Actualités :: Université Paris 8 : Un Burkinabè fait docteur en sciences de l’éducation

Ceci est le compte rendu d’une soutenance de thèse le 7 décembre à l’université Paris VIII d’un compatriote burkinabè du nom de Ablassé Dembèga. Selon l’auteur du compte rendu, Salif Ouédraogo de la maison du Burkina en France, l’impétrant a été élevé au grade de docteur en sciences de l’éducation avec mention "très honorable".

Le vendredi 7 décembre 2007 à partir de 14 h s’est tenue dans la salle D 010 de l’université Saint-Denis Vincennes, la soutenance de la thèse en science de l’éducation de notre compatriote Ablassé Dembèga. Le jury était composé de Marc Pilon, directeur de recherches à l’IRD de Bondy en France, président du jury, d’un autre compatriote, le docteur Maxime Compaoré, chargé de recherches au CNRST de Ouagadougou, de Stéphanie Baux, chercheur associée à l’IRD, et de Antoine Savoye, professeur à l’université Paris VIII, directeur de thèse.

La thèse soumise au jury par M. Dembéga se présente en 2 tomes. Le premier tome, qui comporte 620 pages, constitue le cœur même du travail. Le second, de 384 pages, regroupe la bibliographie et les annexes. L’œuvre a été structurée en quatre parties et huit chapitres. Elle est intitulée "L’école entre l’Etat et l’Eglise : le cas de l’enseignement primaire au Burkina Faso de 1898 à 2007 ".

Il s’agit, en fait, d’une analyse des relations éminemment complexes entre l’Etat et l’Eglise sur le terrain de l’école primaire, avec comme supports théoriques, l’histoire et la sociologie. Ce n’est pas à proprement parler une thèse en histoire des politiques d’enseignement, pas plus une thèse en sociologie de l’école au sens strict, mais une thèse sociohistorique dont le centre de gravité est l’école primaire actuelle, en tant qu’objet de concurrence récurrente de l’Etat et de l’Eglise. La production doctorale de M. Dembéga relève surtout des sciences de l’éducation, domaine scientifique hybride ou pluridisciplinaire dont les objets sont étudiés à la croisée de plusieurs disciplines, avec une prédilection pour l’étude des situations contemporaines. Elle dresse un tableau clair et concis des différentes phases d’affrontement entre l’Etat et l’Eglise à travers une périodisation argumentée : une première phase de 1898 à 1921, qualifiée de rivalité scolaire Etat-Eglise sous influence de loi française de séparation entre l’Etat et les Eglises du 9 mai 1905. Une seconde phase de 1922 à 1969, décrite comme une rivalité Etat-Eglise marquée par le dynamisme de l’Eglise en matière d’enseignement primaire de l’ancienne Haute-Volta. Une troisième phase de 1970 à 1999, considérée comme une rivalité scolaire Etat-Eglise qui s’est traduite par un monopole d’Etat dans le domaine de l’enseignement primaire au Burkina Faso. Une quatrième phase de 2000 à 2007, décrite en anticipation comme une rivalité scolaire latente et presque anonyme.

Une problématique solidement construite

Cet usage de l’histoire est guidé par une problématique solidement construite qui combine objet d’étude et orientation méthodologique en termes de recherche multicausale, tenant compte du jeu des contextes de l’international au local. Deux hypothèses ont été émises, le conflit d’interprétation sur la laïcité d’une part, les effets de cette rivalité sur la scolarisation de l’autre. Dans un passé déjà révélé par d’éminents historiens, le doctorant a trouvé les différents niveaux où se noue la rivalité, et a montré l’emboîtement des facteurs à la résultante desquels se construit et évolue cette rivalité. La spécificité de l’œuvre réside moins dans un apport à la connaissance historique par le traitement de sources que dans le décryptage d’un phénomène envisagé sur la longue durée qui repose sur une documentation large et éprouvée. Son originalité s’exprime par des monographies d’écoles, introduites comme illustration concrète des phénomènes généraux, en vue de combiner un raisonnement macrosocial avec une approche micro- sociale. Cette originalité se dévoile également à travers les documents rassemblés et soigneusement sélectionnés qui révèlent une certaine utilisation intelligente et perspicace des travaux historiques existants.

