Actualités :: Licence Master Doctorat : Les difficiles pas d’une expérimentation

Licence Master Doctorat, le nouveau système d’enseignement est en cours à l’université de Ouagadougou. Plus de deux milles étudiants sont inscrits en Sciences et Technologies, une nouvelle filière d’enseignement qui a concerné des étudiants des Unités de Formation et de Recherche en Sciences de la Vie et de la Terre et en Sciences Exactes et Appliquées (UFR/ SVT et SEA). Le premier semestre (S1) du LMD s’est achevé dans un climat plutôt d’inquiétudes et d’incertitudes pour les étudiants.

Ils sont exactement 2075 étudiants à être inscrits en Sciences et Technologie (ST) à la rentrée académique 2009-2010. Ce domaine d’étude qui se situe entre les UFR/SVT et SEA sert à la phase pilote de l’application du système Licence Master Doctorat, sous la coordination d’un comité technique présidé par le Pr. Touré Hamidou. Les enseignements au S1 se sont déroulés en tronc commun pour les 2075 étudiants. Parmi eux, se trouvent des étudiants doublants des promotions de première année SEA et SVT et de nouveaux arrivants qui désiraient s’inscrire dans ces deux UFR.

Au terme des deux sessions (la session normale et la session de rattrapage) du premier semestre, 652 étudiants ont validé le semestre et étaient en droit de s’inscrire au S2 alors que plus de mille étudiants ont validé seulement partiellement le semestre. C’est le point de départ d’une confusion chez les étudiants et particulièrement pour ceux qui n’ont pas réussi à valider leur semestre. Pendant que ceux qui ont validé leur semestre s’affairaient pour leurs inscriptions pédagogiques en SVT ou en SEA pour le S2, les autres s’interrogeaient sur la suite à donner à leur année académique. Selon les étudiants, aucune information officielle n’a été donnée en ce moment aux ajournés de la session de rattrapage, laissant chaque étudiant aller de son interprétation personnelle des textes. Certains étudiants étaient au bord de l’affolement, jugeant qu’ils avaient perdu une année alors même que l’année académique n’avait pas encore pris son envol dans les autres facultés de l’université.

Fallait-il attendre la rentrée prochaine pour s’inscrire de nouveau en S1, s’interrogeaient-ils ? Les autorités ne s’étaient pas encore exprimées sur la suite à donner, que les uns s’empressèrent de négocier un transfert vers d’autres UFR, d’autres décidèrent de suivre les cours en SEA ou en SVT en attendant d’être situés et certains ont tout simplement regagné la maison. Le 29 juin, petit ouf de soulagement. Quatre membres du comité technique ont rencontré les étudiants pour les informer que tout le groupe préalablement inscrit au S1 peut s’inscrire au S2. Normalement pour passer du S1 au S2, selon le coordonnateur le Pr. Touré, il faut valider le S1. Cependant, ajoute-t-il, le principe général et la flexibilité du système offrent à l’étudiant l’avantage de s’inscrire au semestre suivant, même quand il n’a pas validé son semestre.

Le Professeur Touré Hamidou, coordonnateur de la mise en oeuvre de la reforme LMD

Dans ce cas, l’étudiant s’inscrit seulement pour les Unités d’Enseignements (UE) qui n’exigent pas de prérequis ou dont il a déjà validé les prérequis. Entre les semestres 1 et 2 de Sciences et technologies, le principe des prérequis n’était pas une condition exigible. Il ne s’agit pas là d’une dérogation, a précisé le Pr. Touré. C’est l’organisation de l’enseignement en ST, a-t-il expliqué, qui a permis une autonomie entre les UE de S1 et celles de S2, ce qui annule la condition des prérequis. Les étudiants ayant validé ou non leur semestre ont donc tous été admis au S2 dans les mêmes conditions et pour suivre les mêmes enseignements. Mais les étudiants concernés qui n’ont pas validé des unités d’enseignements devront s’inscrire à la rentrée prochaine prioritairement en S1 pour valider ces unités.

Tentative d’explication du système LMD par un groupe d’étudiants inscrits
Le régime applicable aux apprenants constitue un autre souci pour les étudiants. En effet les étudiants inscrits au système LMD sont régis par l’un des deux régimes : le régime normal des études et le régime salarié. Le régime normal des études s’accompagne d’une limitation de contrat entre l’apprenant et l’université. Ainsi, après cinq ans, l’étudiant qui n’a pas validé sa licence perd le profit du régime normal des études.

Il peut s’inscrire sous le régime salarié. La durée du contrat est de trois ans pour le Master en régime normal des études par contre la durée du contrat est illimitée en régime salarié. Les textes stipulent que l’apprenant inscrit sous le régime salarié participe à sa formation. Par cette " participation ", l’apprenant en régime salarié paie 50.000F CFA annuellement pour son inscription administrative et 25.000Fcfa à chaque inscription pédagogique (semestrielle). Les étudiants en régime normal des études s’inscrivent à 15.000F CFA annuellement. Avec l’abrogation des dérogations, l’expérience vécue en ce début d’application, des étudiants comme Bienvenu Sawadogo estiment que la limitation du contrat en régime normal des études constitue une mesure d’exclusion pour beaucoup.

