Actualités :: Fraudes aux examens : C’est ça le Burkina...

« Que les autorités pardonnent ». « Nous reconnaissons que nous avons fauté, nous demandons pardon ». Oui, c’est ça le Burkina Faso. Comme le disait, un ancien ambassadeur accrédité chez nous, « il est difficile de parler de droit, lorsque tout le monde intervient pour demander pardon ».

A peine, une affaire dans laquelle « le marteau plane » pour reprendre une expression commune, a éclaté que voilà de partout, les voix de contrition, de regrets, avec des attitudes de commisération à faire fondre le plus dur des cœurs.

Ainsi donc, les pris en flagrant délit de fraudes au BEPC 2007 n’ont trouvé pour toute défense que cet appel des autorités à la clémence. Que vont devenir leurs rejetons, qu’ils qualifient « d’enfants » si la loi leur était appliquée avec toute la rigueur qui sied ? Et eux-mêmes, qui nourrissaient pour leurs enfants, des rêves de futurs grands cadres de l’Etat, que vont-ils devenir ?

L’impression qui se dégage de ces requêtes au pardon, c’est qu’on se rend à cette triste évidente, que les gens agissent aujourd’hui sans en mesurer toutes les conséquences. Avec une espèce de candeur naïve, on se met au travers du bon sens, de la logique simple, tout en se disant qu’après tout quel mal y aurait-il dans mon acte ? On franchit alors allégrement le rubicond.

C’est la preuve de l’urgence d’une action vigoureuse de salut public. Car, si même les parents ne voient plus la valeur et la vertu de la sanction, c’est qu’il y a péril en la demeure. Parce que les parents d’une certaine époque avaient mis la punition au centre de leur dispositif éducatif. Quitte ensuite à la réduire, mais elle devait passer. Mais ne dit-on pas « autres temps, autres mœurs » ?

Souleymane KONE


Par pitié, arrêtons ce délire

Quelques années déjà que la fraude aux examens est devenue une vieille habitude au pays des Hommes intègres (sic). Peut-on encore usité cette appellation face à un phénomène grandissant et qui, à force s’est mué en fait banal. Les fraudes ayant marqué l’examen du BEPC 2007 commandent un sursaut national. Ça tombe bien, avec les intentions affichées par le nouveau Premier ministre de sonner la fin définitive des dérives inadmissibles.

Même la soldatesque citadine de l’armée et de la police de la fin 2006 est un jeu d’enfants devant la réalité que circulaient à tous les coins de rue des épreuves du BEPC de la session en cours. Il faut se mincir pour se rendre à l’évidence qu’on ne rêve pas, que la facilité et la courte échelle sont érigées en vertus cardinales du succès et de l’ascension sociale.
Et pourtant, il est arrivé le temps où disserter n’a plus de sens encore moins de s’ériger en censeur et donneur de leçons.

Cette posture confère la désagréable sensation de se couvrir de ridicule, parce que certains dans le secret de leur tréfonds te prendraient pour l’idiot de service, au prétexte que c’est devenu la mode.
Mais quitte à passer pour un idéaliste écervelé, il y a là un combat qui vaille la peine et pour une fois, il doit être mené par tous sans exclusive, ni considération d’aucune sorte. Il s’agit d’une opération indispensable, de ce type de nettoyage pour extirper du corps social une tumeur cancéreuse maligne.
Aujourd’hui dénoncer le phénomène ne suffit plus et s’en indigner est pure perte. Il faut désormais des actes qui laissent pour l’éternité des empreintes indélébiles. Il ne saurait en conséquence résulter de ces fraudes qu’une seule issue que ces cas soient à jamais le dernier des derniers. Comme si dans l’histoire de notre pays, la tâche sombre n’a pas existé.

La famille atone

Difficulté de dire à quoi elle sert de nos jours, si ce n’est offrir aux enfants, gîte et couvert. Pour le reste, il est confirmé que c’est la débandade généralisée. Rien en tout cas de ce qu’elle est censée remplir comme mission, ne permet de penser qu’elle forme un vrai citoyen pour demain.
C’est à qui laisserait le mieux passer les caprices des rejetons, qui « poussent » sans repère, encore moins valeurs qui naguère faisaient la force de nos sociétés.
Alors pourquoi s’étonner que la quasi-totalité des jeunes, qui ont été « élevés » comme si tout leur tomberait du ciel dans la bouche, en viennent à se convaincre que l’effort et le travail sont pure perte de temps et d’énergie.
Aidés en cela donc par des parents, dont selon l’anecdote, un prêtre disait que « les enfants d’aujourd’hui sont les enfants des parents aujourd’hui ».
Tout est résumé dans ce constat accablant pour des adultes fuyant leurs responsabilités de parents, choisissant de vendre du vent à leurs rejetons, cette manie que chacun a, à vouloir en mettre plein la vue à ceux-ci.
Quelle tragédie pour des parents que d’agir à incruster dans le cerveau de leurs enfants qu’ils n’ont pas à faire d’efforts parce qu’il y a à boire et à manger.
La cellule familiale a plus qu’une grande responsabilité dans la dérive des responsables de demain, elle travaille consciemment à créer une société qui file vers le chaos inéluctable.
Car, si ce sont les plus mauvais qui seront devant, inutile de préciser que la société des bons à rien signifie la fin de la société. Son seul salut à la famille serait qu’elle comprenne enfin que son réveil devrait s’être réalisé hier. Le trop tard est donc déjà en marche.

L’Etat sclérosé

Disposer d’une lisibilité de la politique des pouvoirs publics contre ce fléau serait se livrer à un exercice d’équilibrisme casse-cou. On pourrait penser qu’ici la seule alternative c’est la tolérance zéro. Que les sanctions infligées à tous ceux présents dans la chaîne de la fraude aux examens et concours doivent être exponentiellement proportionnelles à la hauteur du forfait. Mais il semble que la fraude prospère, persiste et signe, parce que les fraudeurs se disent qu’après tout le jeu en vaut la chandelle. Or, à travers ce qui est vécu depuis la fin de la semaine dernière, le citoyen veut regarder « ces mafieux » dans les yeux et savoir qu’après avoir purgé leur peine, aucune force, même maléfique ne va encore les guider vers cette galère, a fortiori de s’y aventurer. Si la famille est la première responsable, parce qu’elle est avant le reste de la société, garante de l’éducation à donner, l’Etat a aussi à se rendre enfin à cette évidence primaire qu’elle ne peut transiger face à certains maux. Plusieurs raisons concourent à faire de la sanction du cursus scolaire une donnée capitale de la valeur morale de la société. Le diplôme doit être propre.

Il est de choses qui ne se marchandent pas, dont l’honneur, la confiance, la grandeur. Si une nation ne porte plus en elle ces qualités sans prix, elle court à sa perte. Remettre les choses en l’état dans certains domaines appelle le recours aux méthodes dictatoriales. Quand bien même le droit permet de sévir avec toute la rigueur de la loi, il est des instants où les pouvoirs publics n’ont pas à regarder à la manière. Face à la déliquescence ambiante, le choix est fort simple. On sombre dans une apologie de la courte échelle où avoir ce sursaut salvateur qui remet les compteurs à leur juste niveau et renvoie les tricheurs à leurs chères études. Non, sans, rire l’avenir de l’école burkinabè est en jeu c’est pourquoi les sanctions doivent être redoutables et redoutées. Le mal atteignant la cote de la gangrène, le remède ne saurait être que de cheval. Et donner ici un signal fort ne peut que conforter l’action future du nouveau gouvernement. Il aura fait son travail et surtout aura rendu service à toute la nation.

Souleymane KONE

L’Hebdo

L’Hebdo

Burkina Faso : Dr George Rouamba réalise une enquête (...)
Burkina : La CNAVC convie les Burkinabè à un meeting (...)
Burkina/Insécurité : Deux habitants de Djibo qui ont pris (...)
Burkina : Les entreprises privées, les sociétés d’Etat et (...)
Police nationale : Le gouvernement autorise le (...)
Délestages à Ouagadougou : « Que les factures d’électricité
Burkina / Coupures d’électricité : L’incapacité de la (...)
Compétition “Voix de paix” au Yatenga : Le collège (...)
Burkina : “Votre gouvernement affiche depuis un certain (...)
Burkina : L’interdiction de la marche du 1er mai ne (...)
Jubilé d’argent des Clercs de Saint Viateur au Burkina (...)
Journées des sciences de la santé : La 22e édition se (...)
Burkina/Education : Inauguration d’une crèche au profit (...)
4e Edition du Prix M. T. Kasalu : Salimata Kini, épouse (...)
Burkina : L’Académie nationale des sciences, des arts et (...)
Santé : « Au service de pneumologie, 25% de notre temps (...)
Burkina : Vers la validation d’un manuel de prise en (...)
Journée mondiale de la Croix-rouge et du Croissant-rouge (...)
Burkina/Santé : Des jeunes engagés pour la promotion de (...)
Reconquête du territoire national : Les fils et filles (...)
Ouagadougou : Quand les élèves en classe d’examen doivent (...)

Pages : 0 | 21 | 42 | 63 | 84 | 105 | 126 | 147 | 168 | ... | 36624


LeFaso.net
LeFaso.net © 2003-2023 LeFaso.net ne saurait être tenu responsable des contenus "articles" provenant des sites externes partenaires.
Droits de reproduction et de diffusion réservés