Notre pays a une fois encore été endeuillé par les forces du mal. Si la douleur est indicible, elle ne doit pas nous rendre aveugles. Des milliers de commentaires foisonnent depuis l’attaque de vendredi, qui pour mettre en cause les dirigeants politiques, qui pour fustiger la valeur de notre Armée, qui pour pointer du doigt les dysfonctionnements de notre système de renseignement.
Ces critiques sont légitimes en de pareilles circonstances mais ce qu’il faut le plus, c’est proposer des solutions à cette équation que nous posent ces terroristes.
De toute évidence, nos forces de défense et de sécurité sont « trop conventionnelles » pour affronter toutes seules la menace terroriste qui est une donne nouvelle pour tous les pays du monde et encore plus pour notre pays.
Originellement, nos forces armées sont formées pour affronter un ennemi organiquement constitué et formellement reconnaissable. Ce que l’on appelle aujourd’hui guerre asymétrique constitue un défi majeur non seulement pour les spécialistes de la guerre (les militaires), pour les dirigeants politiques, mais aussi et surtout pour toutes les populations.
Il me semble que si nos forces essuient autant de pertes, c’est parce qu’elles traversent ce qu’on pourrait qualifier de « période d’adaptation » à la menace. Cet ennemi-là possède de multiples facettes que l’on ne peut cerner qu’à travers un apprentissage de ses différents modes d’action. Malheureusement cet apprentissage s’avère sanglant pour nos hommes.
Penser, comme certains l’écrivent, que ce sont les forces de défense et de sécurité qui vont gagner cette guerre par la seule force des armes est une grave erreur. La force militaire seule ne vaincra pas le terrorisme et il faudra que tous les Burkinabè le comprennent.
Notre Armée a été enfantée par le peuple burkinabè. Ce sont nos parents, nos frères, nos sœurs, nos enfants, nos amis, nos connaissances qui se sont engagés pour défendre notre pays. Nous devons donc nous reconnaitre en ces soldats. Et quand un militaire tombe en défendant notre terre, il mérite notre respect.
Plus que jamais, nous devons faire bloc. Nous devons nous départir de certains commentaires qui, non seulement ne grandissent pas notre pays, mais aussi heurtent la mémoire de ceux qui ont donné leur vie en faisant face à ces barbares.
En somme, nous devons prendre conscience de ce qui nous arrive pour en arriver à nous sentir nous-mêmes soldats. Ce défi sera forcément relevé par le peuple burkinabè (il en a toujours été ainsi), mais faisons en sorte que la victoire ne soit pas trop douloureuse.
Olivier Ouédraogo
Etudiant en sociologie
