Actualités :: Concours directs de la Fonction publique : Douze mois fermes pour les (...)

Vingt quatre prévenus ont été mardi 11 septembre dernier, appelés à la barre du Tribunal de grande instance de Ouagadougou pour répondre de leur implication dans les fraudes aux concours directs de la Fonction publique session 2007. Au terme d’un procès de 13 heures d’horloge, le tribunal a infligé des peines d’une amende de 500 000 F CFA à 12 mois fermes à certains prévenus.

Le Tribunal de grande instance de Ouagadougou à son audience correctionnelle du mardi 11 septembre 2007, a entendu vingt-quatre (24) prévenus, poursuivis pour fait de fraude et de négligence dans les concours directs de la Fonction publique, session 2007. Ces prévenus dont l’âge varie entre 21 et 51 ans sont constitués de deux gendarmes, d’un militaire, de trois gestionnaires des ressources humaines, de deux éducateurs de jeunes enfants, de deux infirmiers, de deux chauffeurs, d’un pompiste, de deux étudiants et d’un élève.

Comment en est-on arrivé à cette situation ?

Ouaga-la-rumeur a annoncé des fraudes massives aux concours directs de la Fonction publique. Le commissariat central de police de Ouagadougou a pour ce faire, ouvert une enquête qui a abouti à l’interpellation d’un certain nombre de personnes à Ouagadougou. Certains se sont tout de suite mis à table, en reconnaissant les faits alors que d’autres ont nié en bloc tout ce qui leur est reproché.
Pendant que l’affaire suit son cours à Ouagadougou, la gendarmerie de Ouahigouya a mis la main sur deux personnes qui ont réceptionné sous forme de fax, des épreuves des concours dans un télécentre.

Les enquêtes ont permis de savoir que c’est un militaire (un caporal du génie civil, qui, dans son désir d’aider son petit frère a acheté les épreuves du concours, des préposés de douanes à cinq cent mille (500 000) F CFA. Il a bénéficié dans son forfait, de la collaboration d’un de ses amis, gérant d’un télécentre sur le boulevard Charles de Gaulle de Ouagadougou afin d’envoyer les sujets à Ouahigouya.

Les témoignages des prévenus à la barre ont fini par convaincre plus d’un, de l’existence d’un réseau bien structuré dans lequel on retrouve des personnes chargées de soustraire frauduleusement les sujets, des vendeurs et des agents commerciaux à la recherche de clients. La machine a ainsi fonctionné et généré une somme de deux millions cinq cent cinquante mille (2 550 000) F CFA, fruit de la vente des sujets des concours.

Chercher à reconstituer les faits et à mesurer le degré d’implication des prévenus dans cette fraude, ramène à une filière liant les uns et les autres. "J’ai reçu les sujets de X et je les ai vendus ou transmis à Y, qui à son tour les a remis à Z et ainsi de suite", ont soutenu des prévenus. Mais les témoignages conduisent inéluctablement vers Issiaka Zouré, gestionnaire des ressources humaines au ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale. Il fait partie du comité de pilotage des concours directs depuis 2003. Il est également membre d’une équipe chargée de mettre les enveloppes dans des cantines.

Le "deal" a fonctionné...

Dès son interpellation, Issiaka Zouré a nié les faits avant de reconnaître à la police qu’il a soutiré frauduleusement les épreuves des concours au lieu d’incinération des copies défectueuses.

Devant le procureur, il soutient une autre version et affirme avoir pris des sujets et leurs corrigés dans les locaux de l’imprimerie de Sidwaya où le tirage a eu lieu. Il aurait profité d’un moment d’inattention de ses collègues chargés du conditionnement et des éléments de la sécurité pour cacher son butin dans ses chaussures avant de le ranger sous la selle de sa moto "J.C Best". Mais la reconstitution des faits a prouvé qu’il est difficile de réaliser une telle prouesse à l’imprimerie.

L’interrogation a révélé que Issiaka Zouré est allé seul dans la nuit à la gendarmerie de Ouagadougou, pour reconditionner les cantines sans les autres membres de son équipe. N’ayant pas trouvé le gendarme commis à la surveillance des cantines, il a décidé de forcer le cadenas d’une cantine dont la clé aurait miraculeusement disparu. Ainsi, il a pu soutirer à souhait des épreuves.

Alain Ouali, un autre prévenu l’a rejoint dans les locaux de la gendarmerie pour un reconditionnement. Ce dernier est également membre du comité de pilotage des concours directs depuis juin 2006.

Issiaka Zouré a pu soutirer les sujets ainsi que les corrigés des concours de l’ENAREF cycles A, B, C et ceux des contrôleurs et des préposés de douane et les Agents itinérants de santé (AIS).
Il les a remis à son cousin Issiaka Yabré, gendarme de profession. Ainsi les épreuves sont passées de main en main. Certains les ont achetés à prix d’or tandis que d’autres l’ont reçu gracieusement.

Un chauffeur de l’ASECNA a déboursé huit cent cinquante mille (850 000) F CFA pour l’achat de deux sujets (500 000 pour le cycle B de l’ENAREF et 350 000 pour les AIS). Il a versé sept cent cinquante mille (750 000) F CFA et le reste viendrait "sûrement" après la proclamation des résultats. Après avoir statué sur le cas de chaque prévenus, le tribunal, conduit par le juge Seydou Milogo a établi la responsabilité de vingt-trois (23) personnes reconnues coupables des faits qui leurs sont reprochés et a relaxé, Edouard Nianda, directeur du recrutement du ministère de la Fonction publique.

Parmi ces coupables, quinze (15) dont Issiaka Zouré ont écopé d’un emprisonnement ferme de douze (12) mois, avec une amende de cinq cent mille (500 000) F CFA et trois (3) condamnés à douze (12) mois avec sursis et à payer une amende de cinq cent mille (500 000) F CFA. Le tribunal a également saisi les 2 550 000 F CFA représentant le montant total des ventes des sujets. Cette somme sera versée dans les caisses du Trésor public burkinabè.

Romaric DOULKOM (romarikom @yahoo.fr)

Verdict du procès

* Relaxé : Edmond Nianda

*Condamnés à payer une amende de 500 000 F CFA :
Mme Elisabeth Ouédraogo née Nana
Dougoutigui Ouattara
Edouard Banglega

*Condamnés à douze (12) mois avec sursis :
Assami Ouédraogo
Ibrahim Ouédraogo
Blandine Banglega
Nicole Banglega
Abdoulaye Bambara

* Condamnés à douze (12) mois fermes avec une amende de 500 000 F CFA :
Issiaka Zouré
Issiaka Yabré
Désiré Nana
Corneille Simporé
Gautier Sédogo
Abdoulaye Zampaligré
Alain Ouali
Valentin Ouédraogo
Issa Ouédraogo
Mahamadi Porgo
Mahamadi Yaro
Martial Zongo
Moussa Kaboré
Ilyassou Yaro
Moctar Napon.

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