Actualités :: Procès des "casseurs" : Un apôtre de l’humanitaire au prétoire

Assis à l’avant-poste des prévenus, l’air impensable, le présumé instigateur de la manifestation du 28 février 2008, Nana Tibo, semblait jouer au chef des 184 prévenus le lundi 10 mars 2008 devant le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou. Si l’écrasante majorité des accusés a nié les faits au cours des auditions de la journée, quelques-uns ont reconnu leur forfait dans l’après-midi.

A écouter la majorité des prévenus, ils étaient seulement au mauvais endroit au mauvais moment. Chacun s’appliquait à soutenir que c’est par erreur qu’il a été interpellé par les forces de l’ordre.

"Je suis arrivé de Yamoussokoro le 28 février, j’ai quitté la gare pour appeler mon tuteur dans un télécentre, c’est là qu’on m’a confondu à un manifestant ; la preuve : voici mon ticket de voyage", témoigne à la barre un photographe de 29 ans, Salif Samé.

"J’avais un mal de dent et je me rendais à la recherche d’un remède ; sous l’effet de la douleur, j’ai dû m’arrêter un moment. J’étais accroupi, la tête entre les jambes quand un policier m’a donné un coup au dos et m’a fait embarquer dans un véhicule", soutient Salif Sana.

"Pourquoi à l’enquête préliminaire vous avez refusé de répondre aux questions ?", lui demande la présidente du tribunal, Fatimata Toé/Lori. "Je vous ai dit que j’avais mal à la dent", rétorque le prévenu.

La seule femme jure au nom de Dieu

Aminata Ouanga, 20 ans et secrétaire de profession, est la seule femme parmi les prévenus. Elle a nié avoir cassé les pare-brise d’un véhicule de la police contrairement à ce qui a été dit dans l’enquête préliminaire : "Au nom de Dieu, je n’ai rien fait, la police a menti, elle n’a pas écrit ce que j’ai dit, j’étais arrêtée avec mon beau-frère quand la police est venue m’arrêter".

Malgré l’insistance du tribunal, elle est restée constante dans sa déclaration. Ces genres de négations ont été beaucoup entendues au cours des auditions. C’est à 16h10 que les premiers aveux se feront entendre.

"J’ai pris un pneu et l’ai remis aux manifestants", confesse Simon Moyenga, né en 1982 à Dabo. "Pour faire quoi ?", demande le tribunal, "C’est un pneu de charrette, je l’ai pris pour le faire brûler". Rire dans la salle, les autres détenus secouent la tête, et le procureur Issa Kindo déclare :

"Nous le félicitons pour son courage". Alassane Lalsaga, antérieurement condamné pour vol de chaises, dira aux juges : "J’ai marché mais je n’ai rien détruit".

Assis en première ligne devant le tribunal, l’air impassible, le présumé instigateur des manifestations du 28 février, Tibo Nana, exprimait de temps à autre, par des gestes, sa désapprobation surtout lorsque les accusés disaient avoir été frappés par les forces de l’ordre ou lorsqu’il estimait que la personne à la barre avait été arrêtée pour rien.

Visiblement plus nanti que les autres, il avait devant lui un gros sachet noir rempli d’eau et de sandwich et n’a pas manqué de jouer à l’apôtre de l’humanitaire : en effet, à chaque fois qu’un mineur passait à la barre sans ses parents dans la salle d’audiences, ce qui sous-entendait qu’il n’avait ni mangé ni bu depuis un certain temps, Nana Tibo lui tendait soit un sachet d’eau, soit un sandwich à la fin de son audition. En quelque sorte, c’était comme s’il combattait la vie chère au palais. Ses gestes ont été sans doute salvateurs pour bien de prévenus indigents.

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur

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