Actualités :: Côte d’Ivoire : Qui a peur de la paix ?

Désespérante Côte d’ivoire titrions-nous dans une de nos éditions, tant les acteurs de la crise ont habitué la communauté internationale à des volte-face de dernière minute. La dernière en date est l’échec du pré-regroupement des ex- belligérants. Conformément aux accords de Pretoria, il aurait dû commencer le 31 juillet.

Les deux camps sont restés arme au pied. Le processus de désarmement n’a pu débuter, faute de consensus autour des textes de loi prévus par les accords de Marcoussis et de Pretoria. (Il s’agit entre autres, des lois sur la nationalité et sur l’identification).

Lentement, mais sûrement, toutes les chances de tenir les élections présidentielles en octobre prochain s’envolent. L’institut national de la statistique (INS), en charge de la publication des listes électorales a fait chou blanc. Imposé par le pouvoir au détriment d’une commission nationale indépendante, l’INS n’a pu respecter les délais de publication desdites listes.

Mauvaise volonté et calculs politiciens font le lit à de faux complots, de vraies fausses attaques mais avec son lot de morts innocentes. Le scénario est désormais connu de tous. Sa conséquence et son objectif également : retarder au maximum le processus conduisant à la paix. La question que l’on est en droit de se poser est la suivante : qui a peur de la paix ?

Le camp Gbagbo avec sa horde de miliciens mettant en coupe réglée l’économie du pays ou les forces nouvelles régnant sur un territoire conquis certes, mais exsangue, où les chefs de guerre ne s’en portent pas mieux ?

A la vérité, la Côte d’ivoire est prise en otage par les deux camps au grand dam des populations et cela au nez et à la barbe de la communauté internationale qui laisse faire.
Avec le blocage de la phase 1 du désarmement, il est grand temps que le médiateur Thabo Mbeki engage le processus de sanctions ciblées prévues dans les accords de Pretoria. Il avait lui-même demandé un sursis pour tester la bonne foi des parties en conflit. La médiation doit en principe pouvoir déterminer qui est à l’origine du blocage et prendre les dispositions qui s’imposent.

On n’a que trop banalisé la crise ivoirienne. Du coup , les protagonistes font ce qu’ils veulent. Laurent Gbagbo continue d’armer ses hommes. Tandis que ses miliciens règnent en maîtres dans les rues d’Abidjan et se permettent de "corriger" des offficiers de l’armée regulière qui désobeïraient aux instructions. Du côté des loyalistes de Gbagbo, le peu d’Etat qui existait encore est en train de rendre l’âme. Les rebelles eux, veulent tenter de reconstruire un embryon d’administration mais avec quels moyens ? Leur rêve de prendre Abidjan s’est brisé avec l’interposition des forces françaises.

Depuis lors, ils négocient leur "reconversion" armes à la main, face à un président qui ne veut rien céder
Il ne s’agit plus de donner raison à un camp contre l’autre mais d’aller droit à la paix en prenant soin d’écarter tous les opposants à celle-ci, par la force, s’il le faut. C’est parce que les parties en conflit sont conscientes de l’inertie de la communauté internationale pour cette option, qu’elles tournent en rond, au mépris de la parole donnée. Les Américains ont bien donné le ton quand il s’agissait de libérer le Liberia de Charles Taylor.

Les anglais n’ont -t-ils pas mis fin au règne des coupeurs de main de Fodé Sankoh en Sierra Leone ? Ils ont pris les devants, au nom de la paix, à rétablir au profit des millions de personnes qui n’avaient rien à voir avec les intérêts bassement mesquins des politiciens en mal de prestige, mais surtout de fortunes personnelles.
Quid de la FRANCE en Côte d’ivoire ? En a -t-elle les moyens et la volonté si tant est que c’est son précarré ?

Finalement, dans ce contexte de mondialisation, du règne du tout économique, n’assiste -t-on pas à un vaste complot international contre l’Afrique ? Une recolonisation qui ne dit pas son nom ? Les deux Congo, surpris par des rebellions armées, ne se sont pas encore remis de leur choc. Cependant, le diamant et le pétrole font l’objet de juteux contrats avec les multinationales.

L’Afrique de l’Ouest qui fonctionnait plus ou moins bien est à son tour frappé à travers sa "locomotive". Pendant ce temps, les hommes de Gbagbo et les intérêts français se font la guerre autour du secteur juteux de l’électricité et de la gestion du port d’Abidjan, principale voie d’accès vers les pays du Sahel.

Ces pays aussi espèrent une paix rapide pour relancer leur économie affectée par la crise ivoirienne qui n’a que trop duré. A leur corps défendant, les pays voisins sont devenus les victimes de la surenchère politique entre Abidjan et Bouaké. Ainsi, l’Afrique de l’ouest aussi se meurt, tranquillement, en silence ;une façon comme une autre de préparer la seconde dévaluation du franc CFA. L’essentiel étant que les intérêts néo-coloniaux soient préservés.

Le Pays

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