ActualitésDOSSIERS :: An III de l’insurrection populaire : Des OSC exigent la lumière sur les (...)

Elles étaient nombreuses les personnes qui ont effectué le déplacement de la place de la Nation, le samedi 04 novembre 2017, pour une marche-meeting de protestation contre la lenteur des dossiers de crimes économiques et de sang de l’insurrection populaire et du putsch de septembre 2015. Cette marche-meeting entrant dans le cadre de la commémoration de l’an III de l’insurrection populaire d’octobre 2014 a connu la participation de plus d’une dizaine d’organisation de la société.

C’est à l’initiative des comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) que des structures actives de la société civile dans un puissant élan de solidarité agissante et en communion avec les populations ont décidé de sonner l’alerte et d’appeler à une mobilisation des troupes pour exiger « le jugement des auteurs de crimes de sang et de crimes économiques, la récupération et le rapatriement des biens mal acquis par les dignitaires de l’ancien régime, mais aussi de meilleures conditions de vie » ; d’où l’intérêt de cette marche-meeting qui a connu une forte mobilisation. Ce rassemblement a servi de cadre pour les organisateurs pour interpeler les autorités sur la gravité de la situation sociopolitique et économique actuelle.

Début de la marche

Partis de la place de la Nation en passant par le rond-point des Nations unies, les marcheurs ont rejoint l’ancienne Assemblée nationale où ils ont livré un message exigeant du gouvernement la lumière sur les dossiers de crimes de sang de l’insurrection populaire et du putsch. Pour les organisateurs de la marche, trois ans après, « le constat au plan de la justice est celui des manœuvres politico-judiciaires dont l’objectif fondamental est de garantir l’impunité aux hommes du clan Compaoré chassé du pouvoir par le peuple ».

Chrysogone Zougmoré ; président du MBDHP

Selon le président du MBDHP, « trois ans après l’insurrection, en effet, les dossiers des martyrs restent en l’état, malgré que le rapport d’enquête sur l’insurrection ait clairement identifié ceux qui ont ordonné ou qui ont dirigé les tueries des 30 et 31 octobre et du 02 novembre 2014, notamment le dernier Premier ministre de Blaise Compaoré, Luc Adolphe Tiao, le Premier ministre sous la transition, Yacouba Isaac Zida ».

Chrysogone Zougmoré va plus loin en ces termes : « Le même refus de rendre justice caractérise les dossiers du putsch de type fasciste de Gilbert Diendéré et de son défunt RSP (Régiment de sécurité présidentiel). Bien que les auteurs du putsch soient connus, la justice traine toujours les pas et en lieu et place des jugements, ce sont des libérations de putschistes et de leurs complices qui sont servies au peuple. En témoigne la résidence surveillée accordée à Djibril Bassolé ».

Vue des marcheurs

Selon le premier responsable du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples il n’y a pas meilleure résidence surveillée que la MACA pour un putschiste. « L’on comprend de plus en plus pourquoi le pouvoir du MPP et alliés ne veulent pas en réalité de la tenue d’un procès sérieux. Presque tous les chefs des FDS (Forces de défense et de sécurité) à l’époque du coup d’Etat, certains leaders politiques et même religieux y seraient trempés à en croire les révélations de Gilbert Diendéré qui a même demandé que ceux-ci soient inculpés » a-t-il poursuivi.

Sur le plan social et économique, Chrysogone Zougmoré ne passe pas par quatre chemins pour décrire la situation. « Les gens du peuple croupissent de plus en plus sous la cherté de la vie. Les prix des produits de première nécessité sont devenus presque incontrôlables et notre peuple est sous la menace d’une grave famine au regard des résultats de la campagne agricole. La politique de gratuité des soins se révèle être une pure démagogie au regard des réalités dans les centres de santé. Le système de santé public est dans un état de délabrement continu et des maladies comme le paludisme et la dengue continuent de faire des ravages », s’est-il indigné.

les resposables des OSC en avant

Et d’ajouter : « Les emplois promis à la jeunesse se trouvent être les mêmes emplois précaires de HIMO conçus sous Blaise Compaoré, ce qui montre clairement que le pouvoir n’a visiblement pas de solution à cette préoccupation pressante. Juste qu’ici, la vitesse grand V du décollage économique se fait toujours attendre et les taux de réalisation de la mise en œuvre du fameux PNDES, annoncés dans la presse, ne sont pas ressentis par les populations ».

Le tableau de la situation sécuritaire peint par l’homme est loin d’être attirant. Pire la situation est inquiétante. « Notre peuple se rend compte que l’Etat est dans une incapacité structurelle, du fait de son caractère néocolonial, d’assurer l’intégrité territoriale et la sécurité des populations. En témoignent les pertes de contrôle progressivement par l’Etat de certaines parties du pays, notamment dans le Soum, où règnent des narcotrafiquants et des groupes djihadistes et terroristes » a martelé le porte-parole des organisations signataires de la marche-meeting pour qui « il appartient au peuple d’apporter la réponse politique à cette provocation du pouvoir actuel, comme il a su apporter la réponse à Blaise Compaoré en 2014 en le chassant à midi-pile du pouvoir ! ». « Les mêmes causes produiront les mêmes effets » a-t-il conclu.

Bazié de l’UAS et sa droite Chrisogone Zougmoré du MBDHP

Pour Aimé Kambiré qui a pris part à la marche du jour cette sortie est plus qu’une interpellation : « Cette sortie, c’est pour dire au gouvernement que jusque-là nous ne savons pas sur quel chemin on nous mène pour que nous puissions solder le passé et pouvoir donner un nouvel espoir aux populations. La première étape c’est des insatisfactions en sourdine et puis la deuxième étape c’est de sortir dire que le peuple n’est pas satisfait jusque-là et qu’il va falloir des actions concrètes qui vont dans le sens de résoudre nos conflits antérieurs et de pouvoir baliser le chemin pour que le peuple burkinabè puisse travailler en toute sérénité pour construire ce pays ».

Les autorités en charge de la lutte contre la corruption n’ont pas manqué le rend-vous de cette marche-meeting contre l’impunité. Et pour le patron du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC), « l’impunité fait le lit de l’incivisme et de la corruption. Et il nous faut lutter contre l’impunité si nous voulons être dans un état de droit où la règle de droit est respectée par tous, du sommet à la base. C’est un élément fondamental d’autant plus que l’Etat lui-même a mis en place une structure pour cela ». Et Bassolma Bazié de remettre en cause l’indépendance de la justice. « L’indépendance de la justice viendra de la mobilisation et de la vigilance du peuple burkinabè » a-t-il martelé.

Le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD) était également de la partie par le biais d’une structure à laquelle il est partenaire à savoir le Front de résistance citoyenne(FRC) devenu Front de renforcement des capacités. « C’est parce que nous constatons une certaine lenteur, une certaine léthargie quant au dénouement de ces différents dossiers que nous sommes sortis avec les autres organisations pour participer à cette marche-meeting histoire de rappeler aux acteurs judiciaires, aux acteurs politiques que les lignes devaient bouger quand même sur un certain nombre de dossiers qui depuis plusieurs années sont en train de polluer la vie nationale alors que si ces dossiers connaissaient un dénouement ça sera un cailloux de moins dans les souliers du peuple » a expliqué le chargé des programmes du CGD, Anselme Somda.

C’est visiblement un véritable bilan sombre du pouvoir en place qui a été dressé par les organisations de la société civile signataires de cette marche-meeting.

Maxime Jean-Eudes BAMBARA
Lefaso.net

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