L’enquête sur les attaques terroristes du 15 janvier 2016 avance. Huit personnes ont été interpellées, sept ont été relâchées et une personne, de nationalité burkinabè, est en garde à vue. C’est en substance le contenu de la conférence de presse animée ce mercredi 27 janvier 2016 par le Procureur du Faso près le tribunal de Grande instance de Ouagadougou, Maïza Sérémé.
Selon Mme Sérémé, c’est aux environs de 19h30 qu’un groupe de trois personnes a attaqué le restaurant Cappuccino avant de se réfugier à Splendid Hotel où il a pris des clients en otage. Sous le feu nourri des Forces de défense et de sécurité, des Forces spéciales françaises et avec l’appui aérien des Américains, les assaillants se sont rendus à l’hôtel Yibi avant de trouver refuge au maquis Taxi Brousse où ils ont finalement été abattus par les Forces de défense et de sécurité (FDS). « Ces jeunes individus de sexe masculin étaient munis de fusils automatiques d’assaut de type AKS, de grenades défensives et de combustibles dont la nature reste à déterminer », a précisé le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance de Ouagadougou.
Ces attaques ont fait, selon les conférenciers, trente victimes, soixante-onze blessés recensés, 176 otages libérés, 22 véhicules et 24 motos incendiés, 18 véhicules endommagés par des impacts de balles, le restaurant Cappuccino ainsi que le hall de Splendid Hôtel consumés par les flammes, des portes et fenêtres de l’hôtel abîmés, le maquis Taxi Brousse criblé de balles et des portes et fenêtres de l’hôtel Yibi abîmées. Les trois assaillants ont aussi été tués.
Huit personnes interpellées
Dans le cadre de ces attaques, huit personnes ont été interpellées. Sept ont été élargies et une personne est en garde à vue. « Celui qui est toujours gardé est un Burkinabè. Mais pour le besoin de l’enquête, nous ne pouvons pas vous révéler son identité », ont laissé entendre les conférenciers.
Pour le conférencier, les sept personnes ont été libérées pour « insuffisance de preuves ». Parmi elles, le candidat à la présidentielle nigérienne, Adal Roubheid. « Il est lui aussi élargi pour insuffisance de preuves. Mais cela ne veut pas dire que les enquêtes sont terminées à son niveau. C’est aussi le cas pour tous les autres », a ajouté Maïza Sérémé.
Au lendemain des attaques, des témoignages ont fusé de partout, surtout dans les médias. Sur le site www.lefaso.net, un employé de Splendid Hôtel avait évoqué l’intérêt des assaillants pour l’occupant de la chambre 303. Pour le Procureur Sérémé, « des informations sont rassemblées à son sujet. On en sait beaucoup sur lui mais pour les raisons de l’enquête, ces informations ne peuvent pas être dévoilées ».
Rapprochement avec Al-Mourabitoune
Les trois assaillants ont été tués par les FDS. Ils seront inhumés par les services burkinabè. « Sur les trois assaillants, deux présentent des traits sahéliens tandis que le troisième, de teint noir présente des traits soudaniens. Nous allons les enterrer mais pour l’instant leurs corps sont toujours là parce qu’il se pourrait qu’on ait besoin d’autres informations », a-t-elle affirmé.
Sur la base du matériel utilisé et du modus operandi des assaillants de Radison Blu au Mali, l’enquête voit un rapprochement avec le groupe Al-Mourabitoune de Mokhtar Belmokhtar qui a du reste revendiqué les attaques de Ouagadougou.
Appel à collaborer
Pour permettre une bonne conduite des recherches et surtout faciliter leur avancement, les limiers ont lancé un appel à collaborer à l’endroit des populations. « Que celui qui a une information en lien avec les attaques du 15 janvier aille faire son témoignage dans les brigades de gendarmerie de Ouagadougou », a lancé le Procureur.
Pour plus d’efficacité, les enquêteurs burkinabè sont appuyés par des Américains et des Français. D’autres pays dont des ressortissants ont aussi été tués dans ces attaques ont envoyé des demandes d’entraide judiciaire qui sont pour l’instant à l’étude.
Jacques Théodore Balima
Lefaso.net
