Actualités :: Inondations au Sénégal : L’alibi et le piège de Wade

Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a annoncé dimanche dernier l’évacuation des populations sinistrées suite aux inondations intervenues récemment dans la capitale, Dakar, de même que la mise en place d’un plan de reconstruction dans les zones à risques.

Avant l’intervention du président, son ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, avait, lui, indiqué que les populations des zones sinistrées de Pikine et Guédiawaye, dans la grande banlieue de Dakar, allaient être évacuées dès hier lundi.

Il avait même à l’occasion souligné que « 510 tentes réparties dans trois camps sont déjà montées pour accueillir les populations ». Il faut signaler que les inondations de la semaine écoulée au Sénégal ont causé l’effondrement de plusieurs habitations dans l’agglomération de Dakar et poussé les autorités à déclencher un « Plan d’organisation des secours » (Plan orsec) dans tout le pays. Des opérations de pompage ont été menées à Dakar, mais également dans d’autres régions de l’ouest, du centre et du nord.

Le plan initié par le président de la République, a-t-il précisé lui-même, sera financé notamment par le report à 2007 des élections législatives, initialement prévues pour l’année prochaine. Dans un discours, largement relayé par la radio-télévision sénégalaise, la RTS, le premier des Sénégalais a déclaré que : « Face à ce phénomène d’une amplitude sans précédent, nous avons décidé l’évacuation des populations dans les zones salubres, l’élimination des bidonvilles et la construction à leur place de cités modernes ».

En attendant que ces cités poussent de terre, le plan « Jaxai » (aigle en wolof, la principale langue locale) prévoit l’installation des sinistrés dans des sites élevés et non dans les bas-fonds, réceptacles des eaux de ruissellement selon le président Wade. Le projet du père du « Sopi » engloutira 45 milliards de nos francs (plus de 68 millions d’euros). Cette somme représente les trois quarts du budget et était au départ prévue pour les festivités décentralisées de l’indépendance de 2006. A ce magot seront ajoutés 7 milliards de f cfa (plus de 10 millions d’euros) qui devaient servir à l’organisation des législatives de l’année prochaine.

Avec cette décision présidentielle, les législatives et la présidentielle au pays de la « Téranga » seront en fin de compte organisées au même moment, c’est-à-dire en 2007. Abdoulaye Wade trouve inconcevable que dans un pays pauvre, on consacre 7 milliards en 2006 à des élections et la même somme une année plus tard à d’autres consultations, alors qu’on peut bien les organiser au même moment. En bon avocat, il soutient que légalement, « rien ne s’oppose à ce que les élections législatives soient repoussées ».

A bien d’égards, la décision de Wade est fort louable et on peut dire qu’à quelque chose les inondations auraient été bonnes. _Mais question : si des initiatives du genre peuvent permettre de remédier à certaines situations, pourquoi alors aller tendre la main dehors ? En reportant les élections et en revoyant le coût de l’organisation des festivités de l’indépendance à la baisse, le chef de l’Etat sénégalais entend retarder les choses, différer les consultations électorales, dont l’issue de toute évidence n’est pas en sa faveur.

C’est là un alibi pour lui, mais aussi un piège tendu à l’opposition, qui a du reste désapprouvé la proposition. Cette mesure est qualifiée de « supercherie dangereuse », de prétexte fallacieux dont le président Wade entend se servir pour régler les problèmes de son parti. Pour d’autres, la mesure n’est rien d’autre qu’un coup de force institutionnel. Dans le milieu des opposants, des voix s’élèvent d’ores et déjà pour rejeter « l’idée d’un couplage des élections », car « contraire à l’éthique et à la constitution ».

Wade, selon eux, veut faire d’une pierre deux coups, en désamorçant la colère des populations et en trouvant le moyen pour sa formation politique, le Parti démocratique sénégalais (PDS), de bien préparer les élections à venir. Les responsables de l’opposition devaient se réunir hier dans l’après-midi pour examiner la situation après la proposition présidentielle. Pour sûr, l’actualité sera des plus riches les jours prochains du côté du Sénégal, du fait de cette proposition et pourrait même faire passer l’affaire Seck au second plan dont on a tant parlé ces temps-ci.

D. Evariste Ouédraogo
Observateur Paalga

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