Actualités :: Protection de la femme et de l’enfant : Honte aux employeurs des filles (...)

La violence faite aux femmes, l’excision et le trafic des enfants demeurent encore une préoccupation au Burkina, une triste réalité rappelée lundi 2 avril à Diapaga, à l’occasion du lancement de la caravane de presse pour la protection de la femme et de l’enfant.

Diapaga, localité située à quelque 450 km à l’est de Ouagadougou, chef-lieu de la province de la Tapoa , s’est réveillé le lundi férié, dans une atmosphère alourdie par des menaces de pluie, une épaisse brume de poussière et une chaleur étouffante. Ce climat moins accommodant, peut être comparable à la situation de la protection et de la promotion des droits de la femme et de l’enfant.

« L’excision et le travail forcé perdurent...les violences sexuelles sur les enfants sont une réalité dans tout le Burkina », a soutenu Joan French, la représentante résidente de l’UNICEF au Burkina, fondant ses affirmations sur des statistiques. Selon elle, les violences sexuelles frappent durement les filles à hauteur de 82% des victimes et les filles domestiques constituent le groupe le plus vulnérable.

Le travail des filles domestiques, à ne pas confondre avec « les petites tâches confiées aux filles dans leurs familles », selon Mme French, enregistre les pires formes de travail des enfants en ce sens qu’il prive ceux-ci de leurs droits élémentaires tels que l’éducation, sans oublier que les employés de ce domaine sont mal payés et ne disposent d’aucune couverture sociale et sanitaire. Les filles sont victimes des abus sexuels, de violences physiques et verbales ou encore d’humiliations diverses de la part des membres des familles de l’employeur, si ce n’est du patron en personne.

Proies faciles, ces filles ignorantes dans leur majorité, ne recourent pas à la justice et les quelques dossiers qui arrivent sur la table des juges connaissent en nombre réduit, un aboutissement, déplore encore les responsables de l’UNICEF qui ont interpellé à l’occasion le ministère en charge la Justice. Au-delà des employeurs, c’est toute la société qui doit avoir honte, à commencer par les parents des enfants.

Quant à l’excision, ses chiffres incitent à l’optimisme. Le taux de prévalence à cette pratique a baissé jusqu’à 49% sur le plan national et connaît même une régression encore plus réjouissante pour la catégorie des filles de moins de 5 ans, soit moins de 5%. Dans la Tapoa , l’excision n’est plus pratiquée que clandestinement, après les actions de sensibilisations relayées par la radio rurale Buayaba, le lieu de lancement de cette caravane et grâce aux 72 noyaux relais de 5 membres chacun, qui sont actifs dans la sensibilisation de proximité.

Si la pratique de l’excision a reculé, elle persiste néanmoins. « L’excision est pratiquée à tout âge ; à la naissance, pendant la petite enfance, à l’adolescence, avant le mariage ou après le premier accouchement », rappelle l’UNICEF. « On ne peut pas dire que l’excision est finie, elle a sensiblement régressé », a reconnu pour sa part le directeur provincial de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Ahandi Namoano.

Les journalistes invités à l’assaut des entraves à l’épanouissement des enfants

Dans la Tapoa , province la plus excentrée à l’Est et zone frontalière avec le Bénin et le Niger, les pires formes de travail des enfants se rencontrent dans l’exploitation des champs de coton et des sites d’or. Les enfants continuent de venir des provinces voisines de la Komondjari , et la Gnagna , du Gourma et même du Niger pour travailler dans les champs de coton, a expliqué M. Namoano Ahandi.

Le site aurifère de Boungou, à 40 km de Diapaga, dans le département de Partiaga, attire aussi les enfants qui y travaillent dans des conditions pour le moins propices à leur épanouissement véritable. Enfin, le travail dans le secteur informel est de mieux en mieux contrôlé. Selon les acteurs de terrain, des ONG comme la GTZ, aident à placer les enfants dans des centres de formation et d’alphabétisation.

Toute chose qui n’empêche pas les jeunes de la province de rejoindre le Bénin voisin, où certains en reviennent déçus. Deux jeunes de la localité ont en 2005, échappé à la mort dans un pays voisin où leurs patrons indélicats les ont traités comme des bêtes de somme.

