ActualitésDOSSIERS :: Attaques terroristes du 2 mars : La population entre peur, accusation et (...)

Trois jours après la double attaque terroriste survenue, le vendredi 2 mars 2018, en plein centre-ville de Ouagadougou, la psychose semble être toujours de mise au sein de la population. Les commentaires vont bon train. Si certains pointent du doigt la faiblesse du système sécuritaire, d’autres, par contre, se résignent.

Sibiri Idrissa Ouédraogo, enseignant : « Si j’ai bonne mémoire, les attaques terroristes ont commencé par le restaurant Cappuccino, puis le restau-café Aziz Istanbul et cette fois-ci, c’est l’ambassade de France et l’Etat-major général des armées. Quand on essaie de réfléchir un peu à cela, il n’y a rien d’étonnant parce que c’est un phénomène qui se vit dans la sous-région, dans les pays sahéliens et même en France. Je ne peux pas dire que c’est un phénomène normal parce que cela occasionne des pertes en vies humaines et des blessés. Cela est à déplorer et c’est un phénomène qu’il faut combattre. Ce n’est pas une situation qu’il faut prendre et mettre sur le dos de quelqu’un ici au Burkina Faso, même si c’est possible. Lorsqu’on est à l’écart de la politique, il y a des choses qu’on ne peut pas expliquer mais étant à l’intérieur, on se rend compte que tout est possible. J’ai un peu fait le domaine militaire. Je peux vous rassurer qu’il y a des précautions qui sont prises mais nul n’est infaillible. Comment vous pouvez imaginer que des individus habillés en jean sur une moto comme le commun des Burkinabè puissent être des terroristes ? Pendant que vous étudiez les stratégies de sécurité, les terroristes étudient comment contrecarrer cela. De nos jours, il faut que les Burkinabè prennent conscience de la situation actuelle qui se vit. Les endroits fréquentés par le public doivent être sécurisés. Il faut qu’on ait une culture de méfiance. C’est possible qu’il y ait une faille sécuritaire. Si l’Etat-major avait bloqué la route depuis la mairie centrale et le grand-marché, cette attaque ne pouvait pas arriver aussi facilement ».

Diafarou Daboné, élève en classe de 1ère Technique

Emeline Warma Yerbanda, enseignante : « Ce qui se passe actuellement dans notre pays est très grave. On vit dans la peur maintenant, on ne sait pas à quel moment cela va survenir. Rien que ce matin, il y avait une dame qui passait dans la cour de notre école et j’ai demandé aux élèves s’ils la connaissaient, car tout est suspect maintenant. Même dans les pays dits développés où la sécurité est renforcée, on voit qu’il y a aussi des attaques. Donc, je ne pense pas que le cas du Burkina Faso est dû à une faille sécuritaire ».

Martine Bado, étudiante en 3e année de Biologie : « Après ces attaques du 2 mars 2018, en tant qu’étudiante, j’ai toujours peur. S’ils ont pu attaquer l’Etat-major, on se sent en insécurité. On peut dire que ce sont les dispositifs de sécurité qui ont failli. Je me demande si ce ne sont pas les agents de notre armée qui ont filé les informations aux terroristes ».

Yaya Yago, militaire à la retraite

Diafarou Daboné, élève en classe de 1ère Technique : « Nous avons peur actuellement. Nous ne savons quoi faire et quoi dire à nos autorités. Les dirigeants se rendent compte désormais de la réalité et ce n’est pas quelqu’un d’autre qui leur dira cela. On ne sait plus pourquoi on les a votés. Au lieu de chercher à nous protéger, ils passent leur temps à accuser l’ancien régime. La sécurité n’est pas renforcée sinon on ne peut pas comprendre que les gens traversent la frontière et rentrent avec des armes pour nos attaquer ».

Ousmane Dera, commerçant : « Dans le passé, il y avait ces attaques dans d’autres pays mais pas au Burkina Faso. C’est en 2016 que cela a commencé ici au Burkina Faso. Ceci m’amène à dire que dans le passé, il y avait une sorte de collaboration avec le régime de Blaise Compaoré. C’est pourquoi je pense que le régime actuel doit chercher à savoir ce que ses prédécesseurs faisaient afin d’épargner notre pays de ce danger. Pour moi, ce n’est pas une faille au niveau de la sécurité, car même dans les pays développés, il y a ce genre d’attaques. Je pense qu’il faut collaborer avec ces terroristes afin d’arrêter avec tout ce qui se passe. Ce n’est pas dire qu’il faut prendre le pays et leur donner, mais il faut les écouter et savoir ce qu’ils veulent réellement ».

Yaya Yago, militaire à la retraite : « Présentement, la situation change. Ce sont les dirigeants qui doivent faire le minimum d’effort pour comprendre ce que les gens veulent. Actuellement, les gens ne sont pas satisfaits parce qu’on a attaqué le siège de l’Etat-major, ce qui est très dangereux pour la population. Les autorités sont au courant de ce qui se passe et c’est à eux de résoudre le problème. Pour cette situation, on ne peut pas parler de défaillance sécuritaire, car les terroristes peuvent agir à tout moment dès qu’ils le décident. S’ils attaquent les Etats-Unis d’Amérique et la France, ce n’est pas le simple Burkina Faso là qu’ils ne pourront pas. Si les terroristes ont revendiqué les attaques du 2 mars, ce qu’ils demandent c’est quelque chose que le président lui-même connaît. La solution est dans le camp de nos autorités ».

Issouf Weri, étudiant en 3ème année de géologie : « Dans la même zone, on est attaqué trois fois. Cela montre que notre système de sécurité a des failles. Il faut essayer de renforcer la sécurité de la capitale parce que si c’est Ouagadougou qui est attaqué, cela veut dire que c’est le Burkina qui est attaqué. Il faut mettre un service de renseignement en place parce qu’aujourd’hui, c’est le manque de communication qui fait que tout cela arrive. Si l’Etat-major même est attaqué, c’est qu’il y a un problème ».

Harouna Kossi Ouaré, étudiant en 2ème année d’Anglais

Major Martin Bonkoungou, militaire à la retraite : « C’est après le départ de Blaise Compaoré qu’on a commencé à vivre cette situation. D’abord, il y a eu les militaires radiés malgré qu’ils aient remporté le procès. Après, il y a eu la dissolution du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) où beaucoup de gens sont partis avec des armes.Toutes ces personnes n’ont plus rien à faire, donc à la moindre occasion qui se présente à eux, ils vont semer le désordre. Imaginez quelqu’un qui a quatre enfants plus sa femme. Un coup, on lui dit que son travail s’arrête. C’est par le biais de ces personnes délaissées là que les terroristes profitent pour faire le recrutement, car ils connaissent le terrain et ils ont des armes. Je pense qu’il faut bien revoir ce cas. D’un autre côté, je pense que c’est la défaillance sécuritaire. Par exemple le cas de l’Etat-major, la devanture est blindée mais à l’entrée de la Défense, ce n’est pas le cas et les terroristes sont rentrés par là-bas. Je pense qu’il faut se réorganiser, car avec ces gens, ce n’est pas encore fini. Ils ne sont pas prêts à lâcher ».

Farma Lamine Ouattara, étudiant en master 2 de Nutrition

Harouna Kossi Ouaré, étudiant en 2ème année d’Anglais : « Je ne comprends absolument rien de cette situation. D’où viennent-ils ? Qu’est-ce qu’ils veulent ? En tant que croyant, je ne peux que dire qu’il faut s’attacher à la prière. Je pense qu’il n’y a pas la sécurité. Il y a un manque réel de sécurité. A chaque fois, c’est la France qui vient nous aider donc cela veut dire que rien ne va là-bas. Toutefois, je sais que quelque chose peut être fait pour garantir la paix et la sécurité dans ce pays ».

Jeanne Compaoré, élève en classe de 2nde Technique : « J’ai peur suite à ce qui s’est passé le vendredi 2 mars 2018. Je ne pense plus aller dans des endroits où les gens se réunissent massivement. Le problème n’est pas si la sécurité est renforcée ou pas. Imaginez-vous des humains comme nous, qui vivent avec nous au quotidien et qui nous font subir de tels actes. Ce n’est pas la faute au système sécuritaire, car ils ne peuvent pas savoir ».

Farma Lamine Ouattara, étudiant en master 2 de Nutrition : « C’est un sentiment de désolation que j’ai en ce moment. Le Burkina Faso est un pays en voie de développement. C’est décourageant de voir les attaques se répéter au moment où tout le monde travaille pour le développement de ce pays. Quelle que soit la qualité de notre sécurité, les forces du mal n’auront pas de difficultés à nous endeuiller parce que ce sont de gens qui sont prêts à mourir. C’est difficile de les arrêter. Qu’à cela ne tienne, je pense qu’on doit redoubler d’effort et de vigilance. Partout, que ce soit dans les écoles, les quartiers ou les villages, on doit s’organiser de telle manière à mieux se connaître afin d’aider nos agents de sécurité en terme d’information ».

Propos recueillis par Cryspin Masneang Laoundiki
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