Pendant que l’Afrique de l’Ouest présente un tableau peu enviable du trafic des drogues au cours des deux dernières années, et que la menace qu’elles constituent risque de compromettre l’intégrité physique et morale des Etats et des sociétés, les experts des comités nationaux de lutte contre la drogue se concertent du 3 au 6 septembre 2007 à Ouagadougou au cours de la VIIIe réunion des coordonnateurs des comités interministériels de lutte anti-drogue des pays membres de la CEDEAO pour y apporter une réponse adéquate.
L’espace CEDEAO veut se libérer du joug de la consommation grandissante de la drogue et de la criminalité due à ce fléau. C’est du moins l’objectif assigné à la VIIIe réunion des coordonnateurs des Comités interministériels de lutte anti-drogue (CILAD) des pays de la CEDEAO.
Réunis à Ouagadougou du 3 au 6 septembre, les experts vont examiner et finaliser le plan d’action régional adopté à Praia (Cap Vert) en mai 1997 pour tenir compte des nouvelles priorités et des mesures urgentes à prendre en vue de s’attaquer, de façon efficace, à la circulation illicite de la drogue et du crime organisé. Il faut dire que l’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante préférée du trafic de la drogue en raison de la porosité des frontières, des effets de la mondialisation, de la pauvreté.
Mais c’est surtout à cause des résultats produits par les services répressifs des Etats-Unis et de l’Europe qui ont détourné les trafiquants vers les pays à faibles capacités, précise Papa Boubacar N’Diaye, chargé de programme à l’Office des Nations unies contre la drogue et la criminalité. De fait, l’Afrique de l’Ouest a enregistré des saisies de cocaïne d’environ 5 443 Kg dont plus de 13 kg en haute mer au large des côtes européennes et africaines. Dans les aéroports d’Europe (France, Espagne, Grande Bretagne, Italie notamment), il a été appréhendé 444 kg sur des trafiquants au départ d’Afrique de l’Ouest. Pour le seul mois de juin 2007, au Sénégal, 2 400 kg ont été saisis dans deux opérations différentes.
Pour M. N’Diaye sur le marché illégal d’Afrique de l’Ouest, la valeur marchande d’une des saisies de 650 kg avoisinait 11,7 millions de dollars US. Cela représente près de 20% de l’aide publique au développement décaissée dans les pays, 14% des recettes d’exportations, 280% des revenus générés par les investissements directs étrangers, a indiqué Papa Babacar N’Diaye. D’ailleurs, cette situation s’est traduite par l’installation d’un climat propice au développement de réseaux criminels organisés entre l’Afrique de l’Ouest, l’Europe (France, Italie, Espagne) et l’Amérique Latine.
Un nouvel axe du mal qu’il importe pour les Etats de la sous-région de prendre à bras-le-corps à cause de ses liens supposés ou réels avec le financement du terrorisme. "Le trafic des stupéfiants, notamment celui de la cocaïne prend des proportions alarmantes et fait de la sous-région une plaque tournante dans la stratégie globale des narcocartels transnationaux. Ceci constitue une menace extrêmement grave à la bonne gouvernance, la stabilité et la sécurité des Etats", a martelé Papa Babacar N’Diaye de l’ONUDC.
Au regard de ce tableau peu reluisant de la situation de la drogue, la pertinence de la réunion de Ouagadougou "nous interpelle tous car le phénomène constitue de nos jours un fléau mondial dont l’éradication nécessite un engagement fort, total et partagé de tous", a plaidé le ministre de la Sécurité Assane Sawadogo qui a présidé la cérémonie d’ouverture. Et le maire de la capitale, Simon Compaoré d’exhorter les participants à faire de Ouagadougou le centre de réflexion sur la lutte contre la drogue et ses conséquences en vue d’y apporter une réponse idoine et propice.
S. Nadoun Coulibaly (Coulinad@hotmail.com)
Sidwaya
