Actualités :: LA FEMME AFRICAINE ET LE 8-MARS : Ne pas se tromper de combat

"Femme noire, femme africaine, Ô toi Daman, Ô toi ma mère". Qui ne se souvient de ce poème de Camara Laye, tiré de son célèbre roman « L’enfant noir » ? Un vibrant hommage à la femme qui donne la vie et qui, d’une certaine façon, porte le monde. L’humanité, il y a cent ans, lui a été reconnaissante à tel point qu’elle lui a consacré une journée internationale, le 8 mars. Cela fait donc un siècle que chaque nation, chaque homme et bien entendu chaque femme marquent cette halte pour scruter l’horizon des défis à relever. Il s’agit d’assurer l’émancipation de la seconde moitié du ciel de toutes ces pesanteurs socioculturelles et politiques qui l’empêchent d’occuper la place et la fonction qui devraient lui revenir au sein de la société et d’affirmer sa personnalité.

Le 8 mars n’est donc pas la multitude de "djandjobas" organisés dans les quartiers populaires, à l’occasion desquels, c’est à celle qui aura la meilleure coupe de robe ou de coiffure assortie. C’est d’ailleurs l’occasion pour certaines femmes leaders d’étaler leurs capacités de mobilisation. Derrière ces masques, se cachent le plus souvent des rabatteuses d’électrices qui, le plus souvent, ne feront jamais attention au thème de la journée, bien écrit sur les pagnes, pourtant. Le 8 mars, ce n’est pas cette façon de faire. Car elle fait facilement perdre de vue les enjeux, les combats à mener et les victoires à conquérir. Malgré les difficultés, la situation s’améliore, n’en déplaise aux machos qui ont peur de perdre quelques privilèges.

Le mouvement est en marche mais il ne dépend que des femmes qu’il s’accélère ou qu’il se grippe. L’approche genre telle qu’elle est promue actuellement dans le secteur de l’éducation est porteuse de beaucoup d’espérances. Plus de filles à l’école et pendant longtemps avec en ligne de mire des diplômées en fin de cycle, compétentes et prêtes à servir partout où besoin sera. C’est un processus qu’il faut soutenir dans la durée tout comme la loi sur le quota genre adoptée par l’Assemblée nationale du Burkina.

Sa mise en œuvre paraît encore difficile, mais l’idée qui la sous-tend est généreuse. Et là également, il ne dépend que des femmes pour que cette loi fasse tache d’huile. Le législateur a voulu une représentation plus large des femmes sur les listes des candidats des partis politiques aux élections locales et législatives. Vont-elles attendre que l’on vienne les recruter au lieu de prendre d’assauts lesdits partis et de s’organiser pour avoir le meilleur positionnement possible ? Pour une fois, on leur offre légalement la possibilité de quitter le statut passif de l’électrice, voire de bétail électoral, pour devenir des actrices de premier plan.

C’est un défi important qu’il leur faudra relever. Le comportement que les femmes adopteront par rapport à cette perche tendue par le législateur sera déterminant pour le succès de tous les autres dispositifs à mettre en œuvre dans le cadre de la promotion de l’approche genre. Elle ne doivent pas se tromper de combat. De fait, les femmes africaines doivent se battre d’abord contre elles-mêmes. Elles doivent dompter leur égo et leur égoïsme, leur propension à la facilité, cultiver le goût du mérite, etc. Leurs capacités d’appropriation des réglementations et des dispositifs législatifs en leur faveur détermineront la vitesse de réduction des écarts entre hommes et femmes.

Déjà, en quelques années, le statut de la femme rurale s’améliore à travers la multiplication des financements en faveur des microprojets. Un empowerment qui leur permet de se créer des revenus et qui leur facilite la vie en terme d’adoption de nouvelles technologies de production. Il faut donc des résultats, seul thermomètre de l’efficacité des appuis multiformes qui sont concédés pour l’épanouissement de la femme. Car il n’y a pas de raison que l’on multiplie les discriminations positives si les précédentes restent sans impact réel sur l’amélioration des conditions de la gente féminine.

Par Abdoulaye TAO

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