le prêtre charismatique a aussi fait savoir que ceux qui parlent, ignorent ce qu’était l’Europe dans le passé. « Je peux comprendre parfois nos parents qui n’ont pas été à l’école, mais s’il y a des historiens, des anthropologues, des gens qui ont fait des études et qui savent bien ce qu’était l’Europe, je ne sais pas pourquoi, ils font ce discours. « C’était des païens eux aussi et ils adoraient les créatures comme le soleil, la lune, la mer, la forêt et autres. Ils faisaient même des sacrifices jusqu’à ce qu’ils découvrent qu’il faut adorer maintenant le créateur, et ils savent que les chrétiens ont été persécutés jusqu’au 4e siècle. La France même est devenue chrétienne à partir du baptême de Clovis et c’est le christianisme qui a permis à l’Europe de se développer ». Selon l’Abbé Bicaba, avant de donner des théories qui ne tiennent pas, il faut savoir de quoi on parle. « Quand le Seigneur vous dit d’être honnête, est-ce que vous êtes honnêtes ? Vous passez votre temps à piller et à mentir aux gens. Vous dites ça, mais vos enfants sont où ? Sont-ils au village en train d’étudier la tradition ? Je pense que vous les avez envoyés en Europe ou au Canada pour étudier, et vous dites à ceux qui sont ici de retourner à la tradition. Si vous êtes bêtes, écoutez-les », a-t-il lâché, sans langue de bois. « Ceux qui parlent ne savent pas que ceux qui écoutent, savent aussi raisonner et discerner. C’est à vous de discerner et d’en faire votre analyse, a-t-il conseillé ». Yvette Zongo Vos réactions (27) |