Le haut-commissaire de la Tapoa , Boureima Signé, a estimé pour sa part que le phénomène du trafic des enfants, en dépit du fait que sa province est une zone frontalière, « n’est pas très visible ni alarmant ». Il a ajouté néanmoins que la situation géographique les amène à être vigilants sur ce phénomène.

Initiée par l’UNICEF et le ministère de l’Information, la caravane connaît la participation de 40 journalistes et autres agents des médias, du public comme du privé et va concerner sept régions du pays. Elle a été lancée par le ministre Joseph Kahoun, sous le thème : « Lutte contre la pratique de l’excision et la promotion du code des personnes et de la famille ».

Le ministre a vivement interpellé les journalistes à prendre une part active dans la lutte pour la promotion et la protection des droits de la femme et de l’enfant.

« Armés de vos plumes et de vos micros, je vous invite à l’assaut contre les entraves qui freinent le développement de l’enfant dans notre pays », a-t-il dit.

« L’information étant au cœur des préoccupations sociales, elle ne peut être en reste concernant l’enfant », a-t-il encore indiqué pour justifier l’engagement de son ministère dans ce combat. Quant à la représentante de l’UNICEF, elle a invité la presse à suivre par exemple l’évolution de l’établissement des actes de naissance dans les différentes communes du pays, après l’adoption de nouvelles mesures pour faciliter les déclarations de naissance.
Au lancement de la caravane à la radio Buayaba, les choses avaient plutôt les couleurs et les allures de la Semaine nationale de la culture, avec la prestation successive de troupes traditionnelles, de l’orchestre local, la sortie de masques et une exposition de produits artisanaux. La caravane s’est poursuivie avec l’étape de Tenkodogo à partir du mardi 3 avril et sera close le 14 février à Gaoua. Les noyaux relais et les populations n’ont pas hésité à distribuer des cadeaux aux autorités : des pagnes à la représentante de l’Unicef, un bélier blanc au ministre Kahoun et un vélo au chef coutumier Antoaro de Diapaga.

Aimé Mouor KAMBIRE

Les brèves de la caravane
Le chef de Diapaga compare l’acte de mariage à un acte de propriété

Le chef Antoaro de Diapaga a reçu une visite de courtoisie de la caravane mardi matin dans sa case. Se disant très engagé dans la lutte pour un bien-être de la femme et de l’enfant, il a invité les partenaires à se mobiliser davantage. Pour attester sa bonne foi, il dit avoir légalisé son mariage avec ses quatre femmes. Un exemple qu’il entend donner à ses sujets qui viennent chaque fois se plaindre souvent que des rivaux leur ont enlevé leurs femmes. « C’est comme si vous avez un animal, si vous n’avez pas de papier qui atteste votre droit de propriété, vous ne pouvez pas vous plaindre que quelqu’un vous l’enlève ». Une comparaison qui a laissé les visiteurs en rires mal contenus et Dr Berte Ouédraogo de l’Unicef est restée sans mot dire.

L’insécurité routière amène journalistes et militaires à faire ami-ami

L’Est, région à partir de laquelle a été lancée la caravane de presse sur la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants, enregistre un fort taux de braquages sur les routes, une réalité qui a amené les organisateurs à encadrer la caravane par la gendarmerie. C’est donc côte-à-côte que les journalistes et les forces de sécurité travaillent à cette occasion. Ils prennent ensemble déjeuners et « pauses-café » et c’est plutôt en collaboration qu’ils travaillent dans cette caravane qui va parcourir 4 000 kilomètres.

Les dames ne réclament pas toujours l’égalité à tous vents

La question d’hébergement à Diapaga pose problème comme dans la plupart des petites villes. A l’arrivée de la caravane, les hommes se sont précipités pour occuper les premières chambres proposées. Les autres devraient tenter leurs chances dans les trois autres sites d’hébergement disponibles. Mais les dames se sont mises dans tous leurs états. Le porte-parole des journalistes étant une dame, elle a exigé de l’autorité que les hommes libèrent les chambres. « Nous n’allons pas courir pour des chambres », a affirmé l’une des dames. Mais cette exigence est restée lettre morte chez ces hommes qui tiennent à respecter le sacro-saint principe d’égalité entre les sexes. La vérité qui en dégage, c’est que la demande de l’égalité, c’est quand ça arrange et c’est quand elle peut transformer la discrimination en galanterie.

A.M. K

Sidwaya

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