Actualités :: Université de Ouagadougou : « Une attaque en règle contre le SYNADEC (...)

La déclaration de la Fédération des Syndicats nationaux des Travailleurs de l’Education et de la Recherche du Burkina Faso (F-SYNTER) datant du 26 novembre 2012 n’est pas du tout du goût du Syndicat national Autonome des Enseignants Chercheurs du Burkina Faso (SYNADEC) qui y voit une attaque. Voici la réaction du SYNADEC à ce sujet.

« Attaque en règle contre le SYNADEC »
Les enseignants de l’Université de Ouagadougou ont trouvé dans leurs boîtes à lettres au cours de la semaine du 03 au 09 décembre 2012, deux déclarations datées du 26 novembre 2012 et signées l’une de la F-SYNTER et l’autre d’un collectif de sept centrales syndicales et d’une dizaine de syndicats autonomes. La F-SYNTER a par la suite publié sa déclaration en ligne dans News.Ouaga.com le 6 décembre 2012.

Si le collectif syndical a orienté sa déclaration sur la désapprobation des sanctions prises par le conseil de discipline de l’Université de Koudougou à l’encontre des étudiants qui ont agressé un enseignant, sanctions qu’il juge excessives, la F-SYNTER s’est livrée à une attaque en règle contre le SYNADEC. Que doivent penser les militants du SYNADEC du contenu des deux documents parus le même jour sous la houlette de la CGT-B ?

Les deux déclarations sont complémentaires dans la forme et le contenu. Le collectif a toutefois eu la pudeur de ne pas citer nommément le SYNADEC qu’il préfère classer sans doute parmi ceux qu’il désigne comme « les partisans des sanctions sans appel ». Il prend prétexte des conditions de vie et d’études au Burkina Faso pour désapprouver et condamner les sanctions prises par le Conseil de discipline de l’Université de Koudougou. Il dénonce avec véhémence le décret 2012-646 du 24 juillet 2012 portant régime disciplinaire applicable aux étudiants et aux candidats aux examens et concours organisés par les universités publiques du Burkina Faso, qu’il qualifie de texte de circonstance dont la finalité répressive et antisyndicale est clairement révélée par les dispositions qui y sont contenues, et de texte liberticide.

La F-SYNTER, elle, s’est livrée à une attaque en règle ouverte contre le SYNADEC où les amalgames sont volontairement faits pour masquer la vérité des faits. Elle insiste particulièrement sur la sempiternelle question des conditions de vie et d’études au Burkina en citant au besoin les chercheurs extérieurs, comme pour dire que l’adoubement du regard extérieur donne un caractère universel aux affirmations longuement ressassées depuis l’ANEB jusque dans l’arène des centrales syndicales. Le SYNADEC est accusé d’avoir manifesté pour appeler à réprimer une autre organisation syndicale de l’enseignement supérieur. La F-SYNTER affirme que le SYNADEC s’est impliqué par l’entremise de Mahamoudou OUBDA, membre du bureau national du SYNADEC, dans les tentatives de sape de la grève des étudiants ; qu’il a collaboré au Conseil de discipline pour réprimer les étudiants et qu’il a appelé à travers une grève de 72 heures, à manifester pour le maintien des sanctions contre les militants de l’ANEB. Le SYNADEC est présenté comme le syndicat qui acclame les textes et mesures liberticides du pouvoir, ce syndicat collaborant avec les tenants du pouvoir qui broient de l’étudiant. C’est le syndicat qui regrouperait des enseignants qui « manquent de discernement » et qui « se lancent dans une aventure périlleuse et perplexe ».

Le collectif des syndicats et la F-SYNTER, signataires des deux déclarations, sont prompts à rappeler l’histoire nationale. Mais ils semblent oublieux de l’histoire de leurs propres luttes. Depuis l’odieux assassinat de Norbert Zongo le 13 décembre 1998, ils luttent avec d’autres organisations de la société civile et de partis politiques d’opposition contre l’impunité, les exécutions extra-judiciaires, la violence sous toutes ses formes et l’injustice en général. Aujourd’hui, nous nous trouvons en face d’un cas de délit qui mérite que la justice institutionnelle se prononce pour éviter de laisser impuni un délit qui en encouragerait d’autres. Et voici que les défenseurs de la justice et de la liberté dénoncent la décision d’un organe délibérant qu’ils jugent excessive et que la F-SYNTER, partisane de l’impunité, assimile platement à un écrasement d’étudiants par les impuissances impérialistes auxquels le SYNADEC se serait inféodé. C’est à croire que la F-SYNTER a l’intention d’endoctriner élèves et étudiants tout en encourageant, en leur nom, la violence comme mode d’expression et de revendication. La F-SYNTER aurait-elle donc sa part de responsabilité dans ces forfaits de violence, ce qui l’amène à encourager l’impunité ? Ne pas soutenir les auteurs des violences, c’est courir le risque qu’à l’avenir, la F-SYNTER ne soit plus en mesure de mobiliser l’armada des élèves et étudiants pour exercer dans les rues la violence afin de se faire entendre.

Face à cette coalition de « circonstance » pour reprendre le terme du collectif syndical, nous rappelons ceci :
Le SYNADEC, fidèle à ses principes de respect de la diversité de la pensée, n´a jamais porté de jugement sur les analyses, attitudes et actions d´autres syndicats ; au contraire, il a toujours recherché l´unité d´action, tendant la main aux autres syndicats chaque fois que cela était possible et souhaitable. Mais il a aussi su faire chemin seul, quand les divergences de vue étaient trop profondes pour permettre l´unité d´action. Et c’est toujours dans le souci de respect des autres et de leurs opinions et pour éviter les tiraillements inutiles sur des questions d’importance qu’il a opté quelquefois de faire chemin seul, et surtout sans la F-SYNTER. Ce qui s’avère une excellence vision.

L´appréciation de la situation actuelle est un de ces cas de divergences de vue. Mais avant de se prononcer sur le fond de ces divergences, quelques mots sur la forme :
Un syndicat d´enseignants (la F-SYNTER) prend la défense d´une organisation estudiantine (l´ANEB) contre un autre syndicat d´enseignants (le SYNADEC). L’ANEB est donc présentée comme la victime innocente des attaques et de la complicité du SYNADEC avec les tenants du pouvoir dont l’hostilité aux étudiants ne serait plus à démontrer. Pourtant, le SYNADEC ne s´en est JAMAIS pris à l´ANEB, pas plus dans le passé qu’aujourd´hui, contrairement à ce que l´écrit de la F-SYNTER affirme clairement. Monsieur Mahamoudou OUBDA, un membre du SYNADEC, élu au poste de commissaire aux comptes, a toujours clamé son innocence face aux allégations tendancieuses des étudiants en disant :
« Devant le Conseil de discipline, j’ai soutenu n’avoir aucune critique particulière à l’endroit de l’ANEB et de ses militants car étant moi-même membre du bureau national d’un syndicat d’enseignant-chercheurs en l’occurrence le SYNADEC, je ne peux être mécontent de constater que des étudiants s’initient au syndicalisme. L’auteur de mon agression, c’est Francis NIKIEMA. C’est de lui que je peux dire sans risque de me tromper qu’il m’a violenté et c’est contre lui que j’ai porté plainte auprès du procureur du Faso le lendemain de mon agression. »

L’attitude de Monsieur Oubda est toute citoyenne. Elle a consisté à saisir la justice en vue de la réparation du tort qui lui a été causé. Celle des étudiants de l’ANEB a été de se rendre justice, de convoquer l’enseignant devant leur propre tribunal pour lui infliger la correction qui leur sied. Et voici que la F-SYNTER soutient honteusement l’attitude de hors-la-loi des étudiants. Or, Monsieur Oubda fait bien la part des choses entre l’ANEB, organisation estudiantine contre laquelle il n’a aucun reproche, et l’individu Francis Nikiéma qui l’a violenté et qui est l’objet de sa plainte. La F-SYNTER, faisant l’amalgame entre la personne physique de Francis Nikiéma et l’ANEB, extrapole en affirmant que c’est le SYNADEC qui s’est attaqué à l’ANEB. Elle sort donc la hache de guerre contre le SYNADEC en lui prêtant les intentions les plus abjectes de fauteurs de troubles et l’accuse d’attaquer une organisation estudiantine, dont elle, F-SYNTER, est prête à prendre la défense à tout prix et sans discernement.

C´est la première fois dans l´histoire syndicale du Burkina Faso que des organisations syndicales se liguent contre un syndicat qui, pourtant, a toujours eu du respect pour toute organisation de travailleurs. La déclaration du collectif syndical est signée même par des syndicats du système éducatif qui cautionnent par cet acte le délit de violence de la part des étudiants, de surcroît un délit de violence sur un enseignant ! Où plaçons-nous le rôle de l’enseignant dans le système éducatif ? Quand en France, des élèves injurient, giflent, tabassent même leurs professeurs, brisant leur moral pour toute leur carrière, est-ce la faute à ces enseignants ? Quand, aux États-Unis, des élèves armés viennent tirer à tout bout de champ sur leurs camarades dans les collèges, dans les universités, à qui la faute ? Aux enseignants qui ont manqué d’autorité ? La F-SYNTER parle d’autorité du maître qui doit être le « résultat d’une confiance acquise ». Les enseignants de ces pays se sont-ils montrés agressifs, répressifs vis-à-vis des élèves et étudiants ? Des situations de ce genre n’arrivent pas qu’aux autres ! C’est pourquoi dans tous les systèmes éducatifs du monde entier, il est prévu de sanctionner à la fois dans le sens pédagogique et dans le sens disciplinaire la faute reconnue de l’élève. Le degré de la sanction est fonction de la faute. Il est curieux de voir qu’à la F-SYNTER on est allergique à toute sanction contre une certaine catégorie d’étudiants, les militants de l’ANEB, que l’on adoube du sceau de la sainteté et de leur vivant !

Par ailleurs, il paraît curieux que ce soit seulement aujourd’hui (à l’occasion de l’application des sanctions par le Conseil de discipline) que la F-SYNTER et ses alliés se rendent brusquement compte que ledit décret est liberticide et destiné à broyer de l’étudiant. Le décret 2012-646 a été signé le 24 juillet 2012 et appliqué le 3 octobre 2012, soit plus de deux mois après. S’agit-il d’une myopie infantile ou d’une stratégie de la F-SYNTER visant à se dédouaner vis-à-vis d’étudiants qu’elle a induits en erreur et ainsi sacrifiés pour des raisons inavouées et inavouables ? La défense sincère de la cause des étudiants aurait voulu que ce syndicat attaque le décret dès sa parution. Il semble donc que qu’il y ait une instrumentalisation de la chose. Nous rappelons aimablement à la F-SYNTHER que le SYNADEC n’approuve pas non plus ledit décret, mais qu’il exige sa ferme application en attendant sa révision éventuelle pour application à d’autres cas d’agression avérés.

Le SYNADEC s´étonne de la virulence des propos de la F-SYNTER qui a vite franchi le pas d´accuser un syndicat du supérieur de tomber dans l’indélicatesse d’affronter un syndicat d’étudiants, d’initier un « nouveau type de syndicalisme qui fait semblant de ne pas voir les dégâts de la politique de l’enseignement supérieur en prêtant main forte au pouvoir pour broyer les victimes de l’enseignement supérieur ». Or, il y a seulement trois ans, ce même SYNTER qui a honteusement esquivé la lutte pour la revalorisation, suppliait le SYNADEC qui menait son « nouveau type de syndicalisme » de l’associer à sa lutte pour la revalorisation du statut des enseignants-chercheurs. En 2010-2011, ces mêmes supplications ont abouti à ce que nous produisions ensemble un document que la F-SYNTER brandit partout où besoin est, comme le fruit de sa participation à la revalorisation du statut de l’enseignant-chercheur du Burkina Faso suite à son introduction par effraction dans la lutte pour la revalorisation bien après que nos militants aient été lourdement sanctionnés. Si le SYNADEC avait un tel visage aussi jauni et honni pourquoi la F-SYNTER a-t-elle tant insisté pour mener avec lui des actions unitaires ? La F-SYNTER traite en filigrane le SYNADEC d’allié du pouvoir en place, le syndicat qui aide les tenants du pouvoir à broyer de l’étudiant. Nous prenons acte de ces accusations et de ces stigmatisations jetées à notre face tout en lui rappelant que le SYNADEC est à l’origine de la grève, certes la plus longue (trois mois en 2009), mais la plus productive parce qu’ayant accouché d’un degré de revalorisation ces dernières années.

Le SYNADEC entend réaffirmer simplement un principe : de même qu´il estime avoir le droit de penser autrement et de formuler publiquement sa pensée, de même il reconnaît ce droit aux autres syndicats et le respecte. Il précise toutefois qu´il est prêt à se battre pour la défense de ce droit. Il ne déviera pas non plus du principe de défendre les intérêts des enseignants-chercheurs et leur intégrité physique face à toutes les forces susceptibles de leur porter atteinte.

Le SYNADEC réitère sa position : Il est hors de question que la violence, de quelque partie qu´elle vienne, ne devienne sur les campus un mode toléré de règlement de conflits. Il n´est ni intellectuellement juste, ni socialement correct de chercher à justifier la violence exercée sur un enseignant par les difficiles conditions de vie et d´études. Ces conditions de vie que tout le monde reconnaît comme déplorables doivent-elles justifier que des étudiants s’attaquent impunément à un enseignant et qu’ils répriment ceux d’entre leurs camarades qui ont désapprouvé la violence exercée sur un enseignant ? Lorsque le Ministre des Enseignements est passé à Koudougou pour s’enquérir de la situation, sur 20 étudiants ayant pris la parole, 12 ont insisté pour que les sanctions soient maintenues. Le SYNADEC pensait que la création d´associations de travailleurs était, entre autres raisons, le moyen d´éviter les règlements de compte. La F-SYNTER semble vouloir enseigner autre chose…

La F-SYNTER met dans le même sac le SYNADEC et le Conseil de discipline de l´UK, rapprochement qui tend insidieusement à « mettre dans la bouche » de l´un les propos de l´autre.

Quand des individus prennent en otages les organisations dites authentiques d’étudiants ou de travailleurs et en font un abus de pouvoir, il faut avoir le courage de les dénoncer et de les démettre de leur poste. Ceci est vrai des syndicats des étudiants et des travailleurs. La F-SYNTER aurait mieux fait de reconnaître dans l’ANEB, dans l’UGEB et dans son sein propre que tout n’est pas parfait et qu’il y a nécessité à redresser la barre au constat des forfaitures du genre que l’on a constaté sur la personne de Monsieur Mahamoudou Oubda. Hier des étudiants, en manifestant, ont cassé le nez d’une dame secrétaire à la présidence de l’Université. Des étudiants de l’ANEB ont poursuivi un étudiant d’une autre organisation jusque dans le Bureau d’un enseignant et, sans réserve pour le respect dû à l’autorité de l’enseignant et de l’aîné, l’ont violenté alors qu’il s’était jeté dans les bras de l’enseignant. Tout cela a été traité par le SYNTER d’alors comme de simples incidents, de simples désagréments causés à autrui et qui ne méritent pas punition. Quand on lutte contre l’impunité, on doit avoir un esprit impartial et c’est dans toutes les sphères de la société qu’il faut rechercher les maux qui minent cette société afin de les corriger par la sanction. Quand on lutte contre l’impunité, on ne doit pas tolérer dans ses propres rangs les actes délictueux susceptibles de ternir son image, même si ces actes sont posés par des individus relevant d’organisations alliées auxquelles on doit sa survie syndicale sur le campus.

Le SYNADEC, tout en restant fidèle à ses principes et impassibles aux accusations minables, réaffirme qu’il accorde la plus grande importance à l’application effective des sanctions contre les étudiants agresseurs. Et il veillera à cela.

Pour le Bureau National du SYNADEC

Le Secrétaire Général

Pr Magloire SOME »

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