ActualitésDOSSIERS :: Attentats terroristes au Burkina : Et si on se parlait droit dans les (...)

Nos ancêtres les Gaulois ne craignaient qu’une seule chose ici-bas : que le ciel leur tombe sur la tête. De même, ce que les Burkinabè redoutaient le plus, c’est que les terroristes, après plusieurs escarmouches dans la sous-région et aux localités frontalières du pays, ne se déportent dans les villes du pays. A présent c’est chose faite avec le macabre bilan que l’on connait : 30 morts de 18 nationalités, plusieurs dizaines de blessés et trois terroristes neutralisés.

A présent que l’on se remet peu à peu de ces périodes chaudes et que les soutiens fusent de partout à travers le monde, et si on se regardait droit dans les yeux pour parler. Sans haine ni mépris, afin que plus jamais d’innocentes victimes comme celles que l’on pleure aujourd’hui ne tombent sous des balles assassines de fous furieux, si ce n’est d’illuminés.

D’abord au niveau gouvernemental. La communication gouvernementale a totalement versé dans la cacophonie avec naturellement son corollaire de remises en cause des propos des uns par les autres. Ainsi, tandis que le ministre en charge de la sécurité parle de deux femmes dans le commando, l’ambassadeur de France au Burkina, mieux renseigné, dit qu’il n’en est rien dans un tweet. Pendant que l’on interdit à la RTB de filmer, voire de diffuser ses images, une radio privée fait le contraire sur son site. Par ces temps de réseaux sociaux et de village planétaire (Mc Luhan) ce type de censure est insensé.

Au niveau politique. A nouveau, la courte échelle. Très vite, l’on a indexé l’ancien régime comme étant la source du mal, en collaboration avec les terroristes. Cette façon de faire est tout aussi dangereuse tant pour l’accusateur que l’accusé et par extension pour la cohésion sociale dans son ensemble. Quand on est à un niveau de décision de cette envergure, travaillons à ce que le pays ne vole pas en éclats.

« Plus rien ne sera comme avant », disait si bien un slogan pertinent dans sa sémantique mais douteux dans sa mise en œuvre. Les périodes de braises où, pour un oui ou pour un non, on est enlevé, torturé ou tué doivent appartenir à un passé à jamais révolu. Pendant que le Président du Faso s’active à la mise en œuvre d’un mécanisme de vérité, justice et réconciliation en présidant lui-même, dans la matinée des attaques terroristes, la cérémonie d’installation des membres du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale, montrer à la vindicte populaire des citoyens est une boite de pandore à ne jamais ouvrir. Les quelques cas d’agressions « de personnes suspectées d’être des terroristes », selon un communiqué du Ministre de la Sécurité, en sont illustratifs. Les exemples venus d’ailleurs doivent nous appeler à la retenue. Prenons le temps d’investiguer car tout finit par se savoir. Nous sommes un pays de savane, a dit un de nos illustres dirigeants.

Au niveau de la société dite civile. Que d’activisme ! A nouveau, les mêmes ont repris du service comme à la belle époque. On explique, on harangue par médias interposés, on conseille, on donne des pistes de solutions et des conseils. Bref, on est toujours là et on connait les choses. Pire, l’on s’épanche sur les réseaux sociaux pour appeler au retour d’anciens camarades de lutte au ministère en charge de la Sécurité. Surtout, que l’on se garde de descendre marcher dans les rues pour dire non car si un réseau dormant est là…

Au niveau de nos spécialistes en tous genres, tant internes qu’externes : que de prétentions ! Pouvoir expliquer en un tour de bras, pardon en quelques tours de la langue, la barbarie du 15 janvier relève plus de la spéculation intellectuelle que d’une réelle connaissance d’un sujet aussi complexe. N’oublions pas que le Burkina Faso est en lui-même un pays d’une complexité sociopolitique exceptionnelle. Mais enfin, à chacun son dada !

En tous les cas, que chacun à son niveau puisse tirer leçon de l’hécatombe du 15 janvier dernier, fasse son introspection afin qu’individuellement et collectivement nous puissions sauver ce pays de ces barbares des temps présents. Il n’est pas encore trop tard en ce sens que l’ensemble de la population burkinabè n’équivaut même pas aux habitants de villes comme New York (21,9 millions d’habitants), Delhi (22,4 millions d’habitants) ou Tokyo (33,8 millions d’habitants).

C’est dire qu’une correction des dysfonctionnements de notre système de défense et de sécurité, un renforcement de la fonction renseignement telle que préconisée dans la Stratégie nationale de sécurité intérieure (SNSI) de 2010, l’implication véritable et rigoureuse des communautés à travers la Police de proximité, la culture du patriotisme et du civisme dans les structures éducatives et de formation, la création de conditions d’occupation et d’épanouissement de la jeunesse burkinabè… sont quelques-unes des pistes de solutions pour ne pas laisser cette barbarie s’installer au Faso.
A chacun donc de jouer sa partition.

Neya de Gabou

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