ActualitésDOSSIERS :: Situation sécuritaire au Burkina : Une préoccupation à la loupe de Free (...)

« Terrorisme : pourquoi ? Que faire ? ». C’est autour de ce thème que l’institut Free Afrik a tenu, vendredi, 23 novembre 2018 à Ouagadougou, un panel sur l’insécurité au Burkina.

Pour décortiquer le thème, l’institut Free Afrik a fait appel à des spécialistes de la question. Il s’agit de l’expert en sécurité, Sadou Sidibé ; du chercheur Mahamoudou Savadogo ; et du chercheur Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, directeur exécutif de Free Afrik.

Le ton des communications a été donné par Sadou Sidibé. Celui-ci va d’abord expliquer que les facteurs du phénomène terroriste au Burkina sont endogènes et exogènes. Dans le premier volet, l’ancien secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation relève les facteurs politiques (corruption, incivisme défiance de l’autorité de l’Etat...), les facteurs socio-économiques (chômage, pauvreté, crises liées au foncier...) et ceux socio-culturels. En ce qui concerne les facteurs exogènes, l’expert a présenté le contexte international, notamment sous-régional, notamment avec la situation au Mali voisin.

Dans une cartographie globale de la situation nationale, Mahamoudou Savadogo a relevé que l’occupation rapide de la région de l’Est par les groupes mal intentionnés trouve aussi son explication dans le fait qu’elle est la deuxième région la plus pauvre du pays.
Ce qui a constitué un terrain favorable pour les ces forces du mal qui se sont ainsi positionnées comme défenseurs des populations. Aujourd’hui, alors que les zones de chasse sont toujours interdites d’accès aux autochtones, les groupes terroristes, eux, contrôlent des sites d’or situés dans la zone.

Le directeur exécutif de Free Afrik, Ra-Sablga Seydou Ouédraogo

Le troisième intervenant, le directeur exécutif de Free Afrik, Dr Ra-Sablga Ouédraogo, note que les facteurs internes sont plus déterminants (même si les facteurs exogènes, tels que les enjeux géo-stratégiques du Sahel ou la crise libyenne, peuvent aussi expliquer le phénomène). Dr Ouédraogo revient ici sur l’ère Compaoré où, selon lui, le Burkina était présenté comme refuge pour des groupes terroristes.

Toujours sur les facteurs endogènes, il identifie entre autres la désorganisation de l’administration ; la désarticulation de l’armée et du système de renseignement après la chute de l’ancien président Blaise Compaoré ; le problème de commandement et le manque d’équipement des Forces de défense et de sécurité ; la frustration et le sentiment d’injustice des populations du Sahel et de l’Est qui ont l’expression d’être des oubliées et des exactions dont elles sont victimes de la part de ceux qui sont censés les protéger.

Le directeur de Free Afrik déplore également un débat public de « mauvaise qualité » qui ne donne pas la priorité au défi sécuritaire qui, pourtant est, selon lui, le plus grand auquel le Burkina doit faire face.

Au même moment, compare-t-il, le montant alloué chaque année au titre des Fonds communs au ministère de l’Economie, des Finances et du Développement est en constante hausse (atteignant près de 60 milliards F CFA en 2017), alors que la part des dépenses militaires dans les dépenses publiques sont, quant à elles, en chute libre depuis 2015. Elles étaient évaluées à 5% de l’ensemble des dépenses en 2017, alors qu’elles s’élèvent à 17% au Mali.

Ce qui, de son avis, crée un hiatus entre le discours politique qui érige la lutte contre le terrorisme en grande cause nationale et la réalité du budget qui laisse transparaître que vaincre le fléau n’est pas la première des priorités des gouvernants.

C’est pourquoi il estime qu’une partie de la solution implique la construction d’un élan national pour la défense et la sécurité, la réforme et la mise à niveau des Forces de défense et de sécurité ainsi que la refonte du débat public pour donner la priorité au plus important.

L’expert Sadou Sidibé propose, lui, l’élaboration d’une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, le renforcement des capacités organisationnelles et opérationnelles des Forces de défense et de sécurité, notamment au niveau des frontières, la restauration de l’autorité de l’Etat ainsi que la mise en place de programmes pour répondre aux besoins des communautés à la base, l’implication des chefs coutumiers, œuvrer à donner du sens à l’identité nationale.

Rappelons que Free Afrik est un institut à but non-lucratif dédié aux activités de formations, de recherches et d’études économiques pour l’Afrique (https://free-afrik.org/).

OL
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