C’est connu, les Français sont toujours complexés face aux Américains et c’est la raison pour laquelle ils ont exagérément tendance, à commencer par Jacques Chirac, à s’opposer aux Yankees pour, sans doute, se prouver qu’eux aussi ne sont pas des petits.
Un anti-américanisme primaire, à la limite enfantin, qui n’honore pas toujours la Gaulle.
De fait, « nos ancêtres » ne sont pas prêts à pardonner l’affront fait à eux par Lance Armstrong, un Américain de surcroît, qui a laminé ses adversaires lors des sept dernières éditions du Tour de France. Non, ils n’ont jamais voulu digérer ni accepter que le Texan fût le plus fort de 1999 à 2005. Alors, il fallait trouver la petite bête qui puisse lui nuire, prouver à tout le monde qu’Armstrong se dopait. Pour la sale besogne, le concours du laboratoire national de dépistage du dopage de Châtenay-Malabry était plus que nécessaire. Et les techniciens de Châtenay-Malabry, après sept ans passés le nez fourré dans les éprouvettes, ont fini par crier « eurêka » : des échantillons d’urines du Texan, datant de 1999, sont contrôlés positifs à l’EPO, une hormone de synthèse qui peut accroître de 30% les performances d’un sportif.
L’information a été portée à la connaissance du public par le quotidien sportif L’Equipe, qui a titré gras et grave le 22 août : Le mensonge Armstrong. Sous la plume de Damien Ressiot, ce journal jubile : « Oui, des analyses récentes pratiquées sur des échantillons datant du premier tour victorieux de l’Américain en 1999 démontrent que Lance Armstrong a déjà consommé des produits dopants. Armstrong a donc menti ». Pourtant sur ce tour, Lance a toujours été contrôlé négatif. C’est vrai que la science fait des bonds prodigieux et que ce qui n’était pas décelable il y a quelques années peut l’être aujourd’hui.
Si la technologie a évolué et que cela remet en cause les performances de l’Américain, on doit aussi remettre en cause ceux d’Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain et les autres. Souvenons-nous du but que Diego Maradona a marqué de la main, « la main de Dieu » comme il l’a dit lui-même. L’arbitre n’avait rien vu. Mais à la télé, avec le ralenti, nous avons tous vu qu’il avait marqué de la main. Peut-on pour cela dire que Maradona n’était pas parmi les meilleurs footballeurs de son temps ? Non.
Dans le cas de Lance Armstrong, il y a comme un acharnement contre un champion, contre un Américain. Sinon pourquoi conserver des urines de quelqu’un pendant 7 ans ? Est-ce normal ? Que non ! Nous pensons avec le Pr Klauss Müller, expert allemand de lutte antidopage qui a exprimé son étonnement sur la conservation de ces échantillons d’urines, que : « Quand un échantillon contrôlé s’avère négatif, il est détruit ainsi que l’échantillon B, dans les mois qui suivent ».
Selon lui, on peut conserver un échantillon pour des recherches et des expériences à condition toutefois que la personne sur laquelle il a été prélevé donne son accord et que le « donneur » reste anonyme, ce qui ne semble pas être le cas dans l’exemple d’Armstrong. Lance est un grand sportif au grand cœur. Il a tenu à être présent aux différentes éditions du tour, même si les Français lui en voulaient terriblement.
En effet, combien de fois n’a-t-on pas vu des spectateurs lui cracher dessus ou l’injurier ? Et même qu’il a occupé la 3e place d’un sondage réalisé en France pour déterminer le cycliste le plus haï par les Français dans le peloton. Dans la démarche du laboratoire de Châtenay-Malabry, comme l’a dit Armstrong sur la télémondiale, "Aucun protocole n’a été respecté, car ils ont fait leurs analyses sans un œil indépendant et pire, il n’y a même plus un second échantillon pour confirmer ce qu’ils disent être un échantillon positif".
Avec ses avocats, l’Américain étudie l’éventualité d’une action légale pour être rétabli dans ses droits. A cette allure, il ne faudrait pas s’étonner que les étrangers qui viennent courir et rehausser l’image du tour de France ne se désistent pour laisser le tour aux Français et ça serait bien fait pour leur gueule.
L’Observateur
