Actualités :: Réconciliation nationale : L’Église fait-elle marche arrière ?

Ce que femme veut, Dieu le veut. C’est une assertion qui vient d’être vérifiée avec « les femmes en noir », une association de femmes qui se bat depuis sa création, il y a dix mois, pour que justice soit rendue à Norbert Zongo, le journaliste mort dans d’atroces conditions le 13 décembre 1998.

Chaque premier dimanche du mois, ces femmes, tout de noir vêtues, se rendent au cimetière de Gounghin où repose Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune. Elles entendent par ce geste montrer leur détermination.

Le moins que l’on puisse constater, c’est que leur pèlerinage mensuel sur la tombe du défunt journaliste sonne comme un refus d’accepter le schéma officiel qui a fait du 30 mars de chaque année la Journée nationale de pardon (JNP). Du reste, elles expriment clairement que la démarche gouvernementale est boiteuse. Ces femmes sont plutôt adeptes d’un processus qui prône la trilogie « vérité, justice et pardon ».

L’opinion n’aurait pas porté une attention particulière sur les manifestations de cette association si le dimanche 3 juin n’avait pas été singulier au cimetière de Gounghin.
Ce jour, en effet, une autre association, et pas n’importe laquelle, celle dénommée « Justice et paix » et dont le président n’est autre que Monseigneur Thomas Kaboré, évêque de Kaya, a donné de la voix par un message de soutien aux femmes en noir.

À leur adresse, l’homme d’Église a indiqué que les membres de son association sont venu « apporter leur soutien et leurs encouragements pour la noblesse du combat que vous menez. Si à un moment de votre combat vous vous êtes senties isolées, abandonnées, voire trahies, sachez que beaucoup d’hommes et de femmes au Burkina Faso et dans le monde vous soutiennent et vous admirent, même s’ils n’ont pas souvent le courage ou l’opportunité de vous l’exprimer. Dans votre combat, l’Église catholique est à vos côtés ».

On croit lire une déclaration du Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques au temps fort de la crise sociopolitique consécutive justement à la mort de Norbert Zongo.

Une telle attitude de représentants de haut niveau de l’Église constitue-t-elle un virage à 180 degrés de l’institution catholique ? La question mérite d’être posée, car c’est un autre représentant de l’Église qui a été au-devant du processus qui a conduit à l’instauration de la Journée nationale de pardon. Pour comprendre la démarche des curés, deux hypothèses sont possibles.

La première part du fait que l’Église, après avoir constaté que l’État traîne des pieds dans la résolution des dossiers pendants, a décidé de s’en démarquer. La décision de non-lieu prononcée par la justice burkinabè peut être la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ce faisant, l’Église voudrait se mettre du côté de ceux qui, au départ, n’avaient pas fait confiance au pouvoir.

Si tel est le cas, le gouvernement et son nouveau ministre de la Justice a tout intérêt à se réveiller et à se secouer un peu les puces pour obtenir des résultats. Le soutien au grand jour à l’association « les femmes en noir » est l’expression d’un déficit de confiance entre le peuple et ses dirigeants. Pour qui connaît l’Église catholique avec sa prudence, une telle sortie est révélatrice d’un désaveu cinglant pour le pouvoir politique. Et en le faisant avec autant de médiatisation, elle veut montrer la voie à suivre aux fidèles.

La deuxième hypothèse est que la sortie de l’évêque du diocèse de Kaya soit la résultante d’une contradiction au sein de l’Église. Dans ce cas, le rapport de force serait aujourd’hui en faveur de ceux dont les positions ont été ignorées en 1999 par la hiérarchie catholique. Ils ont souffert le martyre de longues années et ont enfin le dessus. Anselme Titiana Sanon, qui au nom de l’Église avait présidé le Collège de sages et prit part à la JNP, serait alors désormais isolé.

Adam Igor

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