Actualités :: Elsherbini Nabhan Mohammad, président de la fondation Abdullah-Ben-Massoud : (...)
Elsherbini Nabhan Mohammad

Elsherbini Nabhan Mohammad est le président de la fondation Abdullah-Ben-Massoud. Cette structure intervient au Burkina Faso depuis plus d’une dizaine d’années aussi bien dans le social, l’éducation que le développement de la religion islamique. Le président Nabhan Mohammad nous a entretenu sur toutes ces questions et les projets de sa fondation.

Sidwaya (S) : Qui est le président de la fondation Ben-Massoud ?

Elsherbini Nabhan Mohammad (E.N.M) : La fondation Ben-Massoud est présente au Burkina Faso depuis plus de seize ans. Nous travaillions sans titre. Nous construisions des forages, des barrages, des mosquées, des écoles, etc. Nous avons par la suite, décidé de formaliser nos activités à travers la création d’une fondation depuis sous le nom de la fondation Ben- Massoud depuis 2003.

Quant à moi, je suis d’origine égyptienne et je vis à La Mecque. J’ai fait mes études à l’Université du Caire, ensuite celle de Strasbourg en France. J’ai travaillé en France comme maître d’arabe, j’ai été l’iman et recteur de la mosquée de Strasbourg, j’ai travaillé en Algérie, deux ans, sept ans aux Emirats Arabes-Unis, doue ans en Arabie Saoudite. Depuis 1996, je réside à La Mecque. Je suis marié, père de quatre filles et trois garçons.

S : Que faites-vous actuellement à La Mecque ?

E.N.M : J’enseigne. Toute ma vie, j’ai enseigné. J’ai d’abord été enseignant en anglais en Egypte, en France, maître d’arabe et en Arabie Saoudite, maître de français et d’anglais.

S : Qu’est-ce qui a prévalu à l’attribution du nom Ben-Massoud à la fondation ?

E.N.M : Ben Massoud fut l’un des campagnons du prophète. Il était très connu. Il était mince et le prophète l’aimait beaucoup. Le prophète avait en son temps avancé que si vous voulez écouter le Coran comme Allah l’a révélé au prophète, il faut écouter Ben Massoud.

S : Lequel de ses caractères vous a marqué ?

E.N.M : Si vous voulez peser un individu, ne considérez pas son apparence. Quelqu’un peut être grand de l’extérieur mais vide à l’intérieur. Ben Massoud était un petit homme mais bon de cœur. Il était courageux, grand savant et connaisseur de l’Islam. C’est pour cela que nous avons décidé d’attribuer ce nom à la fondation.

S ; Vous avez décidé de créer une radio à Ouagadougou. Pourquoi ?

E.N.M : Vous savez, nous sommes dans un contexte où il faut avoir toutes les armes avec soi. Les médias (télé, radio) jouent un rôle très important. La radio est le média le plus écouté par les populations burkinabè. C’est donc un instrument important pour la société. De la radio, nous pouvons diffuser les éléments nécessaires pour l’acquisition du spirituel dont nous avons besoin pour notre propre développement. Si vous n’avez pas la force spirituelle, vous n’avez aucune motivation réelle pour faire quoi que ce soit. Pour nous, la force spirituelle est importante et on peut la tirer à partir de la radio, du Coran, de la vie du prophète. La radio est un moyen efficace pour le peuple.

S : Après la construction d’une station radio, vous y avez juxtaposé une mosquée et maintenant vous envisagez la construction d’un centre sanitaire. D’où tirez-vous tous ces fonds ?

E.N.M : La mosquée à côté de la radio permettra de diffuser en direct la prière du vendredi, les discours. Au cours du mois du Ramadan, il y aura la possibilité de diffuser au moins une prière par jour. Les conférences islamiques, les lectures, auront sur place et la mosquée et la radio pour faire tout le nécessaire. Quant au centre sanitaire, nous y avons pensé depuis longtemps. Lorsque vous n’avez pas la santé, vous ne pouvez pas être efficace. Les trois problèmes qui existent au Burkina Faso comme partout ailleurs en Afrique de l’Ouest sont l’ignorance, la maladie et la pauvreté. Il faut alors lutter sur tous ces fronts. Pour effacer l’ignorance, nous suivons la voie de l’enseignement, pour la pauvreté, nous créons des chances de travail pour les gens. S’il y a des écoles, il faudra des enseignants à recruter, si nous avons un centre sanitaire, il nous faut employer des citoyens burkinabè. Lutter contre la maladie nécessite enfin la création d’infrastructures sanitaires. Le centre que nous allons offrir est important à cause de sa capacité opératoire. Il reste actuellement l’équipement du centre.

S : En tant que fidèle musulman, qu’est-ce qui est important pour tout homme ?

E.N.M : Je vous dis facilement qu’il y a des choses qui sont importantes pour l’individu en général. Je veux bien que l’individu vive en bonne santé, qu’il ait de l’argent dans sa poche, qu’il ait une bonne connaissance. Pourquoi en Europe par exemple, on vivrait mieux qu’en Afrique ? Nous devons être aussi bien ici. Si les choses se déroulent normalement, on doit bien vivre et la vie passe tranquillement. Au Burkina Faso, on dit que l’Etat est au service du peuple. Ce que je souhaite, c’est que chacun ait une maison, une bonne femme, des enfants, vive bien et mange, se soigne et obtienne ce qu’il désire.

S : Quels sont les objectifs que votre fondation poursuit ici ?

