Actualités :: Santé maternelle et infantile : Quatre ans pour former une accoucheuse (...)

Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté au Burkina Faso, le ministère de la Santé est considéré comme un ministère de la ligne de front, et la gent féminine ainsi que la frange juvénile de la population un groupe cible.

Il n’y a pas le feu en la demeure, mais il y a urgence, car de nos jours il est inconcevable que de nombreuses femmes portent leur grossesse pendant neuf mois sans consultation prénatale. L’accouchement se passe dans de nombreux villages dans des endroits insalubres par manque de Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) et là où il y en a, le personnel est le plus souvent insuffisant.

Cependant, on met quatre ans pour former une accoucheuse auxiliaire dans certains cas. Considérons un exemple concret pour mieux comprendre la situation.

Madame Watabéogo Poug-néré est inscrite sur titre (terme qui désigne les stagiaires qui prennent en charge le coût de leur formation) dans une école de santé à la section des accoucheuses auxiliaires en octobre 2001. Après deux ans de formation, elle obtient son diplôme d’accoucheuse auxiliaire.

Elle rentre gaiement chez elle, arrose son succès à sa façon. Des mois passent, la joie de la réussite fait place à l’angoisse du sans-emploi. La rumeur du lancement d’un test d’intégration à la Fonction publique est aussi persistante que celle d’une intégration massive de tous ceux qui sont sortis des écoles de santé.

Puis des années. L’attente est longue, pénible et incertaine. Pendant ce temps, elle demande et obtient un stage dans un Centre Médical avec Antenne chirurgicale (CMA). Deux ans après, en 2005, elle est admise au concours direct des accoucheuses auxiliaires. Elle retourne à l’école en octobre de cette année pour le même enseignement, le même diplôme qu’elle a obtenu deux ans auparavant.

En juillet 2007, elle sort avec le diplôme d’accoucheuse auxiliaire signé de la même administration, si ce n’est de la même personne. Quatre ans d’école de formation pour une accoucheuse auxiliaire, ça use les blouses.

Même si pour des raisons budgétaires, madame ne pouvait pas être intégrée dès 2005, année de sa réussite au concours direct, tout le monde gagnerait à ce qu’elle soit utilisée autrement que de retourner à l’école. Etre affectée par exemple, comme stagiaire dans un poste avec le pécule d’élève- accoucheuse, profitera :

d’abord à l’Etat : il économise la formation de deux an d’une accoucheuse parce que madame est déjà formée à ses propres frais.

ensuite à l’accoucheuse elle-même : elle sera épargnée des angoisses de deux années d’école, de ce double travail. Elle capitalisera, dans son poste, davantage d’expériences, nécessaires pour réussir sa mission.

enfin, aux populations : l’apport de cette dame sur le terrain sera profitable à des milliers de femmes, d’enfants, donc de familles.

Et c’est ainsi pour toutes les sections : Accoucheuse, Agent Itinérant de Santé, Infirmier Breveté et aussi pour les infirmiers d’Etat... Des jeunes gens râlent dans les écoles de santé pour obtenir un diplôme qu’ils ont déjà.

L’intégration massive des diplômés des écoles de santé des années antérieures à 2000 avait suscité l’espoir et fait miroiter une offre d’emplois pour les jeunes, qui disposaient d’un peu de moyens pour prendre en charge leur formation. Obtenir une place dans ces écoles était un véritable parcours du combattant.

Des milliers de personnes ont été formées, mais point d’embauche. Or, Dieu seul sait les misères endurées par certaines familles pour payer les études soit d’un fils, d’une fille ou d’une épouse.

Maintenant que le ministre de tutelle est élevé au rang de ministre d’Etat (superministre) dans le nouveau gouvernement, on peut espérer qu’il aura plus de pouvoir et de moyens financiers afin de trouver une formule qui soulagera ces cas de figure.

On espère même que des signaux positifs seront émis à l’endroit de tous les diplômés, pour prendre en compte leur situation, car, ces personnes, quoi qu’on dise, ont rendu service à l’Etat en supportant les frais de leur formation.

« C’est du prêt à employer ». Certains ont déjà perdu l’espoir d’exercer le métier qu’ils ont choisi et ils sont allés voir ailleurs. Du courage à toutes et à tous !

Zoungrana Tasséré
Tél : 76 60 23 49 tasszoungrana@yahoo.fr

Observateur Paalga

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