L’organisation du hadj 2007 a été l’occasion de verser à nouveau la figure des musulmans par terre au Faso. Organiser le voyage de quelque 2 000 pèlerins semble avoir été une mer à boire pour la grande communauté musulmane. La sortie du ministre de l’Administration territoriale au détour d’une question orale de l’Assemblée nationale a seulement servi de cache-sexe pour justifier l’injustifiable, ce d’autant plus d’ailleurs que l’honorable député savait que le MATD, qui n’est plus organisateur du hadj, n’avait même pas à répondre à cette question.
Le Burkina étant un pays laïc, l’Etat ne devrait plus se mêler des questions religieuses. Aller à la Mecque étant devenu un chemin de croix pour les fidèles musulmans burkinabè depuis pratiquement une décennie maintenant, il serait grand temps que la communauté musulmane elle-même se penche sérieusement sur la question pour trouver une solution définitive à ce problème qui ne devrait pas en être un tant cette communauté regorge de compétences techniques et intellectuelles. A moins qu’il y ait anguille sous roche, recenser des candidats au pèlerinage, les inscrire, recueillir leurs souscriptions, leur trouver les visas, louer des avions et organiser leur accueil en terre sainte, rien dans ces opérations ne semble être des travaux d’hercule. Et comme malgré les décalages des dates dans le calendrier lunaire on sait au moins qu’il se passe onze mois entre deux pèlerinages, on peut faire un compte à rebours chrono pour l’exécution des différentes phases.
L’illettrisme parfois mis en avant au niveau de certains dirigeants n’est pas une excuse ; l’illettrisme n’étant pas synonyme de manque d’intelligence. Des analphabètes de cette même communauté sont dans le négoce international et mènent des activités prospères. Le problème est donc ailleurs, dans l’organisation de la communauté elle-même. C’est pourquoi il faudra sans doute envisager la possibilité que l’organisation technique du hadj fasse l’objet d’appel d’offres auprès des agences de voyages ou des compagnies de transports aériens, bref des prestataires professionnels de services qui seront justement au service de la communauté. Il n’est d’ailleurs pas exclu que par le simple fait que le hadj ne soit pas du monopole de la communauté musulmane des entrepreneurs privés viennent à proposer leurs services.
Le problème récurrent, qui est celui de la mise en route notamment du transport aérien, ne devrait plus en être un, car, même si Air Afrique a pris du plomb dans l’aile, depuis sa disparition les cieux africains ont été libéralisés et ce ne sont ni les compagnies ni les avions qui manquent. Si le problème n’est pas vraiment à ce niveau, que ceux qui savent parlent pour crever l’abcès. Autrement on conviendrait volontiers que Allah est grand mais que ses fidèles se rapetissent au Faso, à moins qu’ils n’aient cédé par la faute de Ibilis à la tentation d’un grippal hadj business. Dans tous les cas, une grande prière pour exorciser les couacs ne serait pas de trop. Le sacrifice des moutons de la tabaski 2007 serait une bonne une occaz, Inch’Allah.
Journal du jeudi
