Le ministre d’Etat, ministre de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré était face à la classe politique nationale dans la soirée de mardi, 26 janvier 2016. A l’ordre du jour : la situation nationale marquée par les attaques djihadistes et le calendrier des élections municipales.
Occasion pour le ministre d’Etat de ‘’restituer la vérité’’ sur cette attaque et tout ce qui a tourné autour. Après avoir fait le point de la situation en termes de pertes en vies humaines, de blessés et de dispositions mises en place par le gouvernement, le ministre s’est appesanti sur un certain nombre de points. « Nous sommes formels, ce n’est pas un compte-rendu qu’on m’a fait, ce sont des choses que j’ai vécues : vers 23 h, nos Forces de défense et de sécurité étaient prêtes et voulaient passer à l’attaque. Les éléments des Forces ont appelé la cellule de crise et c’est-là que l’ambassadeur nous a appelés pour dire qu’il souhaitait, si on pouvait attendre un peu (parce qu’il y a leurs Forces, les Forces spéciales françaises qui étaient au Mali qui étaient en train de rentrer) pour qu’on puisse accompagner (parce que si l’attaque démarre et que les autres arrivent après, la coordination va être difficile). Nos éléments étaient prêts à démarrer mais on leur a dit qu’on ne doit pas refuser…, on va prendre notre mal en patience et les attendre (puisque l’avion avait déjà décollé). C’est comme cela que les choses se sont passées. Donc, même sans l’arrivée des Forces spéciales françaises et américaines, nos gars étaient prêts, avec les moyens de bord, pour attaquer. Voilà ! D’ailleurs, avant l’arrivée de ces Forces-là, ils avaient déjà opéré au niveau de Cappuccino pour permettre aux pompiers d’éteindre la partie qui avait été atteinte. Voilà ! C’est ça la vérité », a retracé le ministre en charge de la sécurité, Simon Compaoré avant de préciser que : « C’est pour dire qu’il y a certains qui veulent travestir la vérité. Nous, nous l’avons vécue en live… ».
« Moi, je suis très fier d’être Burkinabè »
Il a fait une mention spéciale aux Forces de défense et de sécurité pour leur détermination… « Nous devons féliciter nos Forces de défense et de sécurité. On peut ne pas les aimer mais… Oui, on n’a pas besoin de les aimer, il faut les féliciter pour leur courage, leur détermination avec les moyens de bord », a dit le ministre qui a continué de dévoiler : « Moi, je suis très fier d’être Burkinabè, de voir qu’il y a des jeunes, que nous on peut mettre au monde, qui sont au front et qui voulaient entrer. Coûte que coûte. Ça c’est bien, c’est rassurant. Maintenant, nous avons le devoir de faire en sorte qu’ils aient le nécessaire. Parce que, si on peut préserver leur vie dans leur action pour préserver la vie d’autrui, c’est encore mieux ! Donc, c’est ça qu’on voulait dire… ; les autres ont contribué. Mais, vous avez vu que les trois qui ont été abattus, les trois djihadistes-là, c’est nos gars qui les ont abattus. Ça aussi, ce n’est pas de la vantardise, c’est de la vérité. Et c’est vérifiable. Voilà ! ». Il s’est toutefois montré reconnaissant aux autres Forces spéciales (françaises et américaines), « qui sont venues nous prêter main forte ».
De son avis, « dans cette affaire, personne ne peut dire qu’elle se suffit. Même les Français ont demandé le concours des Américains, pour avoir des informations, avec les drones. Donc, il n’y a pas de honte, il n’y a pas ….,on est fier. De ce qui a été fait ».
Des informations contradictoires …
L’un des faits qui ont caractérisé cette attaque, c’est la contradiction au niveau de certaines informations. Et à ce sujet, le ministre d’Etat, Simon Compaoré ne fait pas dans la langue de bois. « Pour ce qui est des informations contradictoires-là, là aussi… Comme au fur et à mesure que les gens progressent, ils libéraient des gens…, les informations étaient contradictoires. Enfin, les informations changeaient. Et le type qu’on a tué-là, vous avez vu qu’il avait l’air d’une femme ! Puisque l’accoutrement…C’est pour ça on pensait que c’était une femme. C’est après quand les choses se sont décantées, on a vu que c’est un mauvais gars,….c’est pas une femme, c’est un homme. Voilà ! Donc, les informations qu’on a données à ce niveau aussi, c’est l’accoutrement qui nous a induits en erreur ; on avait dit qu’il y a une femme dedans, or c’est son accoutrement », révèle-t-il sur un ton humoristique.
Simon Compaoré poursuit plus loin : « En France, on a dit qu’il y a six (djihadistes) et qu’il y a trois qui se baladent dans la nature, ce n’est pas vrai. Nous, on était sur le terrain, nos Forces étaient sur le terrain. A moins qu’on ait mis des trucs pour regarder depuis et puis… Si c’est ça aussi, on peut nous reverser ces informations-là pour qu’on puisse les exploiter. Vous avez vu que finalement, c’est retombé. En vérité, on n’a vu que trois et ce sont ces trois qui ont été abattus. En tout cas, au stade actuel, en visionnant les vidéos, ce sont les trois… Maintenant, c’est au niveau…que des informations qui n’ont pas été vérifiées ont été transmises à certaines autorités mais ça, ce n’est pas notre faute ».
Pour le ministre, ‘’cette restitution’’ des faits est importante « pour rassurer les populations aussi, qu’on n’a pas caché la vérité ; six et on a dit trois. On a vu trois et les trois ont été abattus. Point barre ».
Désormais, même les chambres de passe seront fouillées
Concluant sur les mesures prises par le gouvernement suite à ces événements, et tout en se réservant de donner certains détails, Simon Compaoré a néanmoins déconseillé certains lieux. « Il faut éviter d’aller dans certains endroits. Si vous partez là-bas, on va vous contrôler. Parce qu’il y a des fouilles là-bas. Oui, oui. Là-bas là…, les chambres de passe. Voilà ! », lâche-t-il dans la salle étouffée de rires.
Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net
