Actualités :: Droit de réponse : Profanation de tombe à Bindé

Dans le Sidwaya n°6626 du 09 mars 2010, un article de Sidgomdé a relaté le déroulement du « procès affaire de profanation de tombe à Bindé » dans la rubrique “Faits divers”.

Lorsque l’on parcourt l’article, l’on reste stupéfait devant certains commentaires et affirmations et un fort sentiment de dégoût se dégage quant au risque de banalisation d’un fait aussi gravissime. A la limite, on suspecterait une volonté de noyer le poisson dans l’eau et surtout de faire passer le bourreau pour la victime. Aussi voudrions-nous poser un certain nombre de questions pour notre compréhension et pour la compréhension de l’opinion publique.

Premièrement : comment peut-on soutenir que le fait de vouloir soigner un malade peut excuser une profanation de tombe en invoquant une prétendue « conscience populaire » qui ne condamnerait pas un tel acte ? Nous aimerions savoir depuis quand et dans quel terroir moaga, la conscience populaire tolère une profanation de tombe, fut-ce pour guérir un malade ?

Si tel est le cas, nos morts ne pourront plus reposer en paix et chacun devra user des voies et moyens qui lui sont propres pour protéger les tombes des siens contre cette race de “guérisseurs”. Non Sidgomdé, ce n’est pas vrai, il n’existe pas une conscience populaire, en tout cas pas dans le terroir mossi ici concerné qui ne condamne pas l’acte de profanation.

Ceux qui avancent une telle thèse peuvent-ils nous dire quel écho l’affaire a eu à Bindé quand elle a été sue par les populations ? Deuxièment : peut-on parler d’un acharnement pour des faits totalement indépendants ? Un justiciable qui a été astreint devant un tribunal pour coups et blessures ou tout autre motif, doit-il être exonéré de poursuites pour d’éventuels délits et crimes qu’il viendrait à commettre postérieurement ?

Troisièment : que vient chercher cette histoire de chefferie dans les affaires qui auraient amené HC à deux reprises devant le Tribunal ? pendant que nous y sommes, quelle valeur juridique recouvre la notion de canton en dehors du conventionnel et quelles obligations citoyennes s’y rattachent-elles ? A supposer même qu’il ait été question de chefferie, quel rapport y a-t-il entre cette question et la profanation d’une tombe ? Quatrièment, de quelle mobilisation d’administrés du chef de Bindé Sidgomdé fait-il cas ?

Sur quelle base peut-on avancer que tous ceux qui ont assisté au procès étaient des administrés du chef de Bindé puisque personne ne portait un signe distinctif donnant lieu de preuve ? Ne pensez-vous pas que le sujet du procès en lui seul suffisait pour mobiliser autant de monde, aussi bien des partisans que des contempteurs du chef et qui plus est de simples curieux ? Sur quel critère a-t’on jugé l’état d’âme du Tribunal et comment suspend-on un procès après le verdict ?

Au demeurant il nous semble que ce n’était pas la première fois que ce chef se retrouvait devant un Tribunal. Si donc il y avait à craindre, ç’aurait été lors de sa première comparution qui pourtant, se serait déroulée sans aucun problème.

Dans le même ordre d’idée, il n’y a aucun parallèle à établir entre le jugement du chef de Ziou et celui du chef de Bindé. Dans le premier cas, la simple interpellation du chef de Ziou avait suffi à provoquer des troubles dont la presse s’était fait l’écho, alors que dans le second cas, personne n’a rapporté une quelconque velléité de manifestation à Bindé. Attention, ressemblance n’est pas identité !

Au total, il convient de condamner fermement toute volonté de banalisation d’un acte aussi répugnant que celui de la profanation d’une tombe et surtout de rejeter toute tentative de trouver des excuses à un tel acte.

Chacun devra se mettre à la place de ceux dont la tombe d’un des leurs a été profanée et imaginer la douleur que cela a pu produire en eux. Les morts sont sacrés, tout ce qui s’y rattache est sacré en l’occurrence la tombe, dernière demeure de tout être humain ; c’est ce que retient la conscience populaire et pas autre chose.

Karim ZOUNGRANA

Sidwaya

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