E.N.M : Nous allons prochainement inaugurer un centre de chirurgie, probablement en été. Nous pensons également ouvrir ici une université. C’est un cadre indispensable car nous avons des élèves, aussitôt le lycée fini, se retrouvent dans la rue parce qu’impossible pour eux de poursuivre les études. En tant que président de la fondation, je ne m’arrête jamais de penser, je rêve. Et quand je rêve, il faut que je réalise. L’Université que nous voulons sera celle dans laquelle on pourra apprendre l’informatique, le management, les sciences exactes et bien sûr la religion. Nous envisagerons aussi la construction d’un centre culturel arabe. Par rapport à l’Université, nous essayerons de rendre les études gratuites. Enfin, un centre sportif sera également la bienvenue parce que l’Islam nous pousse à faire du sport, d’être à l’aise. Je dis simplement que petit à petit, l’oiseau fait son nid.

S : Cela fait près de dix-sept ans que vous connaissez le Burkina Faso. Que pensez-vous de la pratique de la religion islamique dans ce pays ?

E.N.M : Nous sommes ici loin de La Mecque, le cœur de l’Islam. Lorsque vous vous approchez d’un but, vous comprenez bien ce que vous devez faire. Mais de loin, c’est un peu difficile. Il y a des gens qui pratiquent la religion comme il faut ; mais il y en a aussi qui n’ont pas la connaissance suffisante pour la pratiquer. C’est la raison pour laquelle nous avons installé ici une radio. Elle pénètre toutes les concessions et permet à tous d’avoir une réelle vision de l’Islam . Il y a des gens qui sont seulement musulmans par leur nom ; mais ils ne pratiquent rien. Ce que nous voulons, c’est que tous les fidèles musulmans puissent suivre les traces du prophète Mahomet.

S : Est-ce que les enfants suivent les pratiques de leurs parents dans la réligion ?

E.N.M : Il y a un fossé entre les parents et les enfants. les parents ont des mentalités vieillies et les jeunes sont ancrés dans la modernité. L’Islam n’est pas par contre la modernité tant que cela ne pose pas problème. Avec les jeunes, il faut savoir pénétrer leurs désirs, pour les mener sur la bonne voie. Utiliser systématiquement le bâton n’est pas une chose aisée parce que dans un groupe, dans une famille, il y a des opinions divergentes et il faut savoir écouter l’autre. Par la discussion et l’échange, on peut convaincre l’un ou l’autre. Il y a cette anecdote qui dit qu’un jour, un jeune est venu voir le prophète et lui a demandé : « Permettez-moi prophète de faire la fornification ! » Les compagnons du prophète étaient choqués et étaient sur le point de le battre. Le prophète les en a empêché. Il a demandé au jeune homme : « Qu’est-ce que tu veux ? » Et celui-ci de répondre : « Prophète, je ne suis pas marié, mais je veux chercher une femme pour forniquer ». Le prophète lui a répondu : « est-ce que tu accepterais que cela arrive à ta mère, ta tante, ta sœur ? » Il a dit : « Non ! » Et le prophète de lui dire alors : « Comment est-ce que tu accepterais alors que cela arrive aux autres ? ». Le jeune s’est alors fondu en excuses et a demandé au prophète d’implorer Allah pour lui. Il faut alors échanger, essayer toujours de convaincre les jeunes.

S : On a souvent assimilé l’Islam au terrorisme. Quelle est votre appréciation de ce fait ?

E.N.M : Il est facile de dire que telle ou telle personne est terroriste. Le terrorisme, qu’est-ce que c’est en réalité ? Si vous lisez l’histoire du christianisme vous verrez que les chrétiens, lorsqu’ils ont pris Jérusalem, c’était au moment des croisades au XIe siècle. Ils ont massacré plus de 100 000 musulmans au sein de la mosquée. Est-ce pour autant que je peux dire que le christianisme, c’est du terrorisme ? Non ! Parce que le comportement d’un individu est privé, cela ne concerne que lui.

Si un musulman commet une faute, ou bien s’il est agressif, est-ce sa religion qui a commis la faute ou qui est agressive. Non ! Il ne faut pas juger l’Islam d’après le comportement de quelques individus. En Egypte, musulmans et chrétiens vivent ensemble depuis très longtemps. Mais il y a une bonne collaboration. Je dis simplement que l’Islam n’a rien à voir avec le terrorisme. Le musulman n’est pas terroriste. Et il nous faut réellement clarifier le sens du mot terrorisme.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA

Sidwaya

Lutte contre le terrorisme : « Il y a certaines (...)
Burkina / Concours de la magistrature : La maîtrise ou (...)
Bobo-Dioulasso : Un an de silence depuis la disparition (...)
Burkina/Coupures d’eau : Au quartier Sin-yiri de (...)
Burkina/Lutte contre l’insécurité : La direction générale (...)
Burkina/CHU Souro Sanou : La CNSS offre une automate de (...)
Burkina/Santé : Médecins Sans Frontières offre de nouveaux (...)
57e session de la Commission population et développement (...)
Burkina/Action sociale : L’association Go Paga devient « (...)
Bobo-Dioulasso : Les chefs coutumiers traditionnels (...)
Burkina Faso : Le secrétaire général de la CGT-B, Moussa (...)
Burkina : La Côte d’Ivoire va accompagner le retour (...)
Burkina/Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina : « Nous demandons à notre ministre de tutelle de (...)
La Poste Burkina Faso : « Malgré la crise sécuritaire, les (...)
Bobo-Dioulasso : Incinération de produits prohibés d’une (...)
Burkina/ Mesures de réponses aux pandémies et crises (...)
Burkina/ Programme OKDD : Validation d’un plan de (...)
Association Beoog-Neeré du Ganzourgou : 320 caprins pour (...)
Burkina/ Rencontre inter-réseaux 2024 : L’élimination des (...)
Burkina : Le Réseau des caisses populaires du Burkina a (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36519


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés