Actualités :: Crise ivoirienne : le Conseil de sécurité s’en mêle

Après Marcoussis, Bamako, Abuja, Accra et Pretoria, c’est au tour de New York, où le Conseil de sécurité de l’ONU décide de se pencher sur la crise politique qui déchire la Côte d’Ivoire depuis le 19 septembre 2002. En effet, après 10 mois de médiation, l’Afrique du Sud a décidé de jeter l’éponge, déclarant du coup son incapacité à résoudre le problème.

Pourtant, Thabo Mbeki semblait être sur la bonne voie. Il a notamment obtenu de Gbagbo le décret qui permet à Alassane Ouattara de briguer la magistrature suprême ivoirienne, le retour des Forces nouvelles dans le Gouvernement de réconciliation nationale etc.

Pour éviter que l’Assemblée nationale bloque les différentes étapes essentielles à la tenue des élections, Mbeki a cru bon de donner les coudées franches à Gbagbo en lui demandant d’user de ses pouvoirs constitutionnels notamment de l’article 48 pour régler la question de la candidature du leader du Rassemblement des républicains (RDR), mais également faire adopter par ordonnance le paquet de textes litigieux comme les lois électorales, du foncier rural et d’identification.

Tout le monde a applaudi. Seulement, Gbagbo, s’est enfermé dans son palais pour signer toutes ces lois sans que personne en connaisse le contenu. Et c’est là que la machine de Mbeki s’est grippée.

Appelé à arbitrer ce nouveau différend entre le pouvoir ivoirien et son opposition (armée et non armée), Thabo Mbeki a tranché en faveur de Gbagbo, qui « a déjà fait beaucoup d’efforts ». Mieux, le président sud-africain ordonne aux rebelles de déposer les armes et d’entamer le DDR.

C’est dans cet intervalle de temps que l’on apprendra que l’Afrique du Sud avait vendu des armes au régime ivoirien. Le pays de Nelson Mandela a démenti, mais la sérénité et surtout la crédibilité du médiateur étaient déjà fortement entachées.

Mbeki s’est donc gouré dans les eaux troubles de la lagune Ebrié. Et c’est en tirant les conséquences qu’il a demandé à l’ONU de prendre le relais.

Chirac aussi doit s’en frotter les mains, lui qui avait dit son scepticisme dès les débuts quant à la réussite de cette médiation, car, avait-il soutenu, l’Afrique du Sud ignore beaucoup des réalités ouest-africaines, à commencer par celles de la Côte d’Ivoire.

_Ainsi donc, le Conseil de sécurité s’est penché hier sur le rapport de la médiation Mbeki. Au moment où on traçait ces lignes, rien n’avait encore filtré de New York. Les sanctions, comme l’interdiction de voyages, seront-elles prises à l’encontre de ceux qui font obstacle à la paix ?

L’ONU s’entêtera-t-elle à maintenir la date des élections au 30 octobre ou va-t-elle opter pour une transition comme le réclament les Forces nouvelles et l’opposition ivoirienne ? Quels seront les termes de cette transition ? Autant de questions qui prouvent, si besoin en était, que les membres du Conseil de sécurité ont du pain sur la planche.

Espérons que le Japonais Kenzo Oshima, président du Conseil de sécurité, et son équipe sauront prendre les décisions appropriées pour mettre tout le monde d’accord sur l’essentiel.

La situation en Côte d’Ivoire est très précaire et le risque d’une reprise des combats est réel. C’est maintenant à l’ONU de prendre les décisions courageuses qui s’imposent.

Il faut tout envisager, même la solution à la haïtienne. Dans tous les cas, la présidentielle du 30 octobre 2005 est plus qu’irréalisable, techniquement et matériellement parlant.

Et plus que jamais la mise en place d’un gouvernement de transition est à envisager. Mais Gbagbo et ses tristetement célèbres escadrons de la mort vont-ils vraiment lâcher prise ?

Le doute est permis surtout lorsqu’on sait que Gbagbo, en fin manipulateur, est passé champion dans l’art de rouler tous ses partenaires dans la farine. En bon boulanger, l’enfant de Mama ne cesse de fabriquer du pain tout en revenant sur la parole donnée.

C’est le cas de le dire ici, le pays d’Houphouët-Boigny est plus que jamais à la croisée des chemins. Mais sait-on jamais, peut-être bien que l’éclaircie est déjà à ses portes.

San Evariste Barro

Observateur Paalga

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