Actualités :: M. Samuel Sawadogo, président des tradipraticiens du Kadiogo : « J’oriente (...)
Samuel Sawadogo

Le paludisme est l’une des plus vieilles maladies de toutes les régions intertropicales chaudes et humides. La période hivernale est réputée être le moment favorable pour faire des victimes. La pharmacopée traditionnelle, elle étant aussi la plus vieille médecine du monde, a traité cette maladie dans le temps et dans l’espace.

Nous avons approché un guérisseur traditionnel burkinabè, M. Samuel Sawadogo, président de l’Association des tradipraticiens et herboristes du Kadiogo (ATHK), pour en savoir plus sur le niveau de connaissance du paludisme par les tradipraticiens et les soins qu’ils recommandent. Avec modestie, il reconnaît les limites de diagnostic de la pharmacopée traditionnelle et salue l’esprit de collaboration et de complémentarité entre médecine moderne et celle traditionnelle qui prend de nos jours corps.

L’Hebdomadaire du Burkina (H.B.) : En tant que tradipraticien et herboriste burkinabè qu’est-ce que le paludisme ? Comment reconnaissez-vous le paludéen et quel est le soin approprié que vous lui administrez ?

M. Samuel Sawadogo (S.S.) : Selon l’enseignement de la médecine moderne, le paludisme est dû à la piqûre d’un moustique (anophèle femelle). Mais selon les connaissances traditionnelles que nous retenons aussi de nos anciens, la saison pluvieuse est propice à la maladie qui connaît plusieurs appellations en langue nationale mooré (wéogo, sambga, koom).

Les tradipraticiens, légalement reconnus que nous sommes, bénéficions de l’encadrement de cinq docteurs spécialistes de la médecine moderne. Nous respectons leurs enseignements et profitons beaucoup de l’éclairage sur le paludisme. Il arrive souvent qu’il y ait des similitudes qui se dégagent sur les symptômes de certaines maladies à travers les techniques de consultation moderne et traditionnelles.

C’est le cas du paludisme. Nous diagnostiquons le malade en le questionnant sur la durée de son mal et les manifestations qu’il ressent. Mais aussi nous savons que celui qui souffre du paludisme fait de la fièvre, n’a pas d’appétit, le sujet s’affaiblit, ressent des vertiges...
A travers ces signes nous déduisons qu’il a le paludisme.
Alors pour le traitement, je lui propose le produit à base de plantes.

Il doit le faire bouillir avec six (06) litres d’eau, le filtrer et boire trois verres du liquide par jour (matin, midi, soir) pendant sept jours.
L’effet du produit agira et le patient retrouvera sa santé dans ce laps de temps.

Pouvez-vous nous expliquer les vertus des plantes médicinales que vous utilisez ?

Ce sont des combinaisons de trois plantes naturelles (sauvages) que j’utilise. La plante dominante s’appelle « calsaka » qu’on peut trouver à Ouahigouya et à Bobo-Dioulasso. Nous avons de la peine à les trouver. Une fois bouilli et filtré si le patient respecte les consignes convenablement les trois verres du liquide par jour, il ne souffrira plus de fièvre, ni de vertige, ni de nausée, etc. Le produit peut être utilisé en traitement préventif de la jaunisse, de l’enflement des pieds etc.

Vous dites avoir de la peine à trouver les plantes médicinales de nos jours. Que faites-vous pour les sauvegarder ?

C’est une grande préoccupation pour nous. Nous sollicitons l’appui du gouvernement pour avoir un jardin botanique. Sincèrement ça serait l’endroit idéal pour conserver les plantes médicinales. Aujourd’hui quand on parle de reboisement, on met en exergue les plantes ornementales. On oublie qu’avec les disparitions progressives des plantes traditionnelles c’est la médecine traditionnelle que cela porte un coup.

Pourtant c’est une médecine qui a fait jadis ses preuves et continue de s’imposer à côté de la médecine moderne. Ce n’est pas seulement les tradipraticiens et les herboristes qui doivent s’inquiéter de la disparition des plantes médicinales.

C’est plutôt l’ensemble de la population qui doit prendre conscience et œuvre que cette médecine se perpétue car elle constitue une partie de notre culture.
Pour vous prendre à contre-pied nous dirons qu’on reproche toujours aux tradipraticiens le refus de mettre leur savoir à la porté de tous.

Comment expliquez-vous cela ?

C’est un faux jugement ou un jugement de valeur qui nous culpabilise. Mais je vous rappelle que depuis les origines du temps, si vous sollicitez la formule d’un produit ou la transmission du savoir d’un guérisseur, il faut au préalable établir un minimum de confiance entre vous. Après cette étape, l’intéressé peut pousser sa curiosité pour savoir certains secrets liés à la fabrication du produit.

Là aussi, le guérisseur va vous recommander de lui apporter une récompense symbolique qui peut se traduire par : la cola, le tabac, un coq etc. Il faut nécessairement remettre quelque chose de symbolique pour avoir accès au secret de l’usage d’un produit. Ce n’est pas gratuit.

Même la connaissance scientifique (voire la médecine moderne) s’obtient à coût de sacrifices financiers dans la formation et le dévouement personnels de celui qui désire acquérir le savoir. Alors l’accès au savoir a un coût, donc le produit du savoir ne saurait être gratuit.

Combien coûte votre produit ? Au cours de l’année combien de patients recevez-vous pour traiter leur paludisme ?

Le sachet de mon produit coûte 2 500 F CFA. Si c’est le palu chronique, il faudra trois sachets pour assurer le traitement.
Si un patient vient chez moi et que je constate que sa fièvre est très élevée, je lui recommande d’aller à l’hôpital. Nous faisons de notre mieux, mais les médecins spécialistes demeurent l’ultime recours. La plupart des paludéens que je reçois sont des enfants de 7 à 15 ans. En moyenne, je reçois sept malades par semaine en cette période hivernale.

Il a été prouvé de nos jours que le paludisme résiste au traitement de certains produits de la médecine moderne. Rencontrez-vous avec vos produits de pareils cas ?

Effectivement, l’efficacité du produit est aussi fonction du degré d’avancement de la maladie. A travers les formations que nous recevons, on nous parle de plusieurs phases du paludisme.
En ce qui me concerne, si dès le premier constat, la fièvre est très élevée j’oriente le patient vers la médecine moderne. Parce qu’à leur niveau, il y a des examens de sang et autres analyses biologiques pour mieux situer le stade d’évolution de la maladie. Donc l’action de mon produit est efficace selon le degré d’évolution de la maladie, mais a aussi ses limites.

La médecine moderne n’a pas encore mis au point un vaccin préventif du paludisme. La pharmacopée traditionnelle a-t-elle un traitement préventif de cette maladie ?

Oui j’ai ce produit que mes grands parents m’ont légué. C’est une plante appelée « kaongo » qu’on faisait bouillir et nous faire la toilette avec. Après s’être douché avec cette potion, l’intéressé peut passer une année sans tomber malade du paludisme. Même avec les piqûres des moustiques, la personne restera toujours saine durant au moins une année.

Quels conseils pratiques donnez-vous à la population pour éviter le paludisme ?

Je conseille à la population de se procurer des moustiquaires imprégnées, on les trouve dans différents points de vente à travers le Burkina.
Il y a aussi des produits pulvérisants qui chassent les moustiques. Et même avec les plantes médicinales comme les feuilles de l’eucalyptus, une fois séchées et brûlées dans la cour, chassent les moustiques. Ce sont des précautions faciles et accessibles que je trouve utiles. Car comme l’adage le dit : « mieux vaut prévenir que guérir ».

Interview réalisée en mooré et retranscrite en français par

Théodore ZOUNGRANA (tzoungrana@yahoo.fr)

L’hebdo

Ouagadougou : Les habitants de Silmiougou dénoncent (...)
Burkina : Le gouvernement rejette le rapport de Human (...)
Burkina Faso : Vers l’autonomie vestimentaire des Forces (...)
Construction du pont à poutre à Banakélédaga : Le ministre (...)
SNC 2024 : L’UNFPA renforce les capacités de 50 femmes en (...)
Burkina : La pose de hénné, un business qui marche pour (...)
Lutte contre le terrorisme : « Il y a certaines (...)
Burkina / Concours de la magistrature : La maîtrise ou (...)
Bobo-Dioulasso : Un an de silence depuis la disparition (...)
Burkina/Coupures d’eau : Au quartier Sin-yiri de (...)
Burkina/Lutte contre l’insécurité : La direction générale (...)
Burkina/CHU Souro Sanou : La CNSS offre une automate de (...)
Burkina/Santé : Médecins Sans Frontières offre de nouveaux (...)
57e session de la Commission population et développement (...)
Burkina/Action sociale : L’association Go Paga devient « (...)
Bobo-Dioulasso : Les chefs coutumiers traditionnels (...)
Burkina Faso : Le secrétaire général de la CGT-B, Moussa (...)
Burkina : La Côte d’Ivoire va accompagner le retour (...)
Burkina/Enseignement supérieur : L’université Joseph (...)
Burkina : « Nous demandons à notre ministre de tutelle de (...)
La Poste Burkina Faso : « Malgré la crise sécuritaire, les (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36519


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés