Actualités :: Affaire des Kundé : Au nom de la République

La chaîne des bars les "Kundé" vient de subir une razzia qui va les laisser sur le carreau pour longtemps. A la suite d’une sombre affaire de meurtres, certains de ces bars à succès semblent pour l’heure appartenir au passé. Un de ses propriétaires selon dame rumeur faisant partie des meurtriers, ils ont été la cible de fous furieux dont aucune explication ou justification ne peut pardonner le forfait.

Rien ne peut justifier ce qui est arrivé. Au nom de la République , il faut sévir avec toute la rigueur de la loi, parce qu’une enquête menée avec science, puisque les protagonistes sont connus et aux arrêts, permettra d’établir la vérité.

La recherche de celle-ci apparaît comme une opération de salut public, dans un Burkina où on tente de tout amalgamer au nom d’une prétendue lutte contre l’impunité. Les mêmes vieilles recettes d’opposition entre riches et pauvres ou de défiance du citoyen vis-à-vis de l’institution judiciaire ne peuvent ici prospérer, tant la furia et la rapidité de l’opération avait quelque chose du sciemment pensé, planifié et exécuté. Il est si facile et malheureusement cela est devenu la norme au Faso, de faire à longueur d’année, l’apologie du terrorisme assimilée à de la manifestation de réprobation.

Si l’Etat de droit rime avec le droit à manifester, vouloir expliquer par des acrobaties dignes d’instrumentalistes, les actes propres à entraîner le chaos revient à enterrer sûrement la liberté, dont chacun de nous revendique pour dire, entreprendre, manifester...

C’est aussi au nom de cette liberté, que certains choisissent de se croiser les bras à ne rien faire, attendant une occasion d’aller casser et piller les biens durement gagnés par d’autres, au prétexte que leurs biens seraient mal acquis. Belle philosophie s’il en est et d’autant plus que celle-ci se nourrit de la rumeur.

Anguille sous roche

Les crimes qui ont en lieu sont abominables et heurtent la conscience humaine. Aussi inadmissibles soient-ils, ils ont été déjà vécus chez nous, même si un tel rappel n’est pas réjouissant, loin s’en faut.

Saul Traoré, ce jeune homme qui avait capté l’actualité s’était lui aussi livré à de tels crimes, s’apparentant à un rituel occulte.

Autant qu’on se souvienne, nulle horde de bandits assoiffés de vengeance, de la famille des victimes, ne s’en sont pris à ses parents ou à des biens sensés leur appartenir. Et pourtant, la similitude trait pour trait est frappante.

Difficile partant de ce constat, puisque très vite Saul fut mis aux arrêts et c’est le cas de Maïga et de Sana, de comprendre pourquoi dans le premier cas, personne n’a levé le petit doigt et dans le second, des biens d’autrui ont été emportés par un tsunami modèle burkiabè. Il y a anguille sous roche et la justice a ici l’occasion de se réhabiliter, car on ne doute pas qu’à l’instar de Saul, le sort des sieurs Maïga et Sana est scellé. Mais reste celui des brigands qui ont voulu nous faire avaler des couleuvres, parce qu’ils seraient maîtres de leur liberté et de celle des autres.

C’est le moment de barrer définitivement la route à la violence urbaine gratuite, la suite de la république en dépend. Cruel est ce qui est arrivé aux propriétaires des Kundé, encore plus cruel serait de ne pas situer les responsabilités et réprimer durement les responsables.

Délire mortel

La rumeur empoisonne la vie dans nos cités, nos foyers, nos lieux de service et de détente. C’est devenu une gangrène chronique, un mal pernicieux, à la limite incurable en ce qu’elle rythme nos vies et est au final la vie au Faso.

Elle est reprise partout avec une facilité déconcertante et même les plus avisés, les intellectuels, leaders et faiseurs d’opinion s’amusent à la rendre crédible, en à faire ce qui est. Cela fait sans doute vendre, et mieux, rend certaines personnes importantes, car au courant de tous les secrets cachés et enfouis de la République.

