Actualités :: Cité-Relais de Bassinko : Des propriétaires terriens crient à l’expropriation

Des résidants du village de Bassinko sont à couteaux tirés avec la mairie de Sig-Noghin et la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers. Et pour cause ! Leurs terres ont été récupérées pour servir de trame d’accueil au profit des déplacés de la cité-relais alors qu’eux-mêmes ne sont pas pris en compte.

C’est ce qu’on affirme en tout cas, à Birghin, un des nombreux quartiers de Bassinko, situé sur l’axe Ouaga-Ouahigouya.

Le gouvernement, dans sa politique de logement, a initié en 1991, des cités-relais qui consistent à lotir et à viabiliser les parcelles pour les rétrocéder aux demandeurs par tirage au sort. Un des exemples de ces cités à Ouagadougou est celle de Nioko I dans le département de Saaba. Si l’opération de Nioko I s’est déroulée sans accroc, celle de Bassinko financée par la coopération néerlandaise ne se passe pas sans problèmes. Le site retenu pour servir de trame d’accueil aux déplacés occupe des terres appartenant aux résidants du quartier Birghin (Nakombogo). C’est du moins ce qu’ils affirment. Et le problème serait que leurs intérêts n’ont pas été pris en compte, d’où leur refus de laisser attribuer les parcelles tant que leurs préoccupations ne sont pas résolues.

Le vendredi 17 août 2007, nous sommes informé qu’ils ont entrepris de déterrer les bornes en signe de protestation. Nous nous déplaçons sur les lieux. Il était environ 10 heures. Nous y trouverons à peu près une trentaine de personnes mobilisées pour l’opération qui, du reste, n’est pas la première. Ils auraient déjà déterré les bornes que les services de la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers est venu fixer avec l’appui de la gendarmerie. "Nous mesurons la portée de l’acte que nous posons. C’est la seule façon pour nous de nous faire entendre, car ni la mairie, ni la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers ne veulent nous écouter...", a martelé Salif Dakissaga, chef de file des résidants.

Il explique que lorsque l’opération a démarré, une délégation des résidants conduite par lui-même est allée voir le maire de Sig-Noghin, Tiga Pascal Ouédraogo pour connaître le sort qui leur est réservé. Mais celui-ci leur laissera entendre que l’opération n’ayant pas été initiée par la mairie, c’est la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers qui devrait s’occuper d’eux. A ce niveau, on leur dira que c’est plutôt la mairie qui doit trouver une solution à leurs préoccupations.

"Face à ce jeu de ping-pong dont nous sommes l’objet, que pouvions-nous faire ?...", s’interroge Salif Dakissaga
Néanmoins, sur insistance de leur part, le maire qui, apparemment, ne veut pas engager sa responsabilité donne son aval pour un recensement des résidants. Une équipe de quatre recenseurs composée uniquement des résidants Yamba Pierre Zongo, conseiller municipal de Bassinko et responsable de l’équipe, Idrissa Sam, Saïdou Dakissaga et un certain Issa est alors mise en place. Cette équipe recensera 86 personnes. Chiffre que le maire a trouvé excessif et a même rejeté.

L’opération a été mal menée

Des voix s’élèvent au sein des résidants pour désigner des membres de l’équipe comme étant la cause de leur malheur. "Nous avons souhaité que la mairie soit associée pour donner une crédibilité à l’opération. Mais Saïdou Dakissaga, membre de l’équipe a opposé un refus catégorique, soutenant que les agents de la mairie sont de mauvaise foi. Cette attitude est la preuve manifeste que l’équipe préparait déjà ses magouilles.

Et si le maire a d’ailleurs rejeté la liste, c’est parce que Idrissa Sam a avoué à celui-ci que le conseiller a mal conduit l’opération et que des noms fictifs y ont été inscrits...", affirment Ablassé Dakissaga et Alassane Dakissaga. Ils sont appuyés dans leurs propos par les autres membres du groupe. Les résidants sont tous unanimes et reconnaissent que le résultat du recensement donne 86 parcelles. Sur ce chiffre, la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers, responsable de l’opération n’a retenu que 17 personnes à qui elle a attribué des parcelles. Et les autres ? Ils ne sont pas pris pas en compte.

Les premiers responsables de la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers expliquent. "C’est une opération spécifique. Il est donc difficile de prendre tout le monde en compte dans ce genre d’opération. Ce n’est pas un lotissement ordinaire où il faut recenser tous ceux qui ont l’âge requis pour être attributaires. Les textes ne nous autorisent à retenir que les ménages. Les 17 personnes sont des ménages dont les concessions se trouvent entre quatre bornes, c’est-à-dire sur des parcelles...", note le directeur général de l’urbanisme et des travaux fonciers, entouré de deux de ses techniciens, Karim Ilboudo, directeur d’appui aux collectivités locales et Ousseini Zoromé, géographe. "La revendication des résidants est un aspect administratif qui ne nous concerne pas. C’est la mairie, qui doit régler ce problème...", souligne Karim Ilboudo.

Le maire de Sig-Noghin, Pascal Ouédraogo, bien qu’appelé à gérer la situation, soutient que l’opération n’a pas été initiée par la mairie. "Ces gens cherchent des problèmes. La marie a eu déjà à satisfaire un premier groupe d’une centaine de personnes. Un deuxième composé de 400 personnes environ est venu nous voir, nous disant que l’opération avait pris leurs champs de cultures. Nous leur avons donné des parcelles. Pour ce troisième groupe, nous ne ferons rien parce que rien également ne dit qu’il n’y aura pas un quatrième groupe. Nous n’avons plus d’ailleurs de parcelles à donner. Je leur ai dit d’aller voir la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers. C’est elle l’initiatrice de l’opération...",
a laissé entendre le maire.

On en veut à la famille Dakissaga

Pascal Ouédraogo soutient par ailleurs, que tous ceux qui revendiquent des parcelles ne peuvent pas en bénéficier parce qu’ils ne résident pas à Bassinko. "La plupart en a bénéficié déjà et chacun s’est empressé de revendre...",
note-t-il. Des propos que réfutent les résidants. "Beaucoup d’entre nous travaillent en ville. Certains sont même partis sous d’autres cieux, notamment dans les provinces de la Sissili et du Ziro, à la recherche de terres fertiles pour l’agriculture. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne sont plus des fils de Bassinko. Ils ne vont pas rester définitivement là où ils sont partis. Ils ont droit aussi à des parcelles afin de pouvoir disposer de pied-à-terre lorsqu’ils reviendront...", relève Salif Dakissaga, le chef de file.

Il dit ne pas comprendre la raison pour laquelle on ne veut pas les prendre en compte alors que dans les autres quartiers tous ceux qui ont l’âge requis ont été satisfaits. "On en veut à la famille Dakissaga car Birghin est composé de cette seule famille...",
fait-il remarquer. Et le patriarche de la famille, le vieux Mahamadi Dakissaga, de renchérir : "On veut nous déposséder de nos terres.

Si nous laissons faire, nous sommes perdus. Simon Compaoré, le maire de Ouagadougou a dit que celui qui ne peut pas faire face aux exigences de la ville doit rentrer chez lui. La ville est venue nous trouver. Où irons-nous si on ne nous donne pas des parcelles ?". Il fait partie des 17 personnes retenues par la direction générale de l’urbanisme et des travaux fonciers mais son fils Hamado Dakissaga, la cinquantaine n’est pas pris en compte.

Pourtant, il habite avec sa femme et ses enfants la cour familiale. Il nous montre le bâtiment qui abrite sa famille, une maisonnette d’environ 40 m2. "Si notre cause ne peut être entendue, personne ne pourra mettre en valeur une parcelle ici. Ou alors il va falloir passer sur nos cadavres...", martèle le vieux Mahamadi Dakissaga tout en gardant l’espoir que les autorités communales vont résoudre leur problème. "Le maire de Sig-Noghin nous a chassés de son bureau. Il ne connaît pas la réalité sur le terrain. C’est pourquoi il ne veut pas nos écouter. Nous sommes sûrs que le maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, ignore tout de notre situation lui aussi. Nous l’invitons à venir voir. Il se rendra compte que toutes nos concessions ont été prises par la trame d’accueil. Il comprendra alors que nous ne nous agitons pas pour rien...", a souhaité Salif Dakissaga, le chef de file des résidants.

Apparemment, son souhait serait en train d’être exaucé. Car à l’heure où nous tracions ces lignes, il nous est revenu que leurs revendications vont être satisfaites. Un terrain aurait été trouvé dans la zone et les levés topographiques ont même commencé afin de dégager suffisamment de parcelles pour les satisfaire.

Étienne NASSA

Sidwaya

Lutte contre le terrorisme : « Il y a certaines (...)
Burkina / Concours de la magistrature : La maîtrise ou (...)
Bobo-Dioulasso : Un an de silence depuis la disparition (...)
Burkina/Coupures d’eau : Au quartier Sin-yiri de (...)
Burkina/Lutte contre l’insécurité : La direction générale (...)
Burkina/CHU Souro Sanou : La CNSS offre une automate de (...)
Burkina/Santé : Médecins Sans Frontières offre de nouveaux (...)
57e session de la Commission population et développement (...)
Burkina/Action sociale : L’association Go Paga devient « (...)
Bobo-Dioulasso : Les chefs coutumiers traditionnels (...)
Burkina Faso : Le secrétaire général de la CGT-B, Moussa (...)
Burkina : La Côte d’Ivoire va accompagner le retour (...)
Burkina/Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina : « Nous demandons à notre ministre de tutelle de (...)
La Poste Burkina Faso : « Malgré la crise sécuritaire, les (...)
Bobo-Dioulasso : Incinération de produits prohibés d’une (...)
Burkina/ Mesures de réponses aux pandémies et crises (...)
Burkina/ Programme OKDD : Validation d’un plan de (...)
Association Beoog-Neeré du Ganzourgou : 320 caprins pour (...)
Burkina/ Rencontre inter-réseaux 2024 : L’élimination des (...)
Burkina : Le Réseau des caisses populaires du Burkina a (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36519


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés