ActualitésDOSSIERS :: Lutte contre le terrorisme : Les hommes politiques invités à être « plutôt » (...)

« Collaboration entre FDS et populations dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent ». C’est autour de ce thème que le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) a entrepris, depuis quelques temps, une offensive de sensibilisation des populations à travers le pays. En ces moments où le pays est victime de nombreuses attaques, la collaboration entre populations civiles et Forces de défense et de sécurité (FDS) apparaît comme un impératif pour faire face aux défis. Dans l’après-midi de samedi, 29 septembre 2018, l’institution était à Ziniaré, chef-lieu de la région du Plateau central, où elle a animé une conférence publique, précédée d’une émission-radio sur le même sujet.

Ces activités s’inscrivent dans le cadre du programme de renforcement du contrôle et de la surveillance démocratique du secteur de la sécurité initié par le CGD et ses partenaires, en vue de susciter la confiance entre Forces de défense et de sécurité (FDS) et populations. L’étape du Plateau Central, tout comme dans les autres localités, a mobilisé de nombreux participants venus de divers horizons (leaders d’organisations de la société civile, représentants de syndicats, représentants des FDS, enseignants, agents de santé, etc.) pour écouter et échanger autour de cette thématique qui cristallise les analyses des Burkinabè.

Pour décortiquer le thème en ces deux niveaux, le chargé de programme du CGD, Asseghna Anselme Somda, et le juge d’instruction du Tribunal de grande instance (TGI) de Ziniaré, Alban Somé.

Mais avant d’entamer la conférence publique, une minute de silence a été observée en la mémoire des victimes des attaques terroristes, suivie de l’exécution de l’hymne national. « L’heure est grave, mais nous ne devons pas céder au pessimisme. Nous devons rester débout, en dépit de toutes les difficultés que nous rencontrons », exalte le chargé de programme, qui a préalablement présenté le CGD et ses missions à l’assistance.

Les panélistes ont bâti leur communication autour des points ci-après : présentation des Forces de défense et de sécurité, raisons pour collaborer, obstacles à la dynamique de collaboration et pistes d’une collaboration efficace et efficiente entre Forces de défense et de sécurité et populations.

« Le phénomène d’extrémisme violent est une donne qui vient saper tout effort de développement. Aucun pays ne peut se développer dans un tel contexte d’insécurité. Pas de sécurité, point de développement. Pas de sécurité, point d’épanouissement. Pour vous dire que nous n’avons pas d’autres choix, nous sommes condamnés à rester débout. (…). Les difficultés, on en connaissait déjà ; la nature ne nous a pas dotés de richesses. Mais, malgré tout, nous sommes restés un peuple digne.

le chargé de programme du CGD, A. Anselme Somda (au micro)

Il faut rester dans cette logique contre le mal. Nous n’avons qu’un seul pays, et on ne se sentira jamais mieux ailleurs qu’ici. Nous n’avons donc le choix que de travailler à le maintenir intact. Que notre cohésion sociale, notre vivre-ensemble ne soit pas entamé par ces moments difficiles. C’est dur, mais on reste debout », a introduit le chargé de programme du CGD, Asseghna Anselme Somda, face à un auditoire qui a affiché un grand intérêt pour l’activité. Fort de cette réalité, M. Somda a invité chacun à « être ce soldat » doté de cet esprit de « la Patrie ou la mort, nous vaincrons ! ».

L’obligation de défendre l’intégrité de la patrie

Dans le vif du sujet, le chargé de programme du CGD a d’abord présenté les FDS à travers ses composantes et les missions qui leur sont dévolues. Ainsi, dans cette première partie, l’ancien président de la Commission des affaires sociales et du développement durable (CASDD) du Conseil national de la transition (CNT), Asseghna Anselme Somda, a, s’appuyant sur les textes en vigueur, mis en exergue les principales missions dévolues à chaque corps et à l’ensemble des FDS. De ces missions, on retient, entre autres, celles de garantir la sécurité, la souveraineté et l’intégrité du territoire national ; participer au développement socio-économique ; contribuer à la gestion et à la résolution des conflits par des actions militaires et humanitaires, etc.

le juge d’instruction, Alban Somé

Pour le juge d’instruction, Alban Somé, plusieurs raisons militent pour cette collaboration. Il se focalise sur trois principales raisons. Le magistrat souligne ainsi que la sécurité est une condition indispensable pour le développement. « Le pays étant naturellement dépourvu de ressources, s’il faut encore utiliser tout le peu pour la sécurité, ça devient plus difficile », estime Alban Somé. L’autre raison est liée aux conséquences socio-économiques des attaques (mort de filles et fils du pays, des veuves/veufs et orphelins, étouffement de l’économie...). La troisième raison est celle patriotique. « Il ne faut pas que notre génération soit responsable de la perte de l’Etat, nous avons l’obligation de préserver l’Etat pour les générations futures », motive le panéliste Alban Somé.

