Actualités :: Verres correcteurs de la rue : Les bas prix attirent les patients
Yacouba Traoré, opticien

Des verres correcteurs vendus dans la rue ! Ce commerce prend de l’ampleur au Burkina Faso et particulièrement dans la ville de Ouagadougou.

Comme les médicaments de rue, le commerce des verres correcteurs est en train de gagner du terrain dans la ville de Ouagadougou. Devant les banques, dans les bureaux, dans les lieux publics... des individus proposent des lunettes de correction aux personnes ayant des problèmes de vue.

Ces vendeurs disposent de divers types de lunettes : verres solaires, photo-gré, de correction de près ou de loin... Le prix de vente varie en fonction de la source d’approvisionnement, de l’acuité et même de la carrure du client. « Je vends les verres +0,25 et les + 0,5 à 2500 F CFA avec certains gourous (riches). Je peux avoir 3500 F ou 4000 F CFA », disait Moctar Touré, vendeur de lunettes devant une banque de la place.

Le prix de ses marchandises oscille entre 2500 et 15 000 F CFA. « Nous allons jusqu’à 20 000 F lorsque nous prenons la paire de lunettes chez un confrère pour revendre », explique-t-il. Pape Fall est commerçant de lunettes depuis six (06) ans. Il s’approvisionne auprès des personnes ayant des correspondants en Europe. A la question de savoir comment il fait pour connaître l’acuité de ces verres, il répond tout simplement : « je fais confiance à mes fournisseurs. Avant de nous livrer les lunettes ils les classent par numéro et à mon tour, je fais tout pour ne pas les mélanger », affirme M. Fall.

Aussi, il se plaint du fait que le marché est envahi par des lunettes du Nigeria et de Doubaï. « Des clients trouvent que nous sommes chers mais nous ne pouvons vendre au même prix que ceux en provenance de Doubaï ou du Nigeria ». Cependant, il se réserve de dire à combien de francs il achète ses lunettes. Pour Alioune Traoret, vendeur ambulant de lunettes, « le client connaît son mal, il lui suffit d’essayer quelques lunettes pour retenir ce qui lui convient », argumente-t-il pour justifier la vente de ces binoculaires sans ordonnance médicale.

Lettrés et illettrés figurent sur la liste des acheteurs des verres correcteurs de rue, tous évoquent le manque de moyens financiers pour justifier leur recours à ce genre de lunettes. Fidèle Tapsoba avoue acheter des lunettes de correction dans la rue parce que les opticiens lui demandaient de rembourser 87 500 F CFA alors que le « vendeur du coin » n’a pris que la somme de 6000 F CFA. « Je viens d’une boutique d’optique où on me demande 170 000 F.

C’est pourquoi je suis venu dans ce marché espérant avoir quelque chose en attendant », explique Mina Ouattara. Pour Sébastien Somé « les opticiens demandent trop aux clients, raison pour laquelle ils s’orientent de plus en plus vers ceux qui leur proposent de meilleurs prix ». Les opticiens, eux, pointent un doigt accusateur vers les prescripteurs : « La plupart des attachés de santé et ophtalmologues vendent des lunettes de correction » affirme Mathurin Vokouma opticien à la lunetterie Jean Louis-Goarnisson.

Assertion soutenue par des clients qui disent avoir acheté leurs verres correcteurs au Centre de lutte contre la cécité. « Après ma consultation on m’a fait comprendre qu’il ya quelqu’un qui vend sur place des lunettes de correction j’en ai acheté car le prix est assez raisonnable », disait un patient de ladite structure désirant garder l’anonymat. A défaut de ne pas posséder des lunettes, certains prescripteurs orientent leurs patients vers des vendeurs hors norme.

C’est le cas de ce prescripteur qui écrit le numéro suivant : 70 26 15 au verso de l’ordonnance médicale de ses malades en leur demandant de prendre contact avec ce vendeur de lunettes de correction. Le technicien en optique Yacouba Traoré estime que la prolifération des verres correcteurs de mauvaise qualité est due à l’inexistence d’un ordre des opticiens à mesure d’expliquer aux populations les conséquences du port de ces lunettes et faire un lobbying auprès des autorités compétentes en vue d’une meilleure réglementation de la profession.

Mais cela pourra-t-il résoudre définitivement la question ? Entre les prix exhorbitants des opticiens et les prix « arrangés » pratiqués par les vendeurs dans la rue, le patient soucieux de son état de santé mais fortement limité par ses moyens saura quel parti prendre.

Régine ZERBO

Sidwaya

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