Actualités :: Troubles sociaux : Diomède s’est-il invité chez nous ?

Dans la mythologique grecque, le roi Diomède avait l’habitude de nourrir ses chevaux avec de la chair humaine. Il en fut ainsi jusqu’au jour où Héraclès, connu sous le nom de Hercules, est venu tuer le roi Diomède et l’a donné à manger aux mêmes chevaux qui étaient nourris à la chair humaine. Ce mythe grec nous enseigne deux choses. La première c’est qu’on n’est jamais trop fort pour le rester éternellement.

La deuxième c’est qu’on finit toujours victime de ses propres pratiques. Diomède en nourrissant ses chevaux avec de la chair humaine, oubliait que lui-même n’était rien d’autre qu’un simple humain. Que sa chair avait le même goût que celle des victimes. Ces chevaux qui avaient l’habitude d’être nourris à la chair humaine n’ont pas de différence entre sa chair et celle des autres.

Les tragiques événements de vendredi 16 mars dernier, montrent combien nous avons atteint le fond. Mais en disant cela, il est peu probable que cela fasse des effets sur les Burkinabè devenus fatalistes, pour le plus grand nombre ou incrédules pour la petite minorité qui croit toujours qu’elle tient le bon bout.

Mais peut-il avoir de l’espoir dans une société où des êtres humains sont égorgés, mutilés et dépecés comme de pauvres charognes ? La réponse ne peut souffrir d’équivoque. N’est-il pas recommandé, même pour les animaux que Dieu a bien voulu nous donner pour notre nourriture, que leur mise à mort soit entourée d’infinies précautions et de prévenances ? N’est-ce pas pourquoi pour égorger un animal il est recommandé fortement d’éviter de le faire souffrir ?

Mais ne voilà t-il pas que des humains sont heurtés violemment avant d’être tués, égorgés, décapités et dépecés par d’autres humains. C’est ce à quoi se sont livrés froidement les sieurs Maïga, Zampaligré et ....en pleine journée et dans une zone bien habitée.

Les témoins ont d’abord cru qu’il s’agissait de représailles contre des voleurs, avant de s’aviser. Les bourreaux étaient trop déterminés pour laisser approcher qui que se soit. En tenant le petit public en laisse avec leur pistolet, ils ont pu ramasser le type qu’ils venaient de percuter, l’ont foutu dans le coffre de leur 4X4 et s’en sont allés terminer leur besogne.

Alors vient la question de savoir ce qui a bien pu les motiver ? En attendant l’investigation de la police, on peut avancer les hypothèses suivantes :
Au regard du sang froid avec lequel ce meurtre a été perpétré, il n’est pas impossible de croire que ces gens n’étaient pas à leur premier meurtre.
La dispersion des organes ne laisse t-il pas croire à une ritualisation du meurtre ?
Pourquoi a-t-on mis tant de temps avant de retrouver les têtes ? Et pourquoi les têtes ?

Des informations que nous avons pu recueillir, ce n’est pas finalement la police qui a découvert les têtes. Elle a été alertée par un des ayants droit des victimes. Dès lors on peut se poser des questions sur ses têtes. Pourquoi ce sont-elles retrouvées à cet endroit ? Y étaient-elles dès le départ où c’est en sentant monter la pression sociale que ceux qui les détenaient se sont résolus à les y déposer en catimini ?

Les investigations se poursuivent, mais la tradition nous a habitué à ces enquêtes de police qui se terminent en queue de poisson une fois la pression populaire retombée. Il en fut ainsi des affaires de Koupéla, où des policiers ont été massacrés par des bandits. L’affaire avait provoqué l’émoi en son temps, les autorités avaient enterrés les intéressés avec toute la solennité qui sied.

Quelques temps après le principal suspect a été arrêté, juste le temps pour qu’il meurt dans des conditions non encore élucidées. Ce fut de même pour l’affaire Soul Traoré, l’égorgeur de jeunes filles...En sera-t-il autrement pour cette fois ? On peut en douter. Le mutisme des procureurs dans cette affaire est sidérant. Il s’agit quand même de meurtre et dès lors le procureur devient le patron de l’enquête. Où est donc passé Sagnon ?

Pour les motivations, on en revient à l’histoire des chevaux de Diomède. S’il faut sacrifier son semblable pour acquérir la fortune ou conserver le pouvoir, autant dire que l’on se leurre lourdement. Si le sang des autres ou leurs organes vitaux permettent la fortune et le pouvoir. On devient soit même le gibier d’autrui. Parce que dans la vie, il y aura toujours des Héraclès qui vous transformeront en chair pour chevaux cannibales.

Dans notre cas, disons qui feront rouler votre tête pour plus cupides que vous. Il faut éviter de mettre le pied dans certaines surenchères...Et apparemment dans ce Burkina Faso, démocratiquement modèle, le meurtre (rituel ou pas) est devenu la banalité même. (lire C’est fréquent à Ouagadougou ! page 9)

Par Newton Ahmed BARRY

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