Actualités :: Docteur Moussa OUEDRAOGO (chercheur - CNRST) : « Le chitoumou est plus (...)

En marge de la 3e édition de la fête du Chitoumou, le Docteur Moussa OUEDRAOGO a animé une conférence publique sur le « chitoumou » le 06 août dernier à la mairie centrale de Bobo. Chercheur à la CNRST, le Docteur OUEDRAOGO a soutenu un DEA avec comme sujet les chenilles.

Pour la circonstance, il était entouré du professeur Ouétian BOGNOUNOU et du délégué général du CNRST M. Basile GUISSOU. A l’issue de la conférence nous l’avons rencontré.

Docteur n’est-ce pas compliqué de voir un Mossi donner des leçons de « chitoumou » à des Bobos ?

Moussa OUEDRAOGO (MO) : J’ai découvert la chenille en tant que Mossi, comme vous le dites, en 1971 alors que dans le plateau central on mangeait déjà les termites aillées que je connais bien et que les gens appellent à tort éphémères. Sinon les éphémères c’est un autre ordre alors que les termites aillées sont des isoptères.

Chaque région a ses habitudes alimentaires. Chez les Mossis, il y a les termites aillées, les criquets, le simini, les bupresses qu’on appelle « kanzoum-goudi »...

Vous vous êtes intéressé aux « chitoumou » à tel point que vous avez même mené des études pour mieux les comprendre ?

(MO) : Comme j’avais fait une maîtrise en entomologie, j’ai fait également un DEA en entomologie à Abidjan où on m’avait proposé de choisir un sujet.

J’ai dit qu’il y aune observation que j’avais faite depuis 1971 sur les chenilles. J’ai trouvé bon de me pencher là-dessus et mon professeur qui était un Ivoirien m’a dit que comme c’est à côté de son pays, il pourra suivre mes études que sinon lui-même ne connaît pas les chenilles. Voilà comment j’ai pu travailler sur les chenilles pour soutenir mon DEA.

Expliquez-nous un peu le cycle de reproduction des chenilles

(MO) : La chenille provient d’un papillon qu’on appelle scientifiquement cirina butyrospermi. Elle passe par 5 (cinq) stades larvaires pour donner une nymphe.

La nymphe reste au sol pendant 9 mois avant de redonner le papillon. Le cycle est ainsi bouclé. Les stades larvaires qui sont au nombre de 5 durent en principe un mois et la nymphe dure 9 mois. En trois jours, vous avez l’accouplement et la ponte. Mais, il y aune incubation d’un mois pour donner la chenille de stade 1 qu’on appelle L1.

Il y aura ainsi de suite L2, L3, L4, et L5. C’est la L5 qui est consommée.

Comment expliquez-vous qu’on retrouve les chenilles dans certaines régions mais pas dans les autres ? C’est le cas parfois même des régions voisines.

(MO) : Le cirina butyrospermi est un papillon qui ne vole pas loin. Généralement c’est là où il émerge, qu’il reste sur l’arbre là-bas. Le plus souvent ce sont les facteurs climatiques qui font défaut pour le développement de la chenille dans certaines régions ; c’est dû surtout à la sécheresse. Puisqu’elle se lymphose dans le sol, si le sol n’est pas humide, vous ne pouvez pas avoir de papillons.

Sinon là où il y a un karité, il peut bien vivre. Mais il faut que toutes les conditions soient réunies pour qu’il finisse son cycle dans le sol. Si au moment de pénétrer dans le sol, celui-ci est sec, vous n’avez pas de pénétration et par conséquent il n’y aura pas de papillons. S’il n’y a pas de papillons cirina butyrospermi, il n’y a pas de ponte donc pas de chenilles.

Parlons à présent de la valeur nutritionnelle du « chitoumou ». Il paraît qu’il a la même teneur en protéine que le poisson ?

(MO) : Les analystes en tout cas montrent qu’il y a 63,12% de protéines au niveau de la chenille et c’est la même teneur qu’on trouve au niveau du poisson.

Contrairement à ce qu’on croit, le criquet malgré sa grosseur n’est qu’à 20% de protéine.

Grâce à la recherche, il a été prouvé qu’on peut élever les chenilles. Vous avez même fait l’expérience en laboratoire au niveau du CNRST. Mais comment vulgariser cette étude en milieu naturel ?

(MO) : Cela est très facile. C’est une question de moyens. Si la filière karité prenait au moins en compte cet aspect de la chose, elle allait évoluer davantage. Cette filière a des financements, mais les acteurs se sont limités seulement au beurre alors que la chenille, elle-même est plus rentable que le beurre de karité. En tout cas c’est une valeur ajoutée qu’il ne faut pas négliger.

On ne dit pas d’abandonner le beurre de karité mais d’intégrer les chenilles dans la filière karité.

C’est un simple complément qui peut apporter un plus value. Et comme c’est le même arbre qui produit ces spéculations, pourquoi ne pas les mettre ensemble.

La filière karité existe déjà ; elle est financée, il suffit de compléter avec les chenilles. Si les acteurs complètent la filière et nous demandent au niveau du CNRST, de produire des œufs, nous on peut le faire au labo pour les mettre dans la nature.o

Entretien réalisé par Drissa KONE à Bobo-Dioulasso

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