Les obstacles à la collaboration entre populations et FDS

Pour scruter les obstacles à la dynamique de collaboration, M. Somda a aussi fait appel à une étude réalisée par le CGD en la matière. Et sur ce point, il ressort que la peur de l’homme de tenue est parfois un frein à la collaboration (des raisons historiques liées à la période coloniale) ; la peur des représailles des terroristes (contraignant les populations au silence) ; la crise de confiance entre civils et hommes de tenue ; le manque d’humilité des FDS ; « l’acharnement » dans les enquêtes sur les témoins ; les altercations entre civils et militaires (heureusement, de plus en plus minimisables) ; la corruption dans le milieu des hommes de tenue (ce qui joue sur la crédibilité) ; les abus de pouvoir ; l’impression que les FDS sont à la solde des pouvoirs en place ; l’absence de cadres structurels pour développer cette collaboration entre FDS et populations, etc.

Sur le dernier angle, les panélistes ont proposé plusieurs pistes. Parmi les propositions, la mise en place d’un mécanisme de collaboration entre les deux entités et doté d’un système d’évaluation régulière, l’organisation de journées portes ouvertes dans les casernes ainsi que le renforcement du dispositif de protection des informateurs.

Entre commentaires, témoignages, questions d’éclairage, mais surtout des propositions, les participants ont abordé tous les aspects liés au sujet. A ce titre, et en ce qui concerne les contrôles sur les axes routiers par exemple, il est suggéré que même les véhicules portant une immatriculation de l’Etat soient soumis aux exigences sécuritaires, de même que les engins à deux roues.

Ici, les deux panélistes dans une émission interactive sur Bassi FM

Sur tout autre aspect, certains intervenants ont dénoncé un manque d’équipements adéquats des FDS pour faire face à la situation du moment. « Souvent, les agents des Forces de défense et de sécurité peuvent te rassurer de te protéger. Mais quand tu te rends compte qu’eux-mêmes n’ont que des gourdins derrière, un pistolet avec une seule balle, ça n’inspire pas confiance et tu préfères te taire pour ne pas te créer des problèmes en dénonçant. Comme on le dit, quand quelqu’un te promet un pantalon, regarde d’abord ce que lui-même a porté. Les FDS ne sont pas suffisamment protégées, à plus forte raison ceux qui viennent avec les informations. Ça, ce n’est pas la faute aux FDS, c’est la faute au gouvernement », se lâchent des intervenants, parfois, témoignages à l’appui.

« Jusqu’à preuve du contraire, la politique a divisé notre armée »

L’usage des réseaux sociaux a aussi été soulevé parmi les préoccupations. « Mon souhait est que le CGD contribue à sensibiliser les populations, surtout les jeunes scolaires, à l’utilisation des réseaux sociaux. (…). Aujourd’hui, nous saluons la liberté d’expression. Nous utilisons même les réseaux sociaux pour le faire. Ce n’est pas tout ce qui est écrit qui doit être publié. Mon souhait est que votre centre puisse entrer dans la sensibilisation à tous les niveaux sur la question », plaide-t-on auprès du CGD, organisme considéré comme un laboratoire d’idées et de recherches-actions.

Sur cette préoccupation liée à l’utilisation des réseaux sociaux, un leader de la société civile va plus loin en interpellant les FDS elles-mêmes. « Nos FDS publient sur Facebook des images obscènes sur des tueries ; cela pose problème. Regardez un peu, quand il y a des attaques terroristes, les images macabres des tueries, qui les publient sur Facebook ? Ce sont nos Forces de défense et de sécurité, je suis sûr que nos civils ne peuvent pas avoir accès à ces lieux en ce moment. Donc, si nos FDS peuvent publier ces images sur les réseaux, pour donner l’occasion également aux civils de le faire, il y a problème et on ne peut pas avoir confiance dans ce genre de situation. Je pense que la question de la sécurité doit être prise au sérieux », a exposé un citoyen dans cette salle du Conseil régional où s’est tenue la conférence publique.

Pour certaines personnes également, il faut impérativement travailler à la culture du civisme dans la société et surtout à la cohésion sociale, et sur ce volet, les hommes politiques ont été fortement interpellés à modérer leurs propos, à tenir des discours conciliants plutôt que divisionnistes. « Jusqu’à preuve de contraire, la politique a divisé notre armée », a déploré cette personne-ressource, pour qui l’homme politique a divisé les hommes de tenue pour pouvoir mieux régner.

De nombreux intervenants voient également dans le non-respect par le gouvernement des engagements pris envers les partenaires sociaux, un handicap à la cohésion sociale ; élément indispensable pour faire face aux défis sécuritaires. « Prenons les accords qui sont signés dans le domaine de l’éducation ou de la santé.

Vous savez que ces deux corps sont parmi les plus représentés sur le territoire national ; vous trouverez des agents santé et des enseignants dans tous les confins du pays. En temps normal, ces agents pouvaient être pour beaucoup dans cette lutte... Mais si ces gens-là ne sont pas contents, ils n’ont pas en souci de bien faire. Les mécontentements créent des problèmes en réalité, ça fait des méfiances qui peuvent engendrer beaucoup de choses, même l’incivisme. L’Etat doit faire des efforts à ce niveau pour respecter ses engagements », retient-on de ces réactions aux allures de cris de cœur.

O.L.
Lefaso.net

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