Ainsi donc tous les protagonistes de la crise ivoiro-ivoirienne et les « facilitateurs » et autres médiateurs sont tombés d’accord sur l’impossibilité de la tenue du scrutin présidentiel à la date du 30 octobre. Une issue prévisible qui pose « l’équation » de la transition politique et sa gestion.
Thabo MBEKI aurait-il voulu nous faire perdre notre temps qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Depuis avril 2005, date du début de sa médiation, le président Sud-africain n’a eu de cesse d’affirmer qu’il était parvenu à faire entendre raison aux protagonistes de la crise et qu’il était « convaincu » que la Côte d’Ivoire aurait un président au soir du 30 octobre 2005 à l’issue d’un scrutin « transparent, équitable et ouvert à tous. » De la poudre aux yeux en définitive ce qui rétrospectivement donne raison à ceux qui prétendaient que MBEKI avait des raisons moins inavouables de s’intéresser si « intensément » à la crise ivoirienne. Les rumeurs sur des ventes d’armes au régime GBAGBO par les Sud-africains sont venues donner quelque poids à ces assertions, même si les « Sud-africains y ont opposé un démenti cinglant.
Toujours est-il que le blocage est constaté et qu’il se pose dorénavant le problème de la transition sur les modalités de laquelle les protagonistes ne s’entendent pas. Alors que le camp présidentiel proclame que GBAGBO est le seul habilité à conduire celle-ci en vertu de l’article 39 de la constitution, tous les autres soutiennent le contraire et appellent à une « transition sans GBAGBO ».
C’est donc à nouveau la quadrature du cercle dans un pays où selon Koffi ANNAN, la classe politique a suffisamment fait la preuve de son « inconscience » peu tendre donc, mais qui curieusement n’a pas donné d’esquisse de solutions pour gérer l’inéluctable transition. Bien sûr l’ONU a brandi l’épouvantail des sanctions, mais comme la souligné quelqu’un celles-ci ne font « peur à personne » en Côte d’Ivoire.
Et, comme un compromis politique est impossible en Eburnie, il apparaît plus qu’impérieux d’imposer une « solution par le haut » à tous. Mathias DOUE a parlé de « faire partir GBAGBO par la force mais sa solution n’est pas sans risques pour le pays. Depuis sa sortie guerrière en effet, les milices pro-gouvernementales sont en état d’alerte maximum de même que les forces loyalistes résolues à en découdre avec les « envahisseurs ».
Lors d’un meeting à Abidjan Blé la machette général d’opérette de jeunes patriotes du même acabit a decrété « l’état de siège » ce qui on s’en doute ouvre la porte à toutes les exactions et actes attentatoires aux droits humains les plus élémentaires.
Du reste, Abidjan bruit de rumeurs de chasse aux sorcières dont les Burkinabè « alliés » des rebelles sont les principales victimes. La dérive entamée depuis les 25 et 26 octobre 2000 se poursuit donc et ne s’arrêtera pas tant que GBAGBO sera aux affaires. C’est le TPI qui l’attend ainsi que l’a prophétisé Blaise COMPAORE et il n’est pas fou pour se laisser prendre à ce piège.
KOFFI Annan, la communauté internationale est interpellée sur le dossier ivoirien qui doit lui donner l’occasion de se racheter en Afrique, après tous les actes manqués dont elle a été comptable sur le continent. Il vous souviendra que le génocide runandais était survenu suite à cette non-assistance à peuple en danger. En tergiversant, les uns et les autres avaient exacerbé la tension avec au bout, ce massacre grandeur-nature.
Comparaison n’est pas raison, mais la Côte d’Ivoire présente tous les germes d’une explosion sociale de la même importance. Délit de faciès et de patronyme y font en effet rage ce qui a du reste conduit à la crise ouverte du 19 septembre 2002. Une crise qui pourrait donc avoir un dénouement pacifique ou violent selon l’intérêt qu’on voudrait lui accorder. En plaçant le pays sous tutelle internationale par exemple.
Par Alpha YAYA
L’Opinion
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