Les résultats des concours d’entrée en 6e, en première année BEP et en 2nd ne sont jusque-là, pas connus du public burkinabè. Cette situation inhabituelle met parents, élèves et enseignants dans une situation d’impatience et d’impasse.
Mardi 28 août aux environs de 10h. Devant la porte de la Direction des examens et concours (DEC), quelques personnes, les yeux rivés sur les tableaux d’affichage, parcourent des listes. Toutes ne sont pas là, pour les mêmes raisons : « Je cherche le nom d’un cousin ayant passé le concours de recrutement des instituteurs principaux ». Quelques minutes après, trois autres personnes se joignent à celles déjà présentes. Elles cherchent les résultats de l’entrée en 6e. Parmi ces personnes, la petite Latifatou Tiemtoré 11 ans, élève en classe de CM2 au Cours moderne Saint-André. Lasse d’attendre ses résultats qui ne tombent pas, Latifatou a dû certainement importuner son père, à tel point que celui-ci était obligé de l’accompagner jusqu’à la DEC.
Voyant des gens parcourir des listes, elle aussi s’est mise à chercher son nom sans savoir de quoi il s’agit. Aidée par sa grande sœur et son père, Latifatou apprendrait par la suite qu’il ne s’agissait pas des résultats de l’entrée en 6e. « J’étais venue voir mes résultats », confie-t-elle toute triste. Elle pourtant qui dit être convaincue de son admission : « J’ai bien travaillé à l’examen et je suis sûre, de réussir à l’entrée en 6e », nous rassure-t-elle. Sûre, mais impatiente. Elle a peut-être raison. La rentrée des classes est pour bientôt, il faut se préparer, encore faut-il savoir quel sera son sort a l’issue du concours.
Une situation d’impasse aussi préoccupante pour les élèves que pour les enseignants et parents. « Je suis préoccupé par le retard dans la publication des résultats. Je veux être situé, car je voulais en cas de réussite de ma fille, entamer les démarches auprès de l’administration du collège Notre Dame de Kologh-Naaba, afin qu’elle puisse être prise en compte », soutient le père de Latifatou, Salif Tiemtoré. Pour lui, l’administration publique est généralement lente dans ses procédures. Alors dit-il, « je ne peux pas condamner la commission ou la structure qui doit délibérer. Je ne connais pas ses problèmes et ses contingences. Mon souhait est que les résultats soient affichés d’ici à la fin de la première semaine du mois de septembre. Ceci permettra aux parents d’être situés ». Si tel n’est pas le cas, « ce retard peut avoir un impact sur les demandes de places ; les établissements, surtout publics ayant fixé des délais de recrutement. Toute chose qui nous pénalisent en tant que parents », déplore M. Tiemtoré.
Enseignants et chefs d’établissements embarrassés
Les enseignants eux aussi sont dans l’impasse. Rien à dire aux élèves et parents qui viennent vers eux pour se renseigner. « C’est pas sorti » se résument-ils (les enseignants) à dire à ces derniers. Pour marquer leur volonté de satisfaire aux parents et élèves, certains enseignants, surtout ceux des provinces, font le déplacement à Ouagadougou, en vue d’avoir d’éventuelles informations. Assane Kabré, enseignant à l’école de Yimiougou de Korsimoro dans la province du Sanmatenga vient pour la troisième fois consécutive, voir les résultats.
« C’est notre devoir en tant qu’enseignant de renseigner les parents et les élèves. Les résultats, généralement, « tombent » entre le 20 et le 25 août. Cette année nous sommes au 28 (NDLR, jour où nous l’avons rencontré) et rien n’est affiché. On vient de me signifier, qu’il reste une signature, laquelle ? Je ne sais pas. En plus, la personne habilitée à le faire est absente », professe avec amertume M. Kabré. Cette information a été confirmée par les services de la direction des examens et concours. Selon eux, seule la directrice peut nous renseigner sur l’état des lieux des résultats. Malheureusement disent-ils, elle est en mission à Fada N’Gourma.
Pendant que enseignants des classes de CM2, parents d’élèves sont angoissés par ce retard, les chefs d’établissements publics attendent les orientations. A l’exception de quelques-uns comme le lycée Song-Taaba de Gounghin où les inscriptions parallèles dans les classes de 6e sont autorisées, les autres comme le lycée Mixte de Gounghin, le Vénégré n’acceptent pas pour l’heure des demandes de places pour les classes de 6e et de 2nd. En effet, pour le censeur du lycée Vénégré, Mme Azara Zémané « les tests de recrutement que nous organisons le 10 septembre prochain concernent uniquement les classes de 5e, 4e et Terminale.
Pour le moment nous n’acceptons pas de demandes de places pour les classes de 6e et de 2nd. Ceci pour la simple raison que nous ne savons pas combien d’élèves l’Etat nous enverra. Nous pourrions recruter dans ces classes pour complément d’effectif, si toutefois nous recevions moins d’élèves. D’habitude, l’Etat nous envoie au-delà de 70 élèves par classe en 6e et en 2nd. Que faire pour satisfaire les parents, face à des contraintes liées à la capacité de nos infrastructures » ?
Que dire de l’entrée en 2nde
Si les résultats de l’entrée en 6e tardent à sortir, ceux de l’entrée en 2nd et la première année BEP sont depuis le mardi 28 août 2007 connus par les directeurs régionaux de l’enseignement secondaire. En effet, ce jour-là, ils étaient tous à pieds-d’œuvre à l’Office central des examens et concours du secondaire (OCECOS) pour rendre publics les résultats. Dirigés par le conseiller technique du ministre en charge des Enseignements secondaires, Loya Kako, ces travaux consistent à faire la répartition au niveau national, des résultats de l’entrée en 2nd et de l’entrée en 1re année BEP. Pour M. Kako, ces résultats seront proclamés dès le retour des différents Directeurs régionaux (DR) dans leurs régions respectives.
Parlant de retard, Loya Kako atteste qu’il n’en est rien. « Nous faisons d’habitude les répartitions les 26 et 27 août. Cette année, nous avons juste fait un petit décalage, 28 et 29 août ». Des répartitions qui devrons se faire avec les résultats de l’entrée en 6e. Cependant compte tenu de la non disponibilité de ces résultats, M. Kako a préféré travailler avec ceux dont il disposent.
« C’est nous qui faisons normalement la répartition des résultats de l’entrée en 6e. Mais compte tenu que la DEC ne nous les a pas encore transmis, nous avons jugé bon de commencer avec ce dont nous disposons ».
Une situation qui illusionne
La non disponibilité (de façon officielle) de tous ces résultats, entrée en 6e, 2nd et 1re année BEP a fait croire à beaucoup de parents que tous les enfants admis au CEP iront en 6e ou en première année BEP et tous ceux admis au BEPC iront en 2nd. « Ce n’est qu’une mauvaise interprétation de ce léger retard au niveau de la proclamation officielle des résultats.
Seuls les quarante cinq (45) départements tests qui sont concernés par cette mesure et cela concerne pour le moment la 6e » atteste Loya Kako. Dans ces départements tous les enfants admis au CEP iront en 6e. Ce qui contribuerait à augmenter sans doute le nombre d’admis au concours d’entrée en 6e au niveau national.
Aline Verlaine KABORE (av_k69@yahoo.f)
Sidwaya
