Actualités :: Alif Naaba, un artiste qui monte !

Une silhouette frêle d’un berger nomade du Nord Burkina, sur une taille sahélienne, l’homme connu à l’état civil sous le nom de Mohamed Kaboré est Alif Naaba. En s’octroyant ce surnom de chef mooaga pour rire, ce jeune homme de 32 piges au regard vif et à l’allure altière qui cache mal une modestie sans mesure, n’imaginait sans doute pas être en l’espace de deux albums l’un des rois de la scène musicale du Faso.

Son histoire commence dès le berceau en République voisine de Côte d’Ivoire où il a vu le jour. La maman cantatrice traditionnelle, contrainte d’élever seul son gosse, promenait le jeune Mohamed dans les lieux de ses prestations. Déjà, tout bébé, les berceuses que chantait cette mère adorée à longueur de journée, étaient empreintes de cette mélancolie qui traduisait la condition de son existence de femme chef de famille. Telle mère tel fils ?

Le destin du jeune Alif ne pouvait s’accomplir autrement. Malgré le CAP d’agronomie en poche, l’appel de la musique sera plus fort que celui de la terre, pour ce gosse issu d’un pays agricole arriéré. Dès l’âge de 16 ans, il commence par le RAP qui fait la joie de sa génération, puis embrasse le reggae, cette musique sans âge.

En 1999, son premier album, Regards Métisses, sort au bord de la lagune Ebrié. Avec ses huit titres, ce disque est un mélange de sonorités diverses qui rappellent les chansons traditionnelles de maman, plaquées sur du RAP ou du reggae à l’occasion. Le même album sortira Au Burkina Faso en 2003, après le retour définitif du jeune Alif sur la terre de ses pères. Lorsqu’elles sont langoureuses, ces chansons, la mélancolie de leur mélodie et de leur rythmique pénètre l’âme même si on ne comprend pas les paroles.

Alif est resté très proche des sources ancestrales. L’éducation reçue auprès du grand-père au village l’a amené à privilégier les thèmes qui célèbrent la vertu, la bénédiction parentale (Bark biiga), l’amour (avec A), le pardon, le rejet de l’hypocrisie... " Les thèmes de mes chansons proviennent du vécu des Burkinabè en général, pas forcement de moi. ", précise-t-il à ceux qui croient voir une expression autobiographique dans ses paroles. C’est d’ailleurs pourquoi il interpelle " l’autre " dans son second album sorti en 2005, Foo (Toi, en langue mooré).

Produit et distribué par Seydoni production, cet opus se comporte bien sur le marché, avec des ruptures fréquentes de stock chez les revendeurs. A travers ces huit tubes, c’est toute la philosophie existentielle d’Alif Naaba qui est exposée. Mais, Alif n’est pas qu’un penseur du quotidien social, c’est un humaniste au grand cœur épris depuis toujours de la cause des enfants déshérités. Il y a sept ans déjà, en Côte d’Ivoire comme au Cap-Vert, il a participé à des actions altruistes dans ce sens.

Le 24 juillet 2005, il a fait une prestation réussie à Loumbila (25 kilomètres au Nord-est de Ouagadougou) au profit de l’orphelinat de cette localité. Ce concert généreux rendu possible grâce au soutien de l’UNICEF, l’Ambassade de France et CELTEL, fut la première grande scène de l’artiste qui avait auparavant plusieurs fois partagé le podium avec d’autres congénères.

A la vue des retombées de cette animation qui ne cessent d’arriver au profit des bambins, Alif éprouve une joie légitime pour avoir réussi une expérience qui lui a permis de contribuer un temps soit peu à faire reculer la pauvreté. " Le développement, dit-il, est une chose globale et chacun doit choisir un pan à construire. " Voilà qui est bien dit !

Dans un proche avenir, Alif Naaba compte relooker son premier album qui sortira en version acoustique, ici et en Europe sur support CD. Celui qui dit avoir eu beaucoup de chance, pour être parvenu à enregistrer ses disques dans les meilleurs conditions, songe aussi aider ses cadets afin qu’ils connaissent moins de galère dans les labyrinthes du Show-biz.

Entouré d’un staff managérial dénommé La cour du Naaba, Alif Naaba s’adonne aussi à la production de jeunes artistes musiciens. Un produit est déjà fini du côté d’Abidjan et un autre est en chantier à Ouaga. Alif qui se donne pour ambition de " chanter pour apporter un autre confort à ceux qui n’ont pas grand-chose " prépare dans la sérénité et le travail un concert live prévu le 25 octobre 2005 au Centre culturel français Georges Méliès.

En attendant, il est tout heureux d’avoir été appelé par la chorégraphe Irène Tassembedo dans le but de participer à sa comédie musicale internationale Carmen Falinga Awa. Alif Naaba qui n’a de coup de gueule que contre la piraterie des œuvres musicales estime qu’un vent nouveau souffle sur la musique burkinabè grâce aux mélomanes, aux promoteurs du domaine et aux hommes de médias. Bon vent l’artiste !

Ludovic O Kibora
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