Actualités :: Mamadou Sawadogo, coordonnateur national du REGIPIV : « Des personnes en (...)
Mamadou Sawadogo

La lutte pour la prise en charge adéquate a toujours constitué le souci des personnes vivant avec le VIH (PVVIH). Dans l’entretien qu’il a accordé à Sidwaya, le coordonnateur national du Réseau pour une grande implication des personnes vivant avec le VIH (REGIPIV), Mamadou Sawadogo s’interroge sur l’efficacité du système de santé burkinabè quant à la prise en charge médicale des personnes infectées.

Sidwaya (S). : Des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) au Burkina Faso sont-elles prêtes aujourd’hui à témoigner publiquement ?

Mamadou Sawadogo (M.S.) : Depuis l’année 2001 avec la Conférence internationale sur le Sida et les maladies sexuellement transmissibles en Afrique (CISMA) avec pour thème principal « Les communautés s’engagent », il y a eu une forte mobilisation des personnes infectées par le VIH. Cela a permis à un certain nombre de leaders des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) de se montrer à la face du monde en faisant des témoignages à visage découvert.

Grâce à ces actions, aujourd’hui au Burkina Faso, sur les 45 provinces que compte le territoire national, nous avons des PVVIH qui témoignent à visage découvert, qui se montrent chaque jour pour se faire voir et se faire entendre. Le fait qu’elles soient visibles a permis à d’autres personnes infectées par le VIH de se regrouper autour de ce que nous appelons dans le jargon médical une file active. Donc aujourd’hui, elles sont très visibles. Ce n’est plus comme par le passé où on disait avoir les médicaments sans savoir où trouver les malades. Ils sont là en très grand nombre.

S. : Quelles sont les raisons des difficultés liées à l’accès de médicaments antirétroviraux ?

M.S : L’une des raisons est la disponibilité géographique. Les malades sont très loin tandis que les médicaments et autres infrastructures sont dans les grandes villes. Ce qui constitue une grosse difficulté en ce sens qu’il est pratiquement impossible pour un malade de parcourir une cinquantaine de kilomètres pour chercher ses médicaments. Par ailleurs, il y a l’aspect financier. Les traitements ne sont pas acquis gratuitement par tous les patients. Il y a des initiatives qui favorisent la gratuité pendant que d’autres font appel à une contribution financière. Ces dernières initiatives limitent sérieusement l’accès aux traitements à beaucoup de patients. Ce qui est sûr, beaucoup de malades sont prêts à assurer la subvention des premiers médicaments, mais à la longue, ils s’essoufflent et n’en peuvent plus. Il y a aussi la contrainte alimentaire.

Les gens sont tellement pauvres qu’ils ne mangent pas bien. Or les traitements antirétroviraux exigent qu’on mange souvent plus et bien. Mais le plus sérieux obstacle est le système de santé. Ce système de santé nous amène à nous poser la question de savoir s’il est apte à prendre en charge les malades ? En tant que personnes infectées par le VIH, nous estimons que le Burkina dispose de plateaux techniques très performants. Toutefois, on se rend compte que les ressources humaines ne sont pas motivées à la prise en charge des PVVIH. Cette situation est-elle liée au manque de formation ?

Est-ce que ceux qui sont formés sont suffisamment motivés ? Ont-ils tous ce dont ils ont besoin pour accomplir convenablement leur mission ? Autant de questions qui nous amènent à croire qu’il faut accompagner le personnel à arriver au bout de leurs efforts, de leur volonté, de leur engagement. Il convient à cet effet de faire une halte pour parler des réactifs entrant dans le cadre des examens biologiques qui constituent une grosse épine à enlever des pieds des PVVIH. Très fréquemment, les structures de conseil dépistage n’arrivent pas à effectuer leur travail tout simplement par manque de réactifs.
Pire, comment s’assurer de l’efficacité des traitements si on n’arrive pas à suivre les patients grâce aux examens biologiques ?

S. : Avez-vous des suggestions ?

M.S. : Notre souhait est qu’il y ait une décentralisation effective des prestations de services au profit des PVVIH.
Cette décentralisation ne doit pas être seulement sur du papier, mais que tout ce qui se passe dans les grandes villes du Burkina Faso puisse l’être également dans les confins les plus éloignés. Au demeurant, il faut permettre aux régions d’être autonomes au sens le plus large du terme. Il ne faut pas que toutes les commandes en médicaments et en consommables médicaux des autres régions soient centralisées dans la capitale Ouagadougou.

Plus on concentre tout sur Ouagadougou en ce qui concerne les commandes et la validation des protocoles, plus on alourdit le système. Nous pensons à notre humble avis, que nous ne devons plus être à cette étape. Il faut que chaque région soit autonome dans ses prises de décisions.

Propos recueillis par Charles OUEDRAOGO

Sidwaya

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