Une conférence sur le thème " terrorisme, religion et enjeux sécuritaires" a réuni les 28 et 29 mars dans la capitale burkinabé des leaders imams, prêcheurs, enseigants d’écoles coraniques, coutumiers, des journalistes et des représentants de l’appareil sécuritaire burkinabé. Il s’agissait de sensibiliser ces acteurs aux enjeux sécuritaires dans un contexte marqué par une montée de l’extrémisme religieux avec des attentats terroristes récurrents dans la sous région.afin d’amener chacun à agir dans son milieu de vie pour parvenir à la paix. Dori, Arbinda,Gorom Gorom, Djibo sont les localités d’origine des participants, endroits déjà considérés comme ligne de front de la lutte contre le terrorisme. Des thèmes aussi variés que d’actualité comme « islam et terrorisme que dit le coran ? » , « la communauté musulmane face à la montée de l’extrémisme », « phénomène de radicalisation dans les prêches, quels moyens de prévention et de contrôle ? », « médias et terrorisme », « courants terroristes en Afrique de l’Ouest : connexions et dissemblances », « Le Burkina Faso face aux défis sécuritaires, enjeux et perspectives », « parvenir à la paix », « dialogue inter religieux et défis de l’extrémisme religieux » ont été développés par des sommités de la communauté musulmanes, des experts avertis du monde de la diplomatie, de la sécurité et de la communication.
Dans un des modules portant sur les enjeux de la montée de l’extrémisme religieux en Afrique de l’Ouest, l’ancien ministre de la culture, Mahamoudou Ouedraogo a fait le constat que la tendance s’inverse. Le Burkina, qui était loin de l’épicentre de la menace, est de plus en plus touché. La pauvreté est souvent l’alibi avancé pour justifier cette radicalisation, mais jusqu’où peut prospérer cet argumentaire quant on sait que les pauvres ont toujours existé et ne se sont pas tous radicalisés. L’imam Halidou Ilboudo trouvera l’explication dans l’absence d’organisation de type cléricale dans la communauté musulmane, l’invasion des médias et la création des médias confessionnels dont le contenu échappe à tout contrôle ainsi que l’avènement de l’internet qui pousse souvent à la violence.
A cela s’ajoute la contamination, les mauvaises compréhensions des textes religieux. Dans ce terreau de terrorisme, les médias y jouent un rôle. Ils sont souvent accompagnateurs sans le vouloir, a souligné le Directeur général du groupe BLM, Ouezen Louis Oulon. Les journaux ont besoin d’actualité. La une est dictée par l’ampleur des dégâts, le nombre de victimes. Et le terrorisme se nourrit de la presse. Les terroristes sont des metteurs en scène et ils sont pressés de voir le spectacle. Les médias deviennent un support clef et les journalistes doivent le savoir pour ne pas tomber dans le piège, a conclu Ouezen Louis Oulon.
Quant à la tentative de mise en relation entre l’islam et le terrorisme, l’imam Tiemtoré est formel : L’islam n’est pas une relation de violence, au contraire, c’est une relation de paix. Toute tentative de prouver le contraire ou d’utiliser la religion musulmane pour commettre des actes terroristes, pour tuer son prochain est contraire à l’islam, a-t-il martelé.
Pour ce qui est de la situation sécuritaire du pays, le diagnostic posé par le directeur de la police de proximité, Gandema Abdoulaye, a noté un bouleversement de la sphère sécuritaire. Les populations qui appellent au secours en vain, s’organisent pour assurer leur propre sécurité. Dans ce contexte dira t-il, les défis sont nombreux face aux groupes armés, aux accidents de la circulation, aux délinquants et coupeurs de route, à la contre bande de drogue et des armes.
La réforme de l’armée, la redynamisation de la police de proximité, la mise en place de l’Agence nationale de renseignements, le renforcement de l’arsenal juridique, l’opérationnalisation du G5 sahel sont entre autres des pistes de riposte explorées par le gouvernement burkinabé pour endiguer la montée du terrorisme. Aujourd’hui, l’urgence est de décentraliser la sécurité et ce ne sont pas les services de police et de renseignement qui vont vaincre le terrorisme, mais nos communautés, a souligné Gandema Abdoulaye.
Le ministre de la sécurité P. Clément Sawadogo qui a présidé la clôture de cette conférence de Ouagadougou a salué l’initiative. Il a surtout souligné le fait qu’elle soit privée et rassuré que cela accompagne l’Etat burkinabé dans sa quête de sécurisation du territoire. Des attestations ont sanctionné la participation à cette conférence de Ouagadougou et les participants ont pris des engagements à développer des activités de restitution de la conférence de ouagadougou de retour chez eux.
