La porosité des frontières est une source d’insécurité pour les pays de l’Afrique de l’Ouest. Pour remédier un tant soit peu à cette situation, le Bénin, le Ghana, le Togo et le Burkina Faso ont mené conjointement une opération coup de poing dénommée « Koudanlgou 2018 », du 15 au 18 mai 2018.
L’opération « Koudoulgou 2018 » (amitié en langue gulmacéma), conjointement menée par les quatre pays frontaliers, a mobilisé 2 902 forces de défense et de sécurité (sur une prévision de 3 430 personnes), 167 véhicules légers, 128 motos et deux hélicoptères. Lors de la cérémonie de clôture intervenue ce vendredi 18 mai 2018 au poste frontalier de Cinkansé dans la région du Centre-Est, le chef du Poste de commandement opérationnel, le colonel Blaise Ouédraogo, a livré les résultats de l’opération, en présence du ministre de la Défense du Bénin, le général Nouat alain Fortuné ; du conseiller national à la sécurité du Ghana, le général Emmanuel Okyene et des ministres de la Sécurité du Togo et du Burkina, respectivement le général Damhame Yark et Clément Sawadogo.
623 motos saisies
L’opération dont le Poste de commandement opérationnel (PCO) était basé à Cinkansé (frontière Burkina-Togo) avec des Postes de commandement avancés (PCA) à Tanguéta (Bénin), Bwaku (Ghana), Dapaong (Togo) et Pama (Burkina), a permis de saisir en somme 40 baguettes d’explosifs, 38 fusils, 17 sacs de chanvre indien (cannabis), 47 fûts de cyanure, 623 motos d’origine frauduleuse, 2 000 litres d’alcool et 2 050 litres de carburant frelaté. Aussi, 202 personnes ont été interpellées dont deux soupçonnées d’appartenir à des mouvements de terrorisme. Pour l’heure, a affirmé le chef du PCO, les enquêtes se poursuivent.
Première du genre et malgré les difficultés (transmission d’ordre, insuffisance d’effectif) cette opération a permis aux quatre pays frontaliers de connaître leur capacité à opérer ensemble, de renforcer les liens de coopération entre les forces de défense et de sécurité. D’où les recommandations suivantes : planifier deux opérations par an, avoir un cadre juridique pour les prochaines opérations, faciliter l’inter-opérabilité des moyens de transmission, prévoir des exercices de PCO.
Ces résultats ont été jugés satisfaisants par les autorités des pays présentes pour la circonstance. Pour le général Damhame Yark, ministre togolais de la Sécurité, se mettre ensemble et mutualiser les forces pour sécuriser et tranquilliser les populations est un passage obligé pour les pays. « Nous avons les mêmes réalités et si au niveau des délinquants ils n’ont pas de frontières, il ne nous appartient pas de bâtir des frontières politiquement », a-t-il indiqué.
Faut-il le rappeler, cette initiative a été prise suivant les directives des chefs d’État depuis l’Appel d’Accra en septembre 2017. Selon le ministre Clément Sawadogo, les résultats qui ont été présentés montrent de manière éloquente la pertinence de cette opération. « Sa conduite opérationnelle très efficace et ses résultats sont donc de nature à rassurer les populations, dans un contexte où la criminalité transfrontalière est de plus en plus manifeste », a-t-il souligné. Il a félicité les différentes forces de défense du Bénin, du Ghana, du Togo et du Burkina pour leurs efforts afin de venir à bout de la grande criminalité transfrontalière et du terrorisme.
Marcus Kouaman
Lefaso.net
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