Actualités :: Pr Jean-Gabriel Ouango : "Le SYNTSHA n’a jamais demandé rendez-vous au (...)
Pr Jean-Gabriel Ouango

Des travailleurs du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo (CHU-YO), à l’appel du Syndicat national des travailleurs de la santé humaine et animale (SYNSHA), ont effectué une marche de "protestation et d’interpellation" sur le ministère de la Santé, le jeudi 9 mai 2007.

Dans cette interview, le secrétaire général dudit ministère, le Pr Jean-Gabriel Ouangro lève le voile sur les "dessous de cette marche". Il évoque aussi les efforts consentis par son ministère pour résoudre les problèmes et améliorer les conditions de vie et de travail du personnel du CHU-YO.

Sidwaya (S.) : Comment avez-vous accueilli la lettre de "protestation et d’interpellation" de SYNTSHA ?

Jean-Gabriel Ouango (J-G.O.) : C’est une activité qui a été autorisée par les autorités compétentes. Elle est donc légale et ça ne nous pose strictement aucun problème.

Ils ont marché effectivement avec l’encadrement de la police municipale, il n’y a pas eu de débordement et nous nous en félicitons. Pour ce qui concerne la marche, tant qu’elle est inscrite dans les droits du travailleur, le ministère de la Santé n’a rien à leur reprocher. Le Pr Gabriel Ouango explique que le ministère de la Santé recherche toujours les solutions aux problèmes posés afin d’éviter la confrontation qui ne sert à rien.

S : Quelles sont les revendications qu’ils vous ont soumises ?

J-G.O. : La marche du 09 mai 2007 n’avait pas pour raison de soumettre des revendications. Elle était l’expression d’une colère des travailleurs de l’hôpital Yalgado parce que selon eux, ils sont négligés, non écoutés par leurs supérieurs hiérarchiques et par l’autorité lorsqu’ils posent leurs problèmes. C’était une marche de protestation et lorsqu’ils sont arrivés nous avons reçu une lettre où ils protestent sur le fait que nous ne donnons pas suite à leur plate-forme revendicative.

S : Qu’allez-vous faire pour satisfaire leurs revendications ?

J-G.O. : Le ministère de la Santé s’investit beaucoup dans ses relations avec les partenaires sociaux. Tous les syndicats du ministère défendent les intérêts de leurs membres. Cela est juste.

Dans ce cadre, le SYNTSHA notamment a écrit au gouverneur de la région du Centre pour dire qu’ils ont discuté avec la direction générale de l’hôpital Yalgado mais ne sont pas satisfaits. Ils n’ont pas demandé de rendez-vous avec le gouverneur. Le ministre de la Santé et son secrétaire général ont été ampliataires mais n’étaient pas destinataires, c’était au mois de février. C’est à la suite de leur attente comme ils le disent qu’ils ont commencé à faire des sit-in et là encore ils ont écrit au gouverneur, mais pas à nous.

S : Est-ce une procédure normale ?

J-G.O. : Selon eux c’est normal, mais selon nous ce n’est pas dans un contexte normal de concertation permanente entre le personnel du ministère de la Santé, de l’hôpital Yalgado notamment et les autorités du ministère. Nous ne comprenons pas pourquoi ils agissent de la sorte. Nous leur avons posé la question, mais leurs explications ne nous ont pas convaincus. Ils disent que c’est parce que l’hôpital est dans la région et l’autorité c’est le gouverneur.

Nous leur avons dit non ! Lorsque le gouverneur est dans une région hors de la capitale, il représente l’autorité, le gouvernement. Mais à Ouagadougou, il y a les structures de l’Etat sur place. Ils devraient en priorité s’adresser au secrétaire général du ministère de la Santé qui est le supérieur hiérarchique direct de Mme la directrice de l’hôpital Yalgado au cas où ils ne sont pas contents de la manière dont celle-ci examine leurs problèmes.

Le contact a été pris avec le secrétaire général lorsque les travailleurs ont bloqué le 26 avril 2007 l’entrée de l’hôpital Yalgado. J’ai été informé par téléphone. Je trouve leur action du 26 avril illégale. On ne peut pas empêcher un malade de venir se soigner. De même on ne peut pas empêcher un médecin ou un infirmier d’entrer à l’hôpital s’il veut aller soigner ou un garçon de salle s’il veut aller nettoyer les infrastructures sanitaires.

On n’a pas le droit d’empêcher des parents qui veulent aller acheter de la bouillie juste à la porte pour leur malade, ni de renvoyer des ambulances qui transportent des malades qui ont besoin de soins d’urgence dans un hôpital de référence. Quand on est évacué à Yalgado en ambulance, parfois c’est une question de vie ou de mort. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à la police d ’aller voir comment nous pouvons faire pour que l’autorité permette l’accès à l’hôpital à ceux qui en ont véritablement besoin. D’où la présence de la police, pour rétablir l’ordre public. Moi-même secrétaire général, je suis allé à leur rencontre et j’ai demandé à voir les responsables du SYNTSHA.

Mais avant, je leur ai demandé de libérer l’entrée de l’hôpital. Ils ont accepté et nous avons convenu de nous revoir le lendemain. Voilà le premier contact réel que nous avons eu. Sinon ils n’ont jamais demandé de rendez-vous au ministre de la Santé, ni à son secrétaire général parce qu’ils ont des problèmes avec la directrice générale de l’hôpital Yalgado.

Je les défie de me montrer une correspondance depuis le mois de février jusqu’aujourd’hui à laquelle ni moi, ni le ministre n’avons pas répondu. Faire une marche parce que nous les humilions, nous les négligeons, nous les méprisons, je regrette. Le ministère de la Santé n’a jamais méprisé un quelconque partenaire social. Au contraire, nous respectons les partenaires sociaux. Nous les invitons à tous les CASEM, à l’élaboration de nos politiques, aux grandes réunions au sein du département.

S : Qu’est-ce que les travailleurs réclament concrètement dans leur plate-forme revendicative ?

J-G.O. : Ils revendiquent de meilleures conditions de travail. Nous reconnaissons qu’il y a des efforts à faire. Nous savons aussi que le Burkina Faso a besoin d’améliorer son Plateau technique ; chaque année nous investissons des milliards en terme de matériel à Yalgado. Cela ne suffit pas, certes c’est la raison pour laquelle nous avons voulu faire un CHU moderne. Yalgado est dépassé. Nous avons commencé par renforcer les Centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA) du secteur n°30 de Kossodo et de Pissy où nous avons des spécialistes pour essayer de désengorger l’hôpital Yalgado. Egalement nous avons renforcé l’hôpital pédiatrique Charles-De-Gaulle. Tous ces efforts sont visibles.

En outre, nous continuons à améliorer les conditions de travail. Cependant, les hôpitaux étaient des Etablissements publics à caractère administratif (EPA) soumis aux règles normales du marché. Pour avoir des tensiomètres, des thermomètres, Yalgado était obligé de passer par les appels d’offres du marché public avec tout ce que cela comporte comme retard d’acquisition. Nous nous sommes battus, le ministre de la Santé en premier et nous avons pu obtenir du gouvernement la transformation de ces EPA en établissements publics de santé. Toute chose qui permettrait d’assouplir les procédures.

S. : Qu’en est-il du problème des reversements ?

J-G.O. : Concernant ce point, il faut rappeler qu’en 1999 le gouvernement a décidé de reverser ce personnel dans la grille EPA. Malheureusement nous n’avons pas pu le faire à temps. Mais les textes ont donné un an de battement au cours duquel chaque membre du personnel de l’établissement devrait choisir de rester dans la fonction publique globale ou de se faire détacher à Yalgado. Cependant les agents ne se sont pas déterminés jusqu’à présent.

S. : Que répondez-vous aux problèmes d’arriérés et d’avancements également soulevés par le SYNTSHA ?

J-G.O. : Nous avons dit avant la marche et même avant la grève que nous allons payer les avancements en fin mai. Pour ce qui est des autres aspects nous avons prévu les résoudre au fur et à mesure cette année. Dans les autres hôpitaux, nous avons pu les résoudre. C’est à l’OST que nous avions des problèmes mais là aussi nous sommes en train de proposer un certain nombre de solutions. Nous recherchons toujours les différentes solutions pour éviter la confrontation . Donc je suis concerné comme tous les citoyens burkinabè aux problèmes que peut connaître le CHU-YO.

S. : Le SYNTSHA évoque aussi un problème de représentation au niveau du conseil d’administration de l’hôpital Yalgado. De quoi s’agit-il ?

J-G.O. : Depuis 2003 il y a eu des élections. Le SYNTSHA soutient que le représentant des travailleurs au Conseil d’administration doit être désigné par les syndicats. Nous avons dit non. Tous les travailleurs à Yalgado ne sont pas syndiqués et le représentant des travailleurs doit être élu sur la base d’une assemblée générale. Nous avons organisé l’assemblée générale en 2003, il y a même eu une campagne avec des candidats du SYNTSHA et des autres. Mais la veille des élections, le SYNTSHA a retiré son candidat.

Les syndicats ont toujours été contre le représentant élu qui n’était pas des leurs. Je ne dis pas que nous avons répondu à tout ni que nous pouvons satisfaire à tout. Nous faisons des efforts pour amoindrir les tensions et surtout faire en sorte qu’au niveau de l’hôpital Yalgado, qui est l’hôpital national de référence, il n’y ait pas de problème de grande envergure. Mais là encore, il faut que nous soyons deux à vouloir le dialogue. J’espère que désormais le dialogue est rétabli et que chaque fois que nos réponses ne leur conviennent pas, ils vont nous écrire ou demander un rendez-vous pour que nous continuions le dialogue. C’est tout notre souhait.

Interview réalisée par Bachirou NANA

Sidwaya

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