Chapelet de récriminations

Au moment où les étudiants entament le deuxième semestre, c’est un chapelet de récriminations qui est égrainé contre le LMD. Sylvain Ouédraogo inscrit en S2 se plaint de la pression exercée sur les étudiants. "Les professeurs donnent l’impression d’être pressés et les cours sont moins détaillés." dit-il. Le temps de 15 semaines (soit 12 semaines de cours et 3 semaines d’évaluation) à accorder au semestre n’a pas été respecté, déplore un autre étudiant Boureima Zongo. Les cours du S1 ont commencé en début février et les évaluations ont débuté en avril, soit un peu plus d’un mois après le début des cours. Les cours se sont poursuivis jusqu’au 8 avril. Les deux sessions du S1 ont pris fin au début du mois de mai et c’est le 10 du même mois, selon le coordonnateur, que le deuxième semestre a commencé.

Ce programme reconnaît le Pr. Touré n’a pas respecté les 15 semaines requises pour un semestre mais cela se justifierait parce que le programme a été contracté pour tenir compte du temps perdu à la rentrée au niveau de l’ensemble de l’université. Les étudiants évoquent également les programmes qui selon eux est très vaste puisqu’il résulte d’un cumul d’anciens programmes de trois départements que sont Mathématique Physique Chimie (MPC), Math Physique Informatique (MPI) et Chimie Biologie, Biochimie Géologie (CBBG). Le Pr. Touré estime pourtant que le programme a été suffisamment allégé et n’est pas un simple regroupement des anciens programmes des trois promotions. Les cours selon le Pr. Touré ont été revus dans le cadre d’une relecture des curricula et certains nouveaux cours ont été adoptés. Les cours de techniques documentaires, Anglais scientifique et l’informatique ont été ajoutés au programme.

Certains cours n’ont pas pu être dispensés

Le cours d’informatique n’a pas pu être dispensé au premier semestre. La raison, selon le coordonnateur, est l’insuffisance du mobilier informatique. Avec la mise en service du centre de ressources informatiques qui est en cours avec son équipement d’une centaine d’ordinateurs, le Pr. Touré rassure que les cours d’informatique seront effectifs au deuxième semestre. C’est un cours qui est très attendu par les étudiants dont une bonne partie a des connaissances encore très limitées sur l’outil informatique. Un travail personnel très consistant est demandé aux étudiants pour compléter les cours et pour ces derniers donc, la maîtrise de l’informatique est un outil essentiel notamment pour accéder à internet. Le premier semestre s’est déroulé sans travaux pratiques ni travaux dirigés et selon Mahamadi Rouamba, certains enseignants renvoient les étudiants à des adresses de sites internet d’instituts ou d’universités pour y chercher des compléments de cours ou des exercices d’application.

Pour beaucoup d’étudiants, c’est le début du désenchantement. Les résultats cumulés des deux sessions S1 et les peines endurées ont fait envoler leurs espoirs et leur confiance en un système qui ne fait pas l’unanimité et qui va encore chercher ses marques pendant longtemps. A l’écoute des étudiants, le système LMD reste encore incompris ou mal compris pour bon nombre d’entre eux y compris ceux qui y sont inscrits depuis cette année académique. Le Pr. Touré avec son comité technique, conscient de ce fait, rencontre ou reçoit régulièrement les étudiants pour répondre à leurs préoccupations. A la dernière rencontre le 29 juin, les étudiants ont eu beaucoup de questions sur le système et des interrogations sur leur avenir, a confié le Pr. Touré. Selon le Pr.les résultats ne sont pas satisfaisants. C’est environ 30% de succès au premier semestre. Les étudiants s’interrogent sur ce taux qui ne confirme pas l’ambition du LMD de baisser le taux d’échecs mais ils disent aussi "attendre des explications de ces échecs" de la part de l’administration.

Un nouveau découpage des enseignements

L’enseignement en LMD repose sur deux grands principes : la semestrialisation et la capitalisation. La semestrialisation est le découpage de l’année académique en deux semestres. La durée périodique de base de l’enseignement n’est plus l’année mais plutôt le semestre. D’un semestre à un autre, l’étudiant fait une inscription pédagogique pour suivre un certain nombre d’Unités d’enseignements dans le semestre. Un parcours de formation est constitué par une suite de semestres pédagogiques. Le parcours de Licence comporte six semestres soit 180 crédits, le parcours de Master est de quatre semestres soit 120 crédits et le parcours de Doctorat, six semestres soit 180 crédits. Le crédit mesure la charge de travail de l’étudiant et est de 20 heures à 24 heures en moyenne. Ce travail est constitué de cours, de travaux pratiques ou dirigés, de stages, …, de travail personnel.

L’Unité d’Enseignement (UE) est un ensemble de disciplines (matières) réunis suivant une cohérence scientifique et pédagogique. Le LMD admet la compensation inter-UE à l’intérieur d’un même semestre. Grâce à la capitalisation, les UE validés se conservent définitivement. Si la moyenne pondérée des UE d’un même semestre est supérieure ou égale à la moyenne requise, le semestre est validé et les UE sont ainsi capitalisées.
La refondation de l’Université de Ouagadougou en 2000 avait débaptisé les Facultés en Unités de Formation et de Recherche (UFR). Avec la réforme LMD, l’université est réorganisée en six domaines d’études. Il s’agit de : Lettres, Langues et Art ; Sciences de l’Homme et de la Société ; Sciences Economiques et de Gestion ; Sciences Juridiques, Politiques et de l’Administration ; Sciences et Technologies ; Sciences de la Santé. A partir de 2011, tout le reste des filières de l’Université de Ouagadougou devraient basculer dans la reforme LMD.

Selon le Pr. Touré, coordonnateur de la réforme, de la mise en œuvre du LMD, des commissions sont à pied d’oeuvre pour élaborer des curricula et des offres de formations et bientôt des ateliers de validation auront lieu aux niveaux des UFR et les propositions seront ensuite transmises au Conseil scientifique de l’université.

Par Boukari Ouoba

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