Actualités :: Différend foncier entre agriculteurs et éleveurs à Léfourba : L’interpellation (...)

Le village de Léfourba, dans la commune rurale de Sabcé, situé à une trentaine de kilomètres à l’est de Kongoussi, chef-lieu de la province du Bam, a vécu des heures chaudes dans la nuit du 03 au 04 juin 2010. A l’origine, un différend foncier qui oppose les habitants de Léfourba Mossé à ceux de Léfourba Foulbé. C’est en voulant cultiver sur le terrain litigeux que cinq agriculteurs ont été interpellés. En represailles, les agriculteurs ont chassé les éleveurs peulhs et incendié leurs habitations. On déplore d’importants dégâts matériels.

Des sources concordantes, l’origine du différend qui oppose les agriculteurs du village de Léfourba Mossé aux éleveurs peulhs de Léfourba Foulbé date de depuis 2004. Selon une source proche du Tribunal de grande instance (TGI) de Kongoussi, le terrain, cause des affrontements est une piste à bétail dont les agriculteurs réclament la propriété.

C’est à partir de ce moment que commence une série de négociations-conciliations entre les agriculteurs et éleveurs, chacun se disant être propriétaire du terrain. Mais à chaque fois, selon le représentant des agriculteurs, le conseiller municipal Saïdou Ouédraogo, les éleveurs ont été déboutés de leur réclamation.

C’est ainsi que ces derniers vont alors s’attacher les services d’un avocat. Car selon le représentant des éleveurs, le conseiller municipal de Léfourba Foulbé, Aliou Diallo, les terres appartenaient à leurs parents depuis plus de 113 ans. Les agriculteurs de Léfourba Mossé vont également faire autant. Une bataille judiciaire va alors s’engager entre les deux parties.

Les éleveurs vont faire appel de chaque jugement, et aujourd’hui, selon le haut-commissaire de la province du Bam, Lamoussa Constant Ouédraogo, le dossier est à la Cour de cassation et le terrain litigieux a été mis sous séquestre. Un dossier pendant donc qui a conduit au drame du 3 au 4 juin 2010, a souligné le préfet du département de Sabcé, Mme Aminata Hien Boro.

Avec l’hivernage, le chef de terre de Léfourba Mossé a ordonné à ses enfants revenus de la Côte d’Ivoire de défricher le terrain mis sous séquestre par la justice, a expliqué le haut-commissaire.

« Dès que j’ai aperçu les agriculteurs sur le terrain, je suis allé voir la police pour leur faire part », a indiqué le conseiller municipal, Aliou Diallo. Pourtant, les agriculteurs affirment avoir un papier de leur avocat les autorisant à exploiter le terrain alors que la Cour de cassation n’a pas encore rendu son verdict. « Nous avons suivi les conseils de notre avocat », a soutenu le conseiller municipal de Léfourba Mossé, Saïdou Ouédraogo.

Un conflit qui couvait

Une source proche du dossier au TGI de Kongoussi indique qu’il y a eu déjà des risques d’affrontement en 2008 et 2009. Mais à chaque fois, les forces de sécurité intervenaient pour rétablir l’ordre et éviter le drame. Cette année, les choses n’ont pas été ainsi.

Après l’alerte faite par des éleveurs, les forces de l’ordre ont, selon M. Saïdou Ouédraogo, interpellé cinq agriculteurs, Noufou Ouédraogo, Jean Ouédraogo, Tibila Madi Ouédraogo, Wend Pouiré Ouédraogo et Napouglba Ouédraogo pour les interroger. « Et à l’absence de leur avocat, il ont été gardés par les forces de l’ordre », a indiqué le haut-commissaire Constant Lamoussa Ouédraogo. « Quelqu’un est venu m’informer qu’ils ont envoyé deux des cinq à la maison d’arrêt », a soutenu M. Saïdou Ouédraogo.

C’est cette « mauvaise information » qui a déclenché la colère des agriculteurs. « le village peulh a été brûlé en représailles à l’arrestation des cinq agriculteurs », a indiqué le conseiller municipal de Léfourba Mossé, Saïdou Ouédraogo.

Ainsi, dans la nuit du 03 au 04 juin 2010, les agriculteurs ont brûlé 13 cases, des huttes, des greniers, blessé deux personnes et causé 74 sinistres.

Pour le haut-commissaire, la valeur pécuniaire des dégâts s’élève à plus de 1,5 million de F CFA. Quelques heures après les affrontements, « la tension était toujours vive », a reconnu le maire de la commune rurale de Sabcé, Mahamoudou Pierre Zoungrana qui a par ailleurs demandé de trouver « une solution rapide pour calmer la population ». Du côté des agriculteurs, la mobilisation était toujours forte à notre arrivée sur les lieux aux environs de 18 heures.

Dans la matinée, « toute la population était mobilisée », a déclaré le haut-commissaire. Les agriculteurs réclament la libération pure et simple de ceux qui ont été interpellés. « Tant qu’on ne libère pas nos compatriotes, nous n’allons pas renoncer », a soutenu Saïdou Ouédraogo.

Les éleveurs disent ne pas comprendre la réaction des agriculteurs qui n’ont pas respecté comme eux la mise sous séquestre du terrain. « Je n’ai fait que mon rôle de conseiller municipal et de responsable du village en allant voir la police », a souligné Aliou Diallo montrant ses blessures, victime de la furie des agriculteurs.

Des mesures pour parer au plus pressé

Devant la détermination des agriculteurs, les autorités provinciales ont mis en place un dispositif sécuritaire pour protéger les habitants de Léfourba Foulbé. Dès les premiers instants des affrontements, les autorités se sont déplacées, a indiqué le préfet du département de Sabcé, Mme Aminata Hien Boro. « Nous avons discuté avec les représentants des deux parties et nous pensons avoir été compris par la population », a estimé le maire de Sabcé.

Une partie des habitants de Léfourba Foulbé a été logée dans une école dans le village de Mafoulou. Là également, un dispositif sécuritaire a été mis en place. « Les populations se sont mobilisées pour leur venir en aide, » a souligné le haut-commissaire de la province. « Nous sommes des voisins et nous leur venons en aide avec de la nourriture », a soutenu Sambo Ouédraogo, habitant de Mafoulou.

Au niveau régional, l’action sociale est en train de voir dans quelle mesure elle pourra installer des tentes pour soulager ceux qui ont perdu leur maison. Il faut également de la nourriture puisque les greniers sont partis en fumée.

Moumini YAMEOGO (yambaz@yahoo.fr)

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