ActualitésDOSSIERS :: Attentats de Ouagadougou : Une solution œcuménique contre les violences (...)

Notre pays, le Burkina a été frappé par la violence aveugle au nom de la religion, et surtout des revendications politico-religieuses le 15 janvier 2016. En ce mois de prière pour l’unité des chrétiens, quelles réflexions œcuméniques sur cette actualité dans un pays africain, pauvre mais religieux dans ses cultures et dans sa foi ?

Le Burkina Faso, pays œcuménique par excellence

Le Burkina Faso compte, en général, 60,5 % de musulmans, 23,2 % de chrétiens et 15,3 % de pratiquants des Religions Traditionnelles Africaines. On lui reconnaît, dans tous les cas, des pratiques traditionnelles unanimes baignées dans l’animisme. C’est un œcuménisme vécu au jour le jour par des religions qui ne se contredisent pas, mieux qui vivent en parfaite harmonie. Le pays est symbolique dans son rapport avec la religion. Les valeurs traditionnelles sont quasi présentes et vivantes dans la société burkinabè. Ce sont des acquis à préserver à tout prix dans une Afrique touchée aujourd’hui, en plein fouet, par l’intégrisme religieux. En cela, la Somalie, l’Algérie, le Nigéria, le Mali ne sont que des exemples…

Jamais le pays des hommes intègres n’a connu une émotion nationale aussi forte avec cet attentat. La nation burkinabè, forte de ses hommes et de son esprit œcuménique, est frappée par un double impact. Premièrement, dans sa culture de paix et deuxièmement dans ses pratiques ancestrales. Ce pays, religieux dans l’âme et à la fois laïc, a su faire respecter l’essentiel de la foi en Dieu dans une diversité de cultures. Croire sans nuire, prier sans haïr.

Burkina Faso : un pays de cultures, de religions et de paix

Le pays est bien connu pour son accueil légendaire. Les Burkinabè sont accueillants et respectent les étrangers. L’hospitalité, on le sait, est sacrée au pays des hommes intègres. C’est une culture triomphante au Burkina et les natifs en sont légitimement fiers. La paix ne s’invente pas, elle se construit. Les Burkinabè l’ont bien compris. Une analyse simple permet de déterminer les forces de cette nation pauvre mais vaillante.

Il y a aussi des faiblesses. Parmi ces problèmes, il y a la forte intrusion de l’esprit néolibéral dans la société burkinabè. L’esprit capitaliste et celui du profit sont quasi-envahissant dans la société moderne des pays africains, et le Burkina n’est pas épargné. Il y a une métamorphose certaine due à la société consumériste de notre siècle. Les cultures, et même les religions, sont mises à mal, et les populations voient leurs repères traditionnels s’effondrer. La jeunesse, dont 46 % a moins de 15 ans, est la plus exposée. Les gouvernements, accrochés à leurs anciennes métropoles, font la politique de leurs mentors occidentaux. L’accès à l’eau, aux soins de base, l’agriculture déficitaire, le chômage sont le lot quotidien de populations meurtries par des insuffisances à tous les niveaux.

Le drame est que personne n’est coupable, tout le monde est victime, à l’image de l’attentat de ce mois de janvier 2016. La paix a un coût et il est urgent que les cultures et les religions travaillent dans ce sens. D’abord, un dialogue fructueux entre les différentes religions doit être promu, ensuite à l’intérieur de chaque religion un rapprochement dépassant les conflits fratricides doit se développer. C’est alors que l’œcuménisme devient fondamental dans ce 3e millénaire déchiré par les violences interreligieuses. L’attente est forte de paroles sûres et surtout d’actions convaincantes.
Au niveau du christianisme, un mouvement dit œcuménique a surgi au XIXe siècle et pourrait être l’espoir d’un dialogue fructueux entre les chrétiens.

Bref historique du Mouvement œcuménique mondial

Un événement a été décisif dans l’histoire du Mouvement œcuménique, a une date : 1948. En cette année-là, des Églises (dans l’hémisphère nord) se sont rassemblées au nom de leur foi unique au Christ. Les siècles passés furent parsemés de divisions dogmatico-doctrinales. Une prise de conscience a éclairé les intelligences et la Commission « Foi et Constitution » a vu le jour. C’est l’ancêtre du Conseil Œcuménique des Églises dont le siège est en Suisse (Genève). Depuis lors, des rencontres décisives ont eu lieu en Europe notamment, pour rapprocher les chrétiens. Ainsi, divers groupes et organisations, ont été créés (Associations, Communautés etc.) pour entretenir la flamme de l’œcuménisme. L’une des célébrations phares est la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens qui a lieu chaque année du 18 au 25 janvier. Cette prière a été initiée par un prêtre lyonnais : le Père Couturier (France).

