Le samedi 19 juin 2004, le Centre culturel français Georges
Méliès, l’Association Graines d’Artistes et l’Atelier Lagaré offrent
un spectacle, inédit dans sa conception, au public de
Ouagadougou.
En effet, la célèbre pièce de Samuel Beckett
sera présentée au public, dans une mise en scène de Alimata
Salouka/Koné, une metteur en scène et comédienne burkinabè
qu’on ne présente plus.
La fatalité. C’est à ce triste sort que sont abonnées nombre de
catégories sociales. Généralement classés dans les couches
des pauvres, ou des moins nantis pour faire un peu plus
pudique, ces hommes et femmes font peu de choses pour
s’extirper de leur situation de "misères de l’humanité". Ou alors
ils se confient à Dieu et attendent, tout comme ces peuples
pompeusement qualifiés de pays en voie de développement qui
attendent.
"Ces pays du tiers-monde qui espèrent trop de l’aide
internationale, ces millions de personnes qui attendent que
d’autres réfléchissent à leur place, que d’autres personnes
prennent des décisions et aussi ces millions d’individus qui ont
peur d’affronter le test du dépistage du Sida..." Et tout ce beau
monde, "en attendant Godot", n’entreprend rien. Pourtant Godot
viendra-t-il un jour ?
C’est à cette problématique étroitement liée au développement
de nos frêles Etats et à l’épanouissement de leurs populations
vivant dans le dénuement presque total et la dépendance ...
dans l’indépendance, que s’attaque la talentueuse Alimata
Salouka/Koné. C’est une initiative qui découle de l’Atelier
international des métiers des arts de la scène (AMAS). Par le
biais de ce cadre d’apprentissage des métiers "techniques" des
arts de la scène en Afrique, nombre de comédiens ont ajouté
des cordes à leur arc et c’est la première édition de ces ateliers
qui a accouché "En attendant Godot".
L’objectif des ateliers est quadruple et consiste à : former des
techniciens des arts de la scène autour d’une création qui
servira de laboratoire d’expérimentation ; rendre compétitif les
techniciens africains des arts de la scène en vue d’assurer une
meilleure présentation des créations africaines ; favoriser
l’expertise africaine et favoriser une intégration africaine par les
arts.
Martine Somé la costumière, Papa Kouyaté le scénographe
et tous les comédiens, ont donné le meilleur d’eux-mêmes au
cours de la création et Alimata Salouka/Koné, la metteur en
scène, reste convaincue que les fruits de leur labeur
n’attendrons pas... Godot pour être cueillis.
Par Morin YAMONGBE
Le Pays
