Actualités :: Côte d’Ivoire : Gbagbo et le club des comploteurs

« La Constitution prévoit que le président de la République adresse un message à la nation pour indiquer les circonstances qui font obstacle à la tenue des élections et demeure en fonction jusqu’à la tenue ou la poursuite des élections ou la proclamation des résultats...

La transition est contraire à notre Constitution, il n’y aura pas de transition... La Côte d’Ivoire est techniquement prête pour organiser les élections... Le seul obstacle, c’est le désarmement des rebelles... J’invite l’Union africaine et l’ONU à prendre leurs responsabilités en décidant de mesures urgentes pour conduire au désarmement des rebelles... Je pense qu’il n’est pas sage pour la CEDEAO de s’impliquer de nouveau dans la crise ivoirienne... Je n’accepterai pas une nouvelle médiation parce qu’il n’y a plus de négociations à faire ». Des morceaux choisis du message que Laurent Gbagbo a adressé à ses compatriotes dans la nuit du mardi 27 septembre.

Un message qui a au moins le mérite de clarifier les positions des forces en présence en Côte d’Ivoire sur l’après 30 octobre 2005.

En effet, les positions des oppositions armée (Forces nouvelles) et non armée (G-7) étaient déjà connues : leur désir d’une transition sans Gbagbo après le 30 octobre et leur disponibilité à travailler avec tout autre médiateur qui suppléerait l’Afrique du Sud qui a perdu toute crédibilité.

Par touches successives, Gbagbo a laissé entrevoir sa propre analyse et sa position sur la situation qui prévaut dans son pays avant donc de lever complètement le voile mardi dernier : pas de transition, pas de négociations, plutôt un désarmement.

C’est dire que maintenant les analystes et autres politologues ont toutes les cartes en main pour mieux échafauder leurs conjectures sur l’éléphant à la patte cassée qu’est devenu le pays d’Houphouët.

En fermant toutes les portes autres que celle du désarmement, Gbagbo a-t-il pris la pleine mesure de sa décision ? Son attitude ne va-t-elle pas compliquer davantage une situation qui était déjà bloquée ?

On s’attendait- même si on ne se faisait pas trop d’illusion- à ce qu’il intervienne pour mettre tout le monde d’accord, mais son adresse a été aux antipodes de ce qu’un bon chef d’Etat doit faire.

Maintenant, que dire ? Par la force, il serait difficile de contraindre les rebelles à désarmer ; et même si on parvient à les mettre en déroute, la Côte d’Ivoire ne connaîtra pas pour autant la paix, car la voie sera ouverte à une longue et sanglante guérilla.

De l’autre côté, les thuriféraires du camp présidentiel vont-ils accepter que leur champion soit mis out sans broncher, sans mettre Abidjan à feu et à sang ? Alors, que faire ? That is the question.

Mais la voie sans issue empruntée par l’enfant de Mama est à déplorer et pour une fois, il faut espérer que lui qui est très fort en roublardise et en retournements de veste tourne casaque. Pour une fois, tout le monde le féliciterait d’avoir retourné sa veste.

En attendant, cette triste et inquiétante réalité replonge dans l’incertitude et la peur du lendemain les populations ivoiriennes, elles qui espéraient voir enfin le bout du tunnel.

Et comme nous l’écrivions dans ces mêmes colonnes et sous cette même rubrique le jeudi dernier, la communauté internationale reste la seule bouée à laquelle elles peuvent s’agripper, car elle seule peut contribuer à épargner les vies des innocents civils.

La balle est donc dans son camp. A elle de prendre les mesures qui s’imposent face à la nouvelle donne, car elle ne saurait être complice d’une prise en otage de ce pays par un groupuscule d’individus, eûssent-ils un boulanger à leur tête.

On attend alors de voir comment cette communauté internationale, fortement mise à rude épreuve, va réagir au message de Gbagbo. On imagine déjà la grise mine des pays de la CEDEAO, ces « faux amis » qui exécutent des pas de « danse macabre autour de la Côte d’Ivoire ». Obasandjo appréciera !

Et on n’en a pas encore fini avec cet imbroglio constitutionnel qui ouvre tout droit sur une bagarre juridique qui va cristalliser le débat et le climat politique ivoiriens après celle du « et » et du « ou » en 2000 sous Robert Gueï.

Y aura-t-il oui ou non un vide constitutionnel en Côte d’Ivoire passée la date du 30 octobre ? Une belle bagarre en perspective entre juristes si l’ambiance n’était pas malsaine. Conséquence, la politique primera sur le droit et le rapport de forces fera le reste.

Aujourd’hui, on peut affirmer sans risque de se tromper que l’avenir de ce pays dépend de la manière dont cette question épineuse sera réglée, car il suffira d’un rien pour mettre le feu aux poudres.

Plus que jamais, la communauté internationale doit faire preuve de fermeté, de vigilance et de doigté pour éviter le bogue ivoirien du 30 octobre.

San Evariste Barro
L’Observateur Paalga

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