L’œcuménisme et la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

Chaque année, dans ce cadre de cette célébration, les textes sont préparés par un groupe de travail issu d’un pays. C’est la Lettonie qui s’en est chargée en 2016, c’est un pays marqué par une histoire œcuménique féconde. Le thème a été conjointement préparé et publié par le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises. « Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur » (cf. 1 Pierre 2, 9). C’est le thème qui invite tous les chrétiens à vivre profondément la Semaine de prière. En occident cette semaine se situe au mois de janvier, mais ailleurs, pour des raisons de convenance, les célébrations peuvent avoir lieu à un autre moment (aux environs de la fête de la Pentecôte). En réalité, c’est toute l’année que doit perdurer l’esprit œcuménique. Une collaboration œcuménique doit être promue pour développement des moments de rencontres fraternelles et de communion. Il s’agit de travailler sans relâche pour parvenir à la pleine unité dont le Christ est le premier acteur. Chaque pays doit s’organiser et promouvoir la paix.

L’œcuménisme au pays des hommes intègres

Qu’est-ce qui se passe sur le terrain burkinabè ? Il y’a des catholiques et des protestants au Burkina. On évalue les premiers à plus de 19 % et à 4,2 % les seconds, sans compter d’autres petites Églises minoritaires sur le territoire. Il est utile de rappeler que les missionnaires catholiques sont arrivés en 1900 et les premiers missionnaires américains datent des années 1920.

Comment se déroule cette semaine derrière pour l’unité ? Des célébrations communes sont organisées au gré des années, selon l’intérêt que les différents acteurs accordent à la question œcuménique. Autant le dire, tout le monde n’est pas forcément pour l’unité ! Des questions relationnelles et interpersonnelles impactent énormément la vie des Églises au Burkina. Pour preuve, un grand nombre de burkinabè ignore totalement le mot « œcuménisme ». C’est dire que pour promouvoir le mouvement œcuménique au Burkina, il faut d’abord passer par deux phases fondamentales : l’information et la formation.

Toutefois, quelques initiatives sont prises dans certains diocèses et paroisses, là où existent de bonnes relations entre les évêques, les prêtres et les pasteurs. Dans ce sens, on peut retenir l’Alliance Biblique Burkinabè et les activités conjointes des Églises autour des traductions de l’Écriture dans les langues locales. Un souhait majeur qui pourrait révolutionner la donne serait une organisation commune de la Conférence épiscopale Burkina Faso/Niger et la FEME (Fédération des Églises et Missions évangéliques) autour de cette semaine. L’espoir sera toujours permis tant que les Églises seront convaincues que le Christ est fondateur du christianisme et est le seul maître de l’unité. C’est lui qui a prié pour l’unité de ses fidèles (Jn 17,21).

Les attentats terroristes de Ouagadougou

Ce qui constitue l’urgence de telles célébrations et relations entre Églises, c’est elle paix et les conditions de la cohésion sociale dans un pays africain comme le Burkina. Au regard des faits sociaux liés aux religions, on peut dire que les conflits sont nuls dans le pays, nonobstant quelques écarts de comportements vite géré par les pouvoirs religieux et surtout coutumiers locaux. De ce point de vue le Burkina est un pays « œcuménique » par vocation. C’est pourquoi l’attentat des semaines dernières à Ouagadougou apparaît comme surprenant dans un tel milieu, malgré le Mali voisin. Nul n’est à l’abri de violences interreligieuses dans la sous-région, et même ailleurs…

Il est trop tôt de faire le bilan d’une telle barbarie dont les revendications sont d’ordre politico-religieux, mais il n’est jamais trop tard pour créer les conditions d’un vivre ensemble fructueux à court ou long terme. Cette responsabilité incombe à tous et davantage aux chefs religieux. Ce sont eux qui parlent au nom de Dieu et par conséquent, ils portent aussi la responsabilité de la paix sociale dans leur pays. Quand verrons-nous des leaders religieux résolument déterminés à lutter contre l’usurpation de leurs doctrines et leurs dogmes ? Ils sont les premiers à décourager d’éventuels fidèles un peu trop zélés. Vivement l’avènement d’une analyse rigoureuse du langage violent dans les « Livres saints » quelles que soient les confessions qui les vulgarisent. La violence doit être combattue sous toutes ses formes verbales, écrites, sociale, économique, politique et religieuse. La paix entre les peuples est aussi à ce prix.

Nérée Z.

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