La sûreté dans le maniement de l’histoire, qui a consisté à éclairer la situation présente en mettant celle-ci en perspective diachronique, a, toutefois, connu une difficulté caractéristique de la perspective sociohistorique. Trouver les modalités de démonstration de l’articulation du passé avec le présent, autrement dit, choisir la façon de rendre compte du présent à l’aide de la connaissance du passé n’a pas été une tâche aisée pour le candidat au grade de docteur. M. Dembèga a opté pour un mode d’exposition purement chronologique, la phase actuelle de la rivalité scolaire Etat-Eglise décrite comme temporairement très atténuée étant rendue intelligible par l’analyse préalable des phases antérieures. Cette méthode est différente de celle dite régressive-progressive mise au point en son temps par Henri Lefèvre, qui consiste à étudier une situation sociale présente au moyen d’instruments de la sociologie ou de l’ethnographie afin de cerner les problèmes contemporains, puis à opérer une régression historique par une plongée dans le passé de ces problèmes, suivie elle-même d’un retour à l’étude du présent, mais désormais armée de la connaissance historique. Ce choix en faveur d’une démonstration chronologique est manifeste de l’expérience et de la connaissance de la situation contemporaine du doctorant. Il a permis de bien comprendre le stade relativement apaisé auquel est parvenue la rivalité scolaire Etat-Eglise, après des périodes où alternent coopération feutrée, concurrence ouverte et antagonisme déclaré allant jusqu’à la rupture.

Objectif atteint

Au total, l’objectif de recherche du doctorant qui consistait à dresser l’état actuel de la rivalité scolaire Etat-Eglise à la lumière de sa longue histoire, peut être considéré comme atteint. Il a mobilisé des sources importantes dont témoignent une riche bibliographie ainsi que les documents annexés. Son oeuvre constitue un apport à la connaissance des tenants et des aboutissants de la rivalité scolaire entre les deux institutions. Elle montre combien l’analyse de cette rivalité ne doit pas se limiter aux seules déterminations locales ou nationales, mais doit intégrer les stratégies et les politiques de dimension internationale dans lesquelles sont pris les acteurs et qui sont par nature évolutives. L’analyse de la genèse du protocole d’accord entre l’Etat et l’Eglise signé le 13 juin 2000, qui n’est d’ailleurs qu’un dénouement provisoire de cette longue histoire, illustre parfaitement le caractère multidimensionnel du phénomène de rivalité scolaire, lequel connaîtra, dans un avenir proche ou lointain, de nouveaux développements dont M. Dembéga se dit prêt à être un observateur aguerri.

Après l’exposé du doctorant et une séquence de questions-réponses d’environ une heure, le jury de la soutenance s’est retiré pour sa délibération. A son retour aux environs de 16h 30mn, le candidat a été convoqué et s’est vu attribuer le grade de docteur en sciences de l’éducation de l’université Paris VIII, avec la mention ’’très honorable". En outre, le jury a émis un avis favorable pour la reproduction de la thèse. La

cérémonie s’est poursuivie par un petit pot offert devant la salle ayant abrité la soutenance. Plus tard, au foyer des étudiants burkinabè connu sous le célébrissime nom de "Fessart", un autre pot a été offert à l’honneur du nouveau docteur. A cette dernière étape, le docteur Ablassé Dembèga a remercié des personnalités de notre pays, notamment SEM Roch Marc Christian Kaboré, SEM Tertius Zongo, Diabré Zéphirin, Moussa Michel Tapsoba, les professeurs Laya Sawadogo et Joseph Paré, Odile Bonkoungou, le Larlé Naba, le Ouidi Naba, M. Seydou, Charles Bila Kaboré, Naba Boulga de Salogo, Naba Sanem de Zorgho, Naba Kontouemgoulbo de Boudry, Seydou Diakité et Philippe Compaoré, chacune d’elles l’ayant soutenu dans la préparation de son oeuvre. Il a remercié Emile Sassé Kaboré, Feu Bikienga Mathias, Jacques Tamalgo et Norbert Ouédraogo de Bilbalogho.

Paris, le 7 décembre 2007

Salif Ouédraogo Communicateur

Maison du Burkina Faso 12, rue Fessart

75019 Paris - France

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