Cette croyance aveugle à tout ce qui se dit et s’entend conduit à penser que pour le Burkinabè tout ce qui brille est or.

L’opinion publique est prise ainsi d’une frénésie du "n’es-tu pas au courant de la dernière nouvelle" ? Si fait qu’au lieu de regarder dans nos gamelles, on louche sur celui du voisin pour savoir s’il prospère ou régresse, afin de trouver dans le premier cas, une explication logique à "son développement" alors taxé de suspect.

L’attachement viscéral à scruter chez l’autre finit par secreter l’acharnement du genre qui a détruit les bars Kundé. On peut se demander de savoir quel plaisir y a-t-il à entretenir un tel manichéisme morbide ?

L’existence de valeurs faisant l’essence de la démocratie, celles de la justice, de la droiture, de l’équité et de la vérité ne peut conduire qu’à manifester une extrême réprobation à l’attaque barbare contre les Kundé.

Sinon c’est accepter les crimes qui en ont été à l’origine parce que les deux en république se valent, supprimer autrui et penser avoir le droit à se faire soi-même justice.

A force d’entretenir une atmosphère haineuse, une rivalité quasi malsaine entre les riches et ceux dont "le diable n’a plus de queue" laisse hélas craindre le pire à venir.

Parce que comme on le voit, cela a ouvert la chasse à la réussite et jusqu’à preuve du contraire personne ne peut arguer que celle des Kundé n’est pas honnête ou alors on verse dans le délit de “salle gueule de riche”.

Pour que la tension ne monte pas à la suite de cette situation irréelle, la justice n’a pas le droit de dormir sur ce dossier. Elle doit déployer toutes les batteries afin que tout le monde y voit clair. Car si derrière, il y a une main invisible, ce serait la fin si elle n’était pas rendue à la lumière.

Pour au moins apprendre à tous à se méfier comme de la peste de dame rumeur.

Souleymane KONE


Crimes crapuleux, meurtres rituels ? Allez-y savoir !

Pourquoi le mythe du sacrifice humain pour s’enrichir est-il si vivace en Afrique ? Difficile de cerner le sujet sans une étude sociologique affinée. Mais quel sociologue "perdrait" son temps et de l’argent pour un sujet dont on ne voit pas l’intérêt scientifique ?

Du reste la question a-t-elle pris une dimension sociale majeure pour mériter toute une étude ? Allez-y savoir. Peut-être bien que l’étude ou des études existent, mais sont ignorées de nous. Pour le peu qu’on n’en sait, la tradition d’enterrer des rois défunts avec des captifs vivants ou immolés a existé dans presque toutes les régions africaines de l’Egypte antique aux royaumes précoloniaux les plus récents.

Chez les peuples côtiers du Golf de Guinée, des Mandingues aux Akans en passant par les Ashantis et les Yoruba cette tradition était bien connue. Des pilleurs de tombes de ces riches souverains enterrés avec esclaves, épouses et or ont découvert des trésors fabuleux aux cotés des ossements humains. Il n’est pas à exclure que depuis lors, l’imagerie populaire et certaines croyances mythologiques pourraient laisser penser que posséder des crânes humains favorise comme par magie l’accumulation de richesses. Il est avéré que des marabouts, des féticheurs et autres adeptes de l’occultisme prescrivent à leurs clients des recettes de potions et/ou de sacrifices ou des organes humains entrent en ligne de compte. Où commence la vérité et où s’arrête la mystification ? Allez-y savoir ! Avez-vous déjà entendu parler d’un marché d’organes humains aussi discret que florissant dans un quartier de Lagos au Nigeria ? Où commence la rumeur ou s’arrête la vérité ?

Allez-y savoir ! Au demeurant, tout cela n’explique pas ces meurtres horribles signalés au Burkina ces derniers temps par la presse. Crimes passionnels, démentiels, crapuleux, meurtres rituels, bavures policières, allez-y savoir ! Aux forces de l’ordre d’ouvrir l’œil, le bon, pour conduire leurs enquêtes à des résultats concluants et surtout en tenir l’opinion publique informée.

Raogo Abdoul Sawadogo

L’